Les banques françaises doivent adopter des stratégies climatiques
Un nouveau rapport publié par le Ceres, une coalition d’investisseurs institutionnels, rappelle le retard des grandes banques françaises sur leurs concurrentes étrangères en terme de stratégie face au changement climatique (1).
Les banques ont un rôle clé à jouer en réalisant les investissements nécessaires pour aider l’économie mondiale à accomplir sa transition vers des activités sobres en carbone. BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole, qui figurent dans le classement du Ceres des 40 plus grandes banques du monde, n’obtiennent ainsi pas la moyenne. Ces banques doivent impérativement intégrer au plus tôt le risque climatique dans leur activité de crédit, en fixant un prix au carbone dans leurs décisions de financement, et en déterminant des objectifs de réduction des émissions de CO2 induites de leurs portefeuilles (2).
Les banques sont au coeur de l’économie mondiale car elles fournissent le capital nécessaire à l’innovation, aux grandes infrastructures, aux grands projets et à la création d’emplois. Lubrifiant de l’économie, elles ont un rôle fondamental à jouer pour faire face au défi mondial du changement climatique.
Si le Ceres constate avec intérêt des progrès récents dans ce domaine, ces initiatives restent pour le moment largement insuffisantes face à l’ampleur du défi, particulièrement en ce qui concerne les banques françaises. Car la nature des mesures prises jusqu’à présent ne s’attaque toujours pas au coeur du problème. « De plus en plus de banques prennent progressivement conscience de leur responsabilité en matière de changements climatiques, mais les réponses apportées à ce jour ne sont que la pointe de l’iceberg face à l’immense défi du changement climatique », prévient Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre.
Les banques françaises ont par exemple commencé dans les dernières années à proposer de nouveaux produits financiers aux particuliers, comme les prêts bonifiés destinés à la rénovation des logements et à l’éco-habitat. De même, la réduction des impacts directs des banques est progressivement mise en oeuvre. En revanche, aucune banque française n’a pour le moment entrepris d’intégrer réellement le risque climatique au coeur de son activité de financement et d’investissement, un des enjeux majeurs du secteur bancaire.
« Les Amis de la Terre ont fait des propositions très concrètes dans leur dernier rapport sur les banques et le climat (3), comme la mise en place d’une politique transversale sur le climat, la transparence des financements dans le secteur énergétique, le financement des énergies renouvelables et enfin, le plus important : le reporting et la réduction des émissions induites de gaz à effet de serre. Le rapport du Ceres vient confirmer notre analyse en émettant les mêmes recommandations. Il confirme également l’urgence de la situation et la nécessité pour les banques d’y répondre au plus vite en diminuant leurs investissements dans les énergies fossiles, et en réévaluant leurs priorités d’investissements en prenant en compte les risques de la contrainte carbone », conclut Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre.
Contact presse :
Caroline Prak, Les Amis de la Terre, 01 48 51 32 22 / 06 86 41 53 43
Notes :
(1) Rapport « Corporate governance and Climate Change : The Banking Sector », Ceres, Janvier 2008
(2) BNP Paribas obtient 48/100, le Crédit Agricole 47/100 et la Société Générale 46/100 quand les deux meilleures banques, HSBC et ABN AMRO, obtiennent respectivement 70/100 et 66/100.
(3) Rapport « Banques françaises, banques fossiles ? », Les Amis de la Terre, Mars 2007