Les communautés du sud du Texas et leurs alliés internationaux condamnent le contrat conclu entre Rio Grande LNG et le géant français Total
Le géant français du pétrole et du gaz Total a annoncé hier qu'il avait conclu un contrat détaillant ses investissements dans Rio Grande LNG, un terminal d'exportation de gaz de schiste proposé dans la vallée du Rio Grande au Texas et détenu par la société américaine d’énergies fossiles NextDecade.
Cette nouvelle 1 intervient peu de temps après que la banque française Société Générale a annoncé sa décision d’abandonner son soutien à Rio Grande LNG, après des années de pression de la part des communautés du sud du Texas et de leurs alliés français.
Rio Grande LNG lie un partenariat avec Total alors que le projet n’a pas encore fait l’objet d’une décision finale d’investissement (FID). Pourtant, fin 2022, Rio Grande LNG a commencé à procéder à des coupes rases 2 sur le site du terminal. Malgré ces coupes, l’entreprise a annoncé au début de l’année un nouveau retard dans le financement 3 et a reporté la date prévue pour la décision finale d’investissement à l’été 2023. Rio Grande LNG a toujours été confronté à un soutien financier précaire en raison de ses impacts inévitablement dévastateurs sur le climat, la santé et l’environnement. Rio Grande LNG est également confronté à des problèmes juridiques 4, car des groupes de défense de l’environnement et des résidents locaux demandent à la Commission fédérale de régulation de l’énergie (FERC) de se prononcer à nouveau sur l’approbation du projet.
L’opposition locale à ces projets de GNL dans la vallée du Rio Grande est considérable. Les communautés directement concernées – la tribu Carrizo Comecrudo du sud du Texas, South Padre Island, Port Isabel, Laguna Vista, Long Island Village et les habitants de Laguna Heights – s’opposent à ces projets parce que le GNL menace leur économie de pêche et d’éco-tourisme, détruirait l’habitat de l’ocelot, une espèce menacée, et causeraient de graves pollutions pour les résidents, majoritairement latino-américains et avec de faibles revenus.
Rio Grande LNG est l’un des nombreux projets nuisibles et polluants proposés dans la vallée du Rio Grande au Texas. Rio Grande LNG construirait également un nouveau gazoduc, le Rio Bravo Pipeline, pour transporter le gaz fossile. Le projet prévoit également la construction d’une installation de captage et de stockage du carbone (CSC) dans le comté de Cameron, au Texas, une technologie d’éco-blanchiment qui s’est révélée inefficace et qui a créé davantage de problèmes environnementaux. Rio Grande LNG serait construit à côté de Texas LNG, un autre projet d’installation d’exportation de gaz de schiste, qui menace de détruire Garcia Pasture, un village sacré et un site funéraire appartenant à la tribu Carrizo Comecrudo du Texas, reconnu par le World Monuments Fund.
« Rio Grande LNG serait un projet dangereux et super-polluant, qui a dû chercher un soutien financier auprès de TotalEnergies, une autre entreprise dangereuse et super-polluante – parce que d’autres institutions reconnaissent que Rio Grande LNG n’est pas un investissement économique sûr et qu’il n’est pas non plus conforme aux engagements pris pour freiner le changement climatique », déclare Bekah Hinojosa, chargée de campagne pour la côte du Golfe du Mexique au Sierra Club. « L’opposition de notre communauté est forte et croissante : nous avons obtenu que plus d’une banque renonce à soutenir ce projet et qu’un terminal proposé, Annova LNG, soit entièrement annulé. Nous continuerons à travailler avec nos alliés internationaux, à défendre nos communautés contre l’exploitation des énergies fossiles et à veiller à ce que ces installations de GNL destructrices ne soient jamais construites.
« Soyons clairs : le développement des énergies fossiles sur des terres volées relève du colonialisme d’entreprise. La tribu Carrizo Comecrudo n’a jamais été consultée par des entreprises telles que Rio Grande LNG, Total, Enbridge ou Texas LNG, malgré la menace claire et énorme qu’elles font peser sur nos terres sacrées », déclare Juan Mancias, président de la tribu Carrizo Comecrudo du sud du Texas. « Nous nous sommes opposés et nous nous opposerons toujours à ces projets de gaz fossile. Nous méritons de vivre en paix sur les terres de nos ancêtres et de veiller à ce que nos générations futures puissent faire de même, avec de l’air pur, de l’eau propre et une autonomie souveraine. Nous refusons d’être complices de l’effacement des peuples autochtones au profit d’entreprises cupides qui se soucient plus de l’argent que de la vie humaine. »
« Derrière ce projet hautement controversé prévu à des milliers de kilomètres des côtes européennes, se joue toute l’hypocrisie de la France et de ses entreprises. Alors que le gouvernement français dénonçait en 2020 les impacts environnementaux de Rio Grande LNG, il continue à entretenir un silence complice face à Engie et désormais à Total qui soutiennent ce méga-projet de gaz de schiste. C’est aussi l’hypocrisie des banques françaises et notamment de BNP Paribas, qui s’est engagée il y a 6 ans à ne plus soutenir ces projets, mais qui persiste à financer massivement les entreprises qui les portent comme Total », déclare Lorette Philippot, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France.
« Rio Grande LNG divise les acteurs financiers, économiques et politiques français. BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale se sont engagés à ne pas le soutenir. Il est urgent que Natixis fasse de même et qu’ils se joignent tous aux investisseurs déterminés à exiger de TotalEnergies et d’Engie une véritable politique climatique. Il n’est pas non plus trop tard pour que le gouvernement français renouvelle son engagement à lutter contre la politique pro-énergie fossile de l’administration américaine », déclare Lucie Pinson, directrice générale de Reclaim Finance. « Aujourd’hui, Biden perpétue la politique entamée sous Trump. C’est donc avec la même virulence que celle dont il a fait preuve en 2017 qu’Emmanuel Macron doit réagir pour protéger l’Accord de Paris. »
« Les financiers de TotalEnergies, tels que Morgan Stanley, Mizuho, Citi, Bank of America et JP Morgan Chase, devraient faire attention : leur réputation est désormais liée à ce projet dangereux qui continue d’ancrer le racisme environnemental à l’encontre des communautés autochtones et des villes de la côte du Golfe. Le verrouillage inacceptable de nouvelles émissions de gaz à effet de serre liées aux énergies fossiles et le chaos climatique nuiront aux générations futures », déclare Ernesto Archila, responsable de la stratégie d’entreprise au Rainforest Action Network.
Contacts presse
Les Amis de la Terre France : Lorette Philippot, +33 6 40 18 82 84, lorette.philippot@gmail.com
https://totalenergies.com/media/news/press-releases/united-states-totalenergies-strengthens-its-position-lng-partnering-gip
https://www.sierraclub.org/press-releases/2022/11/rio-grande-lng-begins-clear-cutting-land-despite-legal-challenge-and
https://www.sierraclub.org/press-releases/2023/03/rio-grande-lng-announces-financial-delays-despite-already-clear-cutting-land
https://www.sierraclub.org/press-releases/2023/05/organizations-challenge-ferc-approving-several-lng-projects-rio-grande