Les premiers concernés organisent une action de désobéissance civile et dénoncent la précarité énergétique devant le Ministère de l’Economie et des Finances
Aujourd’hui, 35 citoyens concernés et des activistes d’Alternatiba Paris, les Amis de la Terre France et l’Union Étudiante prennent la parole devant le Ministère de l’Economie et des Finances pour dénoncer l’inaction du gouvernement dans la lutte contre la précarité énergétique.
Alors que 12 millions de Français souffrent de cette forme de mal-logement, le gouvernement a, cette année encore, eu recours à l’article 49.3 empêchant un investissement massif dans la rénovation des bâtiments. La coalition d’organisations présentes affirme le besoin de 5 milliards d’euros supplémentaires pour la rénovation énergétique.
A une semaine de la Journée Contre la Précarité Énergétique, la façade du Ministère de l’Economie et des Finances a été recouverte d’une gigantesque couverture de survie sur laquelle on peut lire “Précarité énergétique : injustice sociale et climatique”. Une dizaine de citoyens munis de couvertures de survie transformées en pancartes, ont témoigné de leurs conditions de vie pour dénoncer cette forme de mal-logement. A leurs côtés, Sasha Arfeuille, porte-parole d’Alternatiba Paris, Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union Étudiante et Gabriel Mazzolini, chargé de mobilisation aux Amis de la Terre France, ont rappelé les enjeux écologiques et sociaux de cette précarité.
En hiver, souffrir de précarité énergétique c’est avoir froid chez soi et être en difficulté pour payer ses factures d’énergie. Dans les logements mal isolés, les habitants n’ont d’autres choix que de subir. Sans solutions structurelles, ce sont les habitants qui doivent s’adapter. Chez Shane, “il fait froid mais avec deux pulls, ça passe encore. Je me suis acheté de grosses chaussettes en plus”. Le problème se rencontre aussi en été, lorsque les fortes chaleurs réchauffent les appartements qui deviennent de véritables “saunas” comme celui de Lenna qui vit sous les toits à Paris : “c’est le bâtiment et les velux qui accentuent le phénomène dans mon appart”. Ces conditions sont insoutenables pour les habitants qui se retrouvent parfois obligés de fuir leurs logements, devenus des passoires et bouilloires thermiques.
La précarité énergétique est une injustice sociale. Elle rend malade, tue et n’impacte pas tout le monde de la même manière. Les personnes les plus touchées sont les ménages les plus modestes et précaires, les habitants des quartiers populaires ou encore les jeunes. Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union Etudiante, nous rappelle que “Chez les 18-24 ans, dont 74% sont des étudiantes selon l’INSEE, 30% déclarent avoir froid en hiver dans leur logement !”. Certains, comme Katell venu témoigner aujourd’hui, n’ont pas d’autre choix que de passer leur journée à la bibliothèque pour échapper au froid. Une option qui n’est même pas toujours possible car “nos universités qui, comme le CROUS avec la politique austéritaire qui règne depuis plusieurs années, voient leurs bâtiments et salles de cours être dégradés” témoigne Eléonore. La rénovation des bâtiments est également un enjeu dans les lieux d’étude.
La précarité énergétique est également une injustice climatique. La mauvaise isolation des bâtiments pollue de manière considérable : “Les logements et les bureaux représentent l’un des plus gros secteurs d’émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude de Greenpeace France, la rénovation des bâtiments à elle seule, permettrait à la France d’atteindre ses objectifs de baisse d’émissions de gaz à effet de serre” annonce Sasha Arfeuille, porte-parole d’Alternatiba Paris. “Pour que notre gouvernement tienne ses engagements sur les enjeux climatiques, il ne peut faire l’impasse sur la rénovation des bâtiments”.
Des objectifs ont été posés dans la Stratégie Nationale Bas Carbone pour lutter contre la précarité énergétique mais les mesures mises en place ne sont pas à la hauteur du problème. Alors que la stratégie fixe un objectif de 370 000 rénovations performantes par an, moins de 2 000 rénovations ont atteint un niveau de performance conforme aux objectifs en 2022. Pourtant, comme nous le rappelle Gabriel Mazzolini, chargé de mobilisation aux Amis de la Terre France, il est possible d’agir : “Contrairement aux phénomènes extrêmes, nous avons une réelle capacité d’empêcher que ça empire. Voire même nous pouvons améliorer les choses. On connaît les sommes dont nous avons besoin, et les métiers que nous devons développer. Ne pas le faire est donc d’autant plus irresponsable”.
Afin que chacun puisse vivre dignement tout en luttant contre le dérèglement climatique, il est nécessaire de mettre en place une politique ambitieuse et juste de rénovation énergétique des logements. Cette politique doit notamment être associée à une augmentation annuelle de 5 milliards d’euros du budget alloué à la rénovation. Les mesures contre la précarité énergétique doivent également être accompagnées d’une politique de sortie de dépendance aux énergies non renouvelables.
Dossier photos (disponibles dans l’après-midi)