Loi pour la transition énergétique : une occasion manquée
Paris, le 1er octobre 2014 - Alors que s'ouvre à l'Assemblée nationale, l'examen du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, les Amis de la Terre dénoncent une occasion manquée et le manque d'ambition du Gouvernement.
Plusieurs fois ajourné, et après un examen à marche forcée en commission spéciale, le texte de loi dont l’objectif est de fixer les grandes orientations de la politique énergétique française sera débattu en procédure accélérée à l’Assemblée nationale ce qui, comme le regrette Florent Compain, Président des Amis de la Terre, révèle la faiblesse de l’engagement du gouvernement : « Face à la crise climatique, et à la nécessité de sortir au plus vite du nucléaire, le défi de la transition énergétique est immense et implique de repenser en profondeur l’organisation de notre société. Or, cette loi, par son absence d’ambition, constitue davantage un exercice de communication qu’un réel changement de cap ».
Pour les Amis de la Terre, l’enjeu central est ainsi la réduction globale de notre consommation d’énergie, une condition indispensable et structurante pour engager cette transition dans la bonne voie. Or, comme le constate Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre, le texte reste flou : « Le projet prévoit un objectif de réduction de la consommation d’énergie de 50 % d’ici à 2050 qui a survécu aux pressions des lobbies. Cet objectif est louable car il pose pour la première fois, en principe, la nécessité de réduire notre consommation. Seulement il n’est pas suffisant et surtout il n’est pas accompagné d’un objectif intermédiaire à 2030. Il y a donc toute les chances qu’il reste lettre morte ».
De plus, cet objectif est isolé et ne structure pas le texte de loi avec des mesures cadres et cohérentes comme l’explique Florent Compain : « Le soutien massif à la voiture électrique – sans aucun objectif de réduction de la consommation d’énergie dans le domaine des transports – hypothèque toute sortie rapide du nucléaire alors que l’essentiel du parc nucléaire français a dépassé l’âge d’exploitation de 30 ans » qui ajoute : « Sans articulation forte avec une politique de réduction de la consommation d’énergie et une approche territoriale renforcée, la nouvelle ruée sur la biomasse risque de se traduire par un appauvrissement des écosystèmes et des concurrences d’usage exacerbées. C’est le cas à Gardanne, avec une méga-centrale à bois – soutenue par le Gouvernement – qui constitue l’exemple même de ce qu’il faut éviter pour structurer de façon soutenable l’émergence d’une filière locale bois énergie».
Enfin, et alors que la France accueillera la conférence sur le Climat de Paris en 2015, le volet international de cette loi fait figure de grand absent, malgré les demandes réitérées de notre association, comme l’explique Malika Peyraut, chargée de campagne énergies fossiles pour les Amis de la Terre : « Alors que les négociations sur le climat sont en cours, la France doit être exemplaire et, à minima, mettre en cohérence ses engagements. Il n’est pas possible de prétendre vouloir agir sur le climat d’une part et continuer à financer la construction de centrales à charbon ou l’exportation de réacteurs nucléaire à l’étranger de l’autre. »
Pour les Amis de la Terre, la façon dont ce projet de loi a été construit et discuté, montre une fois de plus le décalage entre les enjeux climatiques et les pratiques démocratiques. Partout, en France et dans le monde, des alternatives se mettent en place – comme le montre, par exemple, le mouvement des Alternatiba ou l’organisation de la journée de la transition citoyenne le 27 septembre 2014 − pour montrer qu’il est possible de vivre bien en consommant moins d’énergie : c’est en soutenant, et en s’inspirant, de ces initiatives que nous construirons notre avenir, et non en essayant de jongler avec les intérêts des acteurs et des entreprises les plus influentes.
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