Méga-port de Port-la-Nouvelle : recette d’un carnage pour les agriculteurs et le climat
Les Amis de la Terre France et la Confédération Paysanne Occitanie déposent aujourd’hui, aux côtés du collectif citoyen RAMES BTP, un recours contre le méga-projet de Port-la-Nouvelle (PLN) et sa privatisation.
Celle-ci prévoit un développement massif du trafic d’engrais azotés de synthèse (de 10kt/an à 700kt par an en 2035) et de céréales en dépit des engagements pour le climat et la souveraineté alimentaire du gouvernement et de la région. Les seuls bénéficiaires de ce projet d’un autre temps seront le consortium privé SEMOP Nou Vela et les multinationales de l’agro-industrie (Yara, Cargill, Cofco), au détriment de l’intérêt général.
Le projet prévoit d’accroître le trafic des engrais azotés de synthèse en dépit des engagements français pour le climat. Tandis que la bataille sur les engrais azotés de synthèse fait rage sur la Loi Climat, et tandis que la France s’est engagée en 2015 à réduire sa consommation d’engrais azotés de 30kg/an/ha sans succès, le projet de méga-port de PLN prévoit d’ouvrir de nouveaux marchés à Yara, premier producteur mondial de ces engrais et de multiplier les transits de 10kt/an actuellement à 700kt/an. Ces engrais sont pourtant une bombe climatique. Il faut l’équivalent en gaz d’1kg de pétrole pour fabriquer 1kg d’azote, et, une fois épandus, ils produisent massivement du protoxyde d’azote, un gaz 300 fois plus réchauffant que le CO2.
Ils représentent aussi une “bombe” au sens propre du terme : le projet prévoit la construction d’un hangar d’un hectare pour “développer l’activité engrais”, hangar qui sera très probablement utilisé pour stocker du nitrate d’ammonium, substance qui a provoqué l’explosion d’AZF il y a 20 ans, ou du port de Beyrouth il y a à peine un an.
Le transit massif de céréales va mettre encore davantage les agriculteurs.rices en concurrence. Le projet prévoit de “monter un hub d’import de céréales, en provenance du continent américain (Canada-USA), pour un projet de 200 à 400Kt/an d’import d’orge ou de blé tendre” vers l’Espagne. Tandis que les agriculteurs français sont de moins en moins compétitifs et perdent des marchés face au blé canadien et américain, ce projet propose de créer un pôle de concurrence qui les mettra encore plus en difficulté.
Ce projet concurrence doublement les agriculteurs français puisqu’une partie du trafic prévoit l’import de céréales pour la France. Ces céréales sont plus compétitives que leurs équivalent français notamment car elles sont obtenues par des pratiques interdites chez nous car trop nocives (par exemple, la dessiccation 1). Les agriculteurs seraient donc livrés à une concurrence déloyale les poussant à être toujours plus compétitifs à armes inégales, au risque qu’ils abandonnent leur métier.
Les quelques éoliennes en mer ne suffiront pas à cacher les véritables impacts climatiques et humains de ce méga-projet. Il est inadmissible que tant d’argent public (350 millions) servent ainsi des intérêts privés au détriment du climat et de la souveraineté alimentaire .
Pour ces raisons, les Amis de la Terre France et la Confédération Paysanne demandent l’arrêt immédiat de la délégation de service public vers la SEMOP Nou Vela ainsi que l’arrêt des travaux sur le port afin de définir un autre projet, compatible avec les engagements régionaux et nationaux pour le climat et pour l’avenir des agriculteurs. Ce recours laisse un an au juge pour déclarer la délégation de service publique illégale.
La dessiccation consiste à appliquer un herbicide (glyphosate) juste avant la récolte pour forcer la plante à concentrer son énergie pour produire les graines alors que le reste de la plante se meurt.