Menace sur la souveraineté alimentaire : le nouvel alibi climatique des multinationales de l’agrobusiness
A l'occasion de la journée mondiale de l'alimentation déclarée par les Nations Unies, et dans le cadre de la semaine d'actions pour une justice climatique et sociale, les Amis de la Terre France appellent, aux cotés de la Via Campesina et d'une large coalition, à se mobiliser le 16 octobre contre les multinationales de l'agrobusiness et des biotechnologie. Des actions seront organisées dans plusieurs localités de France par les membres de la coalition. Les Amis de la Terre souhaitent plus particulièrement dénoncer l'utilisation par les multinationales de l'agrobusiness d'un vrai problème, les changements la crise climatiques, pour imposer leurs fausses solutions, les agrocarburants et les OGM, et ce au détriment de la souveraineté alimentaire des pays du Sud.
Face aux enjeux mondiaux que sont l’alimentation de la population et l’adaptation aux changements climatiques, les entreprises de biotechnologie continuent de tromper leur monde. Ces firmes, non contentes d’avoir promis la disparition de la faim pendant des décennies pour imposer leur technologie transgénique et leurs pesticides, se posent désormais en sauveurs pour résoudre la crise climatique dans le seul but d’obtenir des « crédits carbone » à revendre. Lors des dernières négociations sur le climat, l’entreprise Monsanto est devenue l’ambassadrice de l’agriculture de conservation et de la technique de « semis direct ». Grâce à l’utilisation massive du Roundup et de soja Roundup Ready, génétiquement modifié pour être résistant à cet herbicide, plus besoin de labourer pour désherber avant de semer. Non labourés, les sols stockeraient plus de carbone ce qui permettraient d’obtenir de précieux crédits carbone. Les Amis de la Terre viennent de dénoncer ces manipulations grossières dans un rapport publié en septembre 2010, « A qui profitent les OGM ? La grande escroquerie climatique [[A qui profitent les OGM? La grande escroquerie climatique Les Amis de la Terre International, sept. 2010]]. »
Par ailleurs, les Amis de la Terre s’inquiètent de la montée en puissance des agrocarburants et de l’accaparement des terres fertiles qu’ils entrainent dans les pays du Sud. L’Afrique connait actuellement une véritable « ruée vers l’or vert ». Cet engouement, aussi soudain que massif, pour les terres africaine est largement dû à la directive européenne sur les énergies renouvelables (directive 2009/28/CE du 23 avril 2009) qui fixe un taux minimum d’incorporation de « 10 % de biocarburants dans la consommation totale d’essence et de gazole destinés au transport [..] d’ici à 2020 » assurant à terme un marché juteux aux producteurs d’agrocarburants. Cette accaparement des terres pour cultiver des plantes destinées à la production énergétique se fait au détriment de l’agriculture vivrière et des communautés qui en vivent. Dans des pays comme l’Ethiopie ou le Kenya, où une grande partie de la population n’arrive pas à s’alimenter correctement, l’extension des cultures d’agrocarburants est inacceptable . Par ailleurs, ce phénomène pourrait s’amplifier dans les années à venir en raison de l’intérêt croissant de la sphère financière pour les denrées agricoles, la biomasse et les marchés du carbone. Les Amis de la Terre viennent de produire deux rapports d’informations analysant ces phénomènes : « Le piège du Jatropha » [[Le piège du Jatropha, les Amis de la Terre International, sept. 2010]] et « Afrique : Terre(s) de toutes les convoitises [[Afrique : Terre(s) de toutes les convoitises, les Amis de la Terre International, sept. 2010]] » ( septembre 2010 ).
Pour Christian Berdot, référent des campagnes OGM et agrocarburants aux Amis de la Terre : « Les changements climatiques, c’est la double peine pour les paysans du Sud ! Non seulement les récoltes sont de plus en plus aléatoires à cause des conditions météorologiques, mais en plus, les multinationales de l’agrobusiness profitent de cet alibi pour imposer leurs OGM, leurs agrocarburants, et leurs puits de carbone. Toutes les conditions sont réunies pour qu’éclatent de nouvelles émeutes de la faim et des famines. Par ailleurs, ce phénomène ne fera qu’empirer dans les années à venir en raison de l’intérêt croissant de la sphère financière et des spéculateurs pour les denrées agricoles, la biomasse et les marchés du carbone. »
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