Mis devant ses contradictions, EDF nie
Montreuil, le 19 mai – Ce matin, lors de l'Assemblée générale d'EDF, les Amis de la Terre ont interpellé le PDG Jean-Bernard Lévy sur les émissions considérables provoquées par ses 16 centrales à charbon. Ces investissements massifs contredisent la soi-disant « énergie décarbonée » produite par l'entreprise, et soulignent l'incohérence de l’État, actionnaire à 84 % d'EDF, sur les enjeux climatiques.
Alors qu’EDF se défend d’un mix énergétique « décarboné » [1], les 16 centrales à charbon dont dispose l’entreprise dans le monde émettent annuellement 69 millions de tonnes de C02, principal gaz à effet de serre, soit plus qu’un pays européen comme l’Autriche ou qu’un grand pays comme la Colombie [2]. Le rapport « Emissions d’État : comment les centrales d’EDF et Engie réchauffent la planète » d’Oxfam France et des Amis de la Terre publié aujourd’hui [3] révèle les conséquences dramatiques de ces investissements sur le plan sanitaire, environnemental et climatique.
Interrogé par les Amis de la Terre lors de l’Assemblée générale des actionnaires sur ces chiffres accablants et les nouveaux projets de centrale que prévoit de construire EDF, comme Kolubara B en Serbie, Jean-Bernard Lévy a déclaré que l’énergie produite par EDF était principalement décarbonée et que l’entreprise réduisait les capacités installées en France et à l’étranger.
Pour les deux associations, une telle réponse est insatisfaisante. D’une part, même si EDF a fermé la majorité de ses centrales à charbon en France, l’entreprise en a ouvert 3 (sur les 16 existantes) depuis les années 2000 et ne compte pas s’arrêter là. « En plus des 16 centrales à charbon existantes, EDF continue de chercher à investir dans de nouveaux projets climaticides, notamment en Chine. Ces choix d’investissements sont en contradiction flagrante avec l’impératif de laisser plus de 80% des énergies fossiles dans le sol mais également avec les engagements pris par la France en termes de réduction des émissions de CO2. EDF doit mettre fin à ses activités charbonnières, et la France, si elle veut être crédible en tant que future présidente de la COP21, doit donner la priorité à la sobriété, l’efficacité énergétiques, et aux énergies renouvelables », déclare Armelle Le Comte d’Oxfam France.
Les associations accueillent cependant favorablement l’annonce du retrait de la centrale de Kolubara B en Serbie, après des années de mobilisation populaire, et en attendent la confirmation officielle. Malika Peyraut, des Amis de la Terre, commente : « Si ce retrait est confirmé, cela marquera une victoire supplémentaire des citoyens pour la fin des projets néfastes à l’environnement et aux populations. Toutefois, ce progrès ne sera pas suffisant : EDF doit mettre fin à tous ses projets charbon et fermer ses centrales existantes d’ici 2020, sans recourir à l’énergie fissile ou autres fausses solutions. »
Les citoyens, eux, ne manquent pas d’être mobilisés dans la lutte contre les changements climatiques et le pouvoir des multinationales. La veille de l’Assemblée générale, les Amis de la Terre, les Jeunes Amis de la Terre et les Lumen [3] avaient organisé une action sur le siège de l’entreprise. Une projection sur le bâtiment à la Défense appelait à la fin du charbon, tandis que des panneaux lumineux soulignaient, par le message « EDF : pollutions d’Etat », le rôle de la France dans les choix énergétiques de l’entreprise. Oxfam France lance également aujourd’hui, sur son site et sur les réseaux sociaux, une action d’interpellation publique à l’attention des PDG d’EDF et Engie [4], pour leur demander de se retirer des projets charbon que les deux entreprises à capital public mènent hors de France et de ne pas investir dans de nouveaux.
Ci-joint : une photo de l’action des Amis de la Terre, des Jeunes Amis de la Terre et des Lumen, libre de droit