Cela fait suite à une plainte pénale déposée en octobre 2023 contre Total par des survivant·es et des familles de victimes de l’attaque dévastatrice menée par des insurgés contre Palma, ville voisine du projet gazier Mozambique LNG de la multinationale française, en mars 2021. Cette attaque avait fait plus de 1 400 victimes, dont près de 1 200 personnes tuées ou portées disparues et présumées mortes, selon une enquête approfondie du journaliste Alex Perry 1.

Pour Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre France : “C’est inédit pour de tels faits : la justice française poursuit l’une des plus grandes et influentes entreprises du pays. Cela montre à quel point le projet est toxique. Alors que Total persiste – malgré ces impacts et ces poursuites – à tout mettre en œuvre pour relancer Mozambique LNG, le signal envoyé à Société Générale et Crédit Agricole est sans appel : elles doivent refuser de financer ce projet et de se rendre complices des agissements de Total au Mozambique. Nous présentons depuis des années à ces banques les mêmes éléments accablants qui ont convaincu le parquet d’ouvrir cette information judiciaire, et il est grand temps qu’elles arrêtent de les ignorer.”

Bien que consciente de la dégradation de la situation sécuritaire et d’une probable attaque d’insurgés imminente, l’entreprise française est critiquée pour n’avoir même pas adopté de plan d’évacuation. Pire encore, selon cette plainte, Total aurait refusé de prêter assistance à la société de sécurité DAG qui lui avait demandé du carburant pour ses missions de sauvetage durant l’attaque de Palma. Avant l’attaque, Total avait pressé le gouvernement mozambicain de renforcer la sécurité de la zone gazière. Le jour de l’attaque, plus de 800 soldats protégeaient le site gazier de Total, contre un poignée seulement qui protégeait la ville et les civil·es.

“Depuis son arrivée au Mozambique, Total s’est avéré profondément indigne de confiance, faillissant jusqu’à son devoir de venir en aide aux communautés locales et travailleurs en danger de mort lors du massacre de Palma. Malheureusement, nous savons que les négligences de Total ne s’arrêtent pas à l’attaque de Palma et à ces quelques jours sanglants de mars 2021. De nombreuses enquêtes font état d’allégations de graves violations des droits humains qui auraient été perpétrées dans les semaines et mois suivants par les forces de sécurité mozambicaines déployées pour la protection du site gazier, avec le soutien de Total, et alors que Total savait que des exactions étaient commises à l’encontre des civil·es 2. Cette information judiciaire doit marquer une nouvelle étape pour tenir Total responsable de toutes ces violences et destructions”, conclut Lorette Philippot.