Notre-Dame-des-Landes : Vinci peut toujours peindre son aéroport en vert, nous n’en voulons pas !
L'aéroport de Notre Dame des Landes est sans doute l'un des projets les plus symboliques des renoncements du Grenelle de l'environnement et l'un des plus contestés. Pour convaincre les citoyens de l'intérêt de ce nouvel aéroport, Vinci,a imaginé tout une série de mesures présentées dans un document que nous nous sommes procuré.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, au nord de Nantes, est sans doute l’un des projets les plus symboliques des renoncements du Grenelle de l’environnement et l’un des plus contestés. Pour convaincre les citoyens de l’intérêt de ce nouvel aéroport, Vinci, l’entreprise qui a obtenu la concession d’exploitation, a imaginé tout une série de mesures présentées dans un document que nous nous sommes procuré. Les Amis de la Terre et le Mouvement des objecteurs de croissance dévoilent quelques uns de ces coups de pinceaux verts et appellent à rejoindre le collectif de lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes .
A la mémoire du bocage
La construction de l’aéroport et de ses infrastructures entrainerait le bétonnage de près de 2 000 hectares de terres agricoles fertiles et la destruction d’un bocage d’une qualité écologique exceptionnelle. Dans un département où l’accès à la terre est difficile pour de jeunes agriculteurs et où la demande en produits biologiques explose, les promoteurs de ce projet cherchent à justifier l’injustifiable. Vinci propose ainsi dans son cahier des charges de créer un « observatoire agricole » qui aura pour mission l’élaboration « d’un document témoin sur l’histoire du site ». Et pourquoi pas laisser une souche d’arbre dans le hall des passagers avec une plaque « A la mémoire du bocage » ? L’entreprise ne s’arrête pas là et garantit aux agriculteurs du coin qu’ils pourront vendre leurs produits dans « les restaurants et les boutiques de l’aérogare ». En prime, les voyageurs auront même droit à une « ferme de démonstration en face des parkings » et à un « parcours pédagogique imaginé par le concessionnaire ». Comble du cynisme et de la récupération, Vinci propose de créer une AMAP, Association pour le maintien de l’agriculture paysanne : «Le concessionnaire souhaite encourager l’agriculture durable en initiant la vente de paniers bio aux salariés de la plateforme. L’aéroport peut être un lieu de collecte pour tous les salariés ». Enfin, Vinci conclut sa récitation des fondamentaux du développement durable en n’oubliant pas le volet social assumé par la « création de jardins collectifs […] où travailleront des personnes en réinsertion ».
Thierry Brulavoine du Mouvement des objecteurs de croissance explique : « Avec un pétrole dont le prix ne cessera de grimper, les politiques doivent cesser de faire l’autruche. Une croissance infinie, fut-elle verte, dans un monde aux ressources limitées est une redoutable folie. Il est urgent de ralentir et de mettre en oeuvre des alternatives ».
Le piège de la compensation
La création de mesures compensatoires comme la plantation d’arbres, la restauration de mares ou l’appui à la conversion des agriculteurs vers l’agriculture biologique ne sont pas des alternatives. Elles ne font que parachever l’exercice de verdissement de ce projet d’aéroport comme l’explique Sylvain Angerand des Amis de la Terre : « La généralisation des mécanismes de compensation, pour le carbone ou la biodiversité, est un alibi pour ne pas questionner l’utilité sociale et écologique des grands projets d’infrastructures. Les politiques continuent de construire des autoroutes et des aéroports mais désormais ils sont écologiques grâce à la compensation : une scandaleuse déformation de la loi sur la Nature de 1976 ».
Appel à la résistance et à la mobilisation
Pour dénoncer les manœuvres de Vinci et bloquer ce projet, un collectif de citoyen(ne)s s’est mis en place et appelle à la mobilisation. Un rassemblement est prévu devant la mairie de Notre Dame des Landes le samedi 19 février à partir de 10h00 pour le lancement de la caravane de la résistance et d’un jeûne à durée indéterminée. La caravane partira ensuite le samedi, le 26 février, vers Nantes, dans le cadre d’une marche de résistance Pour son passage à Nantes, et dans un esprit de convergence des luttes, [[la caravane sera rejointe par les militants du collectif anti- LOPPSI 2: puis continuera sa route dans d’autres villes qui soutiennent financièrement le projet d’aéroport. Yoann Morice, paysan et membre du collectif de lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes conclut : « Une vaste zone d’autonomie(s) et de résistance(s) sur les terres du projet est en train de se créer, nous appelons à amplifier cette occupation : l’aéroport ne passera pas grâce à notre résistance active ! Nous invitons chaque citoyen(ne) à rejoindre le collectif de lutte, non-violent mais radicalement opposé à l’aéroport de Notre Dame des Landes ».