One Planet Summit : les « leaders » du climat français à l’épreuve des faits
Montreuil, le 26 septembre 2018 – Ce soir se tiendra à New York le second One Planet Summit. Mais un an après la première édition de ce sommet des acteurs publics et privés, où en sont les « leaders » proclamés de la lutte contre les changements climatiques ? Engie, BNP Paribas, et AXA encensés hier pour leurs annonces, bloquent toujours la sortie du charbon en Europe. Alors que quelques mois nous séparent de la COP24 en Pologne, les Amis de la Terre France appellent ces trois grandes entreprises françaises à se mettre en ordre de marche face à l’urgence climatique.
One Panet summit seconde édition, exercice de communication ou rendez-vous pour prendre des engagements qui permettront réellement d’enrayer le dérèglement climatique ? Les Amis de la Terre reviennent sur les engagements pris par Engie, BNP Paribas et AXA, tous trois applaudis en décembre 2017 pour leur « leadership » climatique présumé. Et alors que la COP24 se tiendra dans quelques mois en Pologne, c’est sur leur responsabilité pour ou contre la sortie du charbon de l’Union européenne qu’ils doivent être jugés.
- Un an après l’intégration d’Engie dans l’Alliance internationale pour la sortie du charbon, la France, actionnaire majeur du groupe, bloque la sortie du charbon allemande en le laissant revendre ses centrales. En effet, depuis mars dernier, Engie explore en toute impunité les pistes pour revendre ses trois centrales à charbon sans s’interroger sur la prolongation de leur durée de vie, alors qu’un plan de sortie du charbon est actuellement en discussion en Allemagne. Selon un rapport de BUND, deux des trois centrales actuellement en revente devraient pourtant fermer d’ici 2020 pour respecter les objectifs de baisse d’émissions de gaz à effet de serre fixés par l’Allemagne [1].
Et qu’en est-il du secteur de la finance privée ? Le président français étant prompt à lui laisser l’initiative, nous avions eu droit en décembre 2017 à des engagements, nouveaux ou réchauffés, de grandes multinationales. 10 mois plus tard, nous faisons le point sur le « leadership » climatique présumé de deux d’entre eux : BNP Paribas et AXA.
- BNP Paribas était arrivée au One Planet Summit en territoire conquis, réitérant à la tribune son engagement en faveur de la transition énergétique. Mais le charbon, grand oublié de ce dernier rendez-vous, manque toujours à l’appel. La politique adoptée par BNP Paribas en 2015 sur le secteur ne l’empêche pas d’accorder continuellement son soutien aux entreprises les plus agressives dans le développement du charbon, et cela même en Europe. Depuis la COP21, la banque a financé à hauteur de près de 600 millions de dollars les entreprises qui développent des centrales à charbon sur le vieux continent. Deux exemples très actuels illustrent les lacunes béantes de sa politique : elle n’a à ce jour exclu de ses soutiens ni RWE qui prévoit de raser à partir de mi octobre la forêt de Hambach en Allemagne pour étendre une mine de lignite à ciel ouvert, ni Energa qui a donné son feu vert début septembre pour la construction d’une centrale à charbon de 1GW Ostroleka C en Pologne [2].
- Pionnier en 2017 sur le secteur du charbon, AXA n’a pas seulement été rattrapé par ses pairs mais a bien été dépassé. L’année dernière, AXA annonçait entre autres son désinvestissement de 56 entreprises qui prévoient de construire de nouvelles centrales à charbon pour une capacité supérieure à 3 GW. Depuis, si cinq autres assureurs ont adopté un critère similaire, tous ont été beaucoup plus ambitieux et notamment AG2R la Mondiale et Allianz qui, en excluant de leurs investissements presque toutes les entreprises actives dans la construction de nouvelles centrales, soit plus de 200 acteurs, font passer l’engagement d’AXA pour une demi-mesure. Mais le point faible d’AXA, c’est avant tout son incohérence : quand l’investisseur AXA exclut de ses portefeuilles d’investissements des entreprises du secteur du charbon, l’assureur AXA, lui, continue de les assurer. Cohérence et crédibilité allant de pair, AXA serait avisé d’imiter Zurich et Swiss Re qui se sont eux engagés à ne plus assurer les entreprises exposées à plus de 50 ou 30 % au secteur du charbon [3].
À l’occasion de la COP24 en Pologne, tous les regards se porteront sur les responsables du blocage de la sortie du charbon en Europe. Les Amis de la Terre France appellent Engie, BNP Paribas et AXA à mettre d’ici là en cohérence leurs discours et leurs actes, afin d’assurer une sortie du charbon conforme aux objectifs de l’Accord de Paris – soit d’ici 2030 en Europe et dans les pays de l’OCDE, et 2040 pour le reste du monde.