Oui les OGM sont aussi un poison pour la démocratie !
Paris, le 20 septembre 2012 – L’affaire révélée par le professeur Séralini et son équipe montre une fois encore toutes les zones d’ombres qui entourent les biotechnologies, ces techniques non maîtrisées. M. Séralini fait suite aux Pusztai (1), Chapella (2) et autres scientifiques qui ont osé signaler des problèmes liés aux OGM. Mais si les industriels et les politiques ont réussi à neutraliser un temps les deux premiers, M. Séralini et son équipe ont continué leur combat.
_ Tous ces doutes ne datent pas d’aujourd’hui. M. Séralini les exprime depuis des années. Il est évident que les études menées par M. Séralini auraient dû être faites il y a presque 20 ans, lorsque Monsanto a mis au point ces OGM.
Patrick de Kochko qui représente les Amis de la Terre au Haut Conseil des biotechnologies (Comité économique, éthique et social) précise : « Les Amis de la Terre ont déjà alerté le CEES sur le fait que les études sur lesquelles étaient basées la demande d’autorisation ne permettaient pas de conclure à l’innocuité, et qu’elles ne comportaient pas d’études à long terme (3 mois sur les rats). Sans grands résultats comme d’habitude… ».
Et c’est là que c’est extraordinaire. Si nous avons les résultats de cette étude aujourd’hui c’est grâce à l’opiniâtreté et au courage d’un homme et son équipe. Mais ce n’était pas à eux de mener ces expériences. Qu’ont fait pendant 20 ans tous les services, les administrations, les Commissions et autres Conseils divers censés contrôler et protéger les citoyens ? Rien ou presque !
Et pourquoi ? La réponse est simple : parce que les responsables industriels et politiques ne voulaient PAS qu’ils contrôlent quoi que ce soit et trouvent des éléments gênants qui puissent stopper une innovation technologique « économiquement très prometteuse ».
M. Allègre l’a très bien exprimé dans un éditorial récent : « Si on veut de la croissance il ne faut pas être hostile au progrès scientifique au nucléaire, aux OGM, aux nanotechnologies, aux cellules souches, aux gaz de schistes » (3). Tout est dit.
Christian Berdot, référent OGM des Amis de la Terre rappelle un événement passé inaperçu en son temps : « En 2000, des chercheurs belges (4) découvraient un fragment d’ADN inconnu dans le soja GM que Monsanto commercialisait depuis 4 ans partout dans le monde. Interrogé par les journalistes de la Libre Belgique (17/08/01), voici ce que répondait le directeur scientifique de Monsanto France : « Les méthodes et les techniques évoluent. A l’époque, il n’était pas possible d’isoler ce fragment ». On a donc inondé la planète d’OGM agricoles, alors qu’on n’avait pas les moyens de contrôler ce qu’il y avait réellement dans les plantes ! Ce n’est pas nous qui le disons, mais Monsanto. Est-ce qu’à l’époque, un scientifique, un politique, un industriel pro-OGM s’est excusé pour cette légèreté incroyable ? Non, ils ont continué à prétendre que tout était sous contrôle. Mais la seule chose qu’ils voulaient vraiment contrôler, c’était la sortie d’informations défavorables à leurs produits et à l’innovation technologique. »
La lutte de M. Séralini et son équipe est aussi une lutte pour que notre démocratie française et européenne retrouve le droit chemin et fasse passer les intérêts des citoyens avant ceux de quelques grandes firmes internationales.
Depuis 25 ans, les Amis de la Terre France exigent que les pouvoirs publics soient transparents et informent les citoyens. 25 ans, c’est long !
Contact presse : Caroline Prak – 06 86 41 53 43 – 01 48 51 18 96
Notes :
(1) Sur l’affaire Arpad Pusztai : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Pusztai
(2) Sur Ignacio chapella : http://en.wikipedia.org/wiki/Ignacio_Chapela
(3) Editorial du Point 05/07/12
(4) Etude belge sur le soja Monsanto: « Characterisation of the Roundup Ready soybean insert, Peter Windels, Isabel Taverniers, Ann Depicker, Eric Van Bockstaele, Marc De Loose, (2001) ».
Photo d’Alter1fo : http://www.flickr.com/photos/alter1fo/2370981365/