PJL pouvoir d’achat : les députés votent pour plus de dépendance au gaz
Alors que la France sort d’un épisode caniculaire suffocant, les députés ont voté la mise en service d’un terminal gazier au large du Havre pour septembre 2023, au mépris du climat et des normes environnementales.
Face à la guerre en Ukraine, le gouvernement, avec le soutien d’une majorité de députés, relance les énergies fossiles tout azimut, et n’investit pas les solutions alternatives qui permettraient d’assurer plus d’indépendance sur le long-terme.
Le terminal flottant, permettant d’importer du gaz naturel liquéfié (GNL) et opéré par TotalEnergies, devrait être amené de Chine et relié au réseau gazier par Engie, nécessitant la construction d’un gazoduc. Le motif invoqué par le gouvernement pour justifier la nécessité de ce terminal est d’assurer l’approvisionnement en gaz pour l’hiver 2023-2024. Pourtant, rien ne prouve que ce nouveau terminal gazier soit nécessaire : plusieurs études ont montré qu’il était possible de se passer du gaz russe d’ici 2025 sans construire de nouvelles infrastructures gazières et ce au niveau européen 1. Comment ? En réduisant la consommation de gaz grâce entre autres au déploiement d’énergies renouvelables ou de l’efficacité énergétique. Pour satisfaire le reste de la demande en gaz par la diversification des approvisionnements, les infrastructures gazières existantes sont suffisantes.
Pourtant, le PJL pouvoir d’achat ne contient aucune mesure pour réduire la consommation énergétique, déployer les énergies renouvelables 2 et les pompes à chaleur ou accélérer la rénovation thermique. Ces solutions permettraient pourtant de réduire notre dépendance et les risques de rupture d’approvisionnement, tout en participant à la réduction urgemment requise de nos émissions de gaz à effet de serre.
« Le gouvernement instrumentalise la guerre en Ukraine pour faire des cadeaux à l’industrie fossile qui profite déjà largement de la crise ! Nous devrions être en train de construire les conditions de notre indépendance en investissant dans un système énergétique sobre et soutenable »
Elle poursuit : « A la place de cela, nous sommes en train de créer de nouvelles dépendances en tablant sur des infrastructures dont la période de rentabilisation et les contrats de long-terme nous enferment dans la consommation de gaz pour plusieurs années, voire plusieurs décennies. »
Bien que les députés aient voté pour une période d’utilisation maximale de 5 ans, celle-ci demeure beaucoup trop longue face aux impératifs climatiques. Par ailleurs, les terminaux d’importation de GNL sont généralement liés par des contrats d’importation de 10 à 25 ans 3. Ce GNL serait probablement du gaz de schiste importé des États-Unis – l’une des méthodes d’extraction du gaz les plus polluantes et les plus nocives.
Cerise sur le gâteau, le vote de l’article 14 permet au projet de s’affranchir de certaines réglementations environnementales : il pourra se faire sans évaluation des impacts, les travaux de raccordement au réseau gazier pourront commencer avant d’obtenir une autorisation, et avant d’avoir défini les règles de protection de la biodiversité. Alors que le GNL est particulièrement catastrophique pour le climat et est une substance dangereuse qui peut provoquer des accidents graves 4, l’absence d’étude d’impact est particulièrement dommageable.
Anna-Lena Rebaud conclut : « Quelques semaines après que la première ministre ait déclaré que la France serait « la première grande nation à sortir des énergies fossiles », l’un des premiers textes portés par le gouvernement relance le gaz et le charbon en France au mépris de solutions alternatives. Force est de constater que, dans la continuité du précédent quinquennat, les discours sont éloquents, les actions nuisibles ».
Voir EU can stop Russian gas imports by 2025, Ember, E3G, RAP et Bellona, mars 2022. et « Does phasing-our Russian gas require new infrastructure ? », Artelys, mai 2022
Rappelons que la France est en retard dans ses objectifs de déploiement des énergies renouvelables. Elle est le seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs en 2020 (19% au lieu de 23% de la consommation finale).
Voir les contrats récemment conclus par Engie : Climat : Engie signe pour acheter du gaz de schiste jusqu’en 2041 et Contrat « Mustang » : Engie signe en secret un nouveau contrat d’importation de gaz de schiste en France
GNL : vers le chaos climatique, Les Amis de la Terre Europe, Food and Waters Europe, juillet 2022