PPE : le gouvernement annonce des mesurettes malgré l’urgence climatique
Montreuil, le 27 novembre 2018 – Ce matin le Président Macron a présenté la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et annoncé officiellement la création d’un Haut Conseil pour le Climat. A quelques jours de l’ouverture de la COP24 en Pologne, le gouvernement veut se montrer internationalement comme un champion du climat, mais les mesures envisagées au niveau national révèlent une triste réalité : le gouvernement n’est toujours pas prêt à passer à l’acte avec des politiques ambitieuses à la hauteur des enjeux et avec un calendrier accéléré pour faire face à l’urgence climatique. Baisse de la consommation d’énergie,, fermetures des réacteurs nucléaires, développement des énergies renouvelables etc. : le contenu de la PPE ne fait qu’aggraver le retard déjà accumulé pour atteindre les objectifs de transition énergétique. Il manque également des mesures fortes pour accompagner les travailleurs et les foyers les plus modestes pour assurer une transition juste socialement.
Comme on pouvait s’y attendre, la PPE marque une nouvelle fois le recul du gouvernement face aux lobbies, à commencer par ceux du nucléaire. Les annonces de fermer uniquement les deux réacteurs de Fessenheim d’ici la fin du quinquennat et 4 à 6 réacteurs d’ici 2030 sont totalement insuffisantes. Comme le précédent, le gouvernement actuel reporte la responsabilité de la fermeture de centrales nucléaires sur les quinquennats suivants.
Florent Compain, président des Amis de la Terre France, réagit : “Le gouvernement annonce le lancement d’une grande concertation publique. Mais cela ne servira à rien et ne sera qu’un nouveau faux-semblant de dialogue et consultation, puisqu’en même temps il n’y a aucun changement de cap. La réalité aujourd’hui est que le verrouillage du système énergétique français sur le nucléaire bloque de fait la transition énergétique”
D’ailleurs, le gouvernement recule en matière d’objectifs de réduction de la consommation d’énergie. Alors que des mesures structurantes pourraient être prises rapidement dans différents secteurs pour baisser nos consommations (logement, transport, agriculture etc), l’insuffisance des politiques envisagées va ouvrir une nouvelle fois la porte au développement de fausses solutions comme la voiture électrique ou la compensation carbone.
Pour Florent Compain, “Le gouvernement multiplie les mesurettes et les effets d’annonce comme la création du Haut conseil pour l’action climatique’, qui n’est que de la poudre aux yeux. Il existe déjà de multiples instances et ce n’est pas un nouveau comité d’experts qu’il nous faut : les solutions pour une transition juste et soutenable existent, il ne manque que la volonté politique pour les mettre en oeuvre. Au lieu de céder aux pressions des lobbies, le gouvernement ferait mieux de renforcer la participation citoyenne et écouter les citoyens qui se mobilisent sur le terrain, que ce soit contre le projet offshore de Total en Guyane, contre le gaz de couche en Lorraine, ou lors des marches pour le climat”.
Enfin, les Amis de la Terre appellent le gouvernement à développer réellement des mesures fortes pour assurer une transition juste socialement, qui permette à chacun de répondre à ses besoins de base. Il faut donc d’une part associer les travailleurs et les syndicats, au niveau national mais surtout sur les sites qui devront être fermés ou reconvertis (centrales à charbon, réacteurs nucléaires). D’autre part, face au creusement des inégalités, il faut revoir la politique fiscale pour que celle-ci soit plus juste.
Florent Compain conclut “Face au ras-le-bol fiscal, il ne faut pas moins de taxes, mais une taxation plus juste socialement, plus transparente et affectée à 100% à la transition juste. Ainsi, la taxe sur le kérosène ne doit pas rester au stade de la parole : il est incompréhensible de taxer le carburant pour quelqu’un qui vit en milieu rural et qui prend sa voiture pour aller travail, alors que le carburant de l’avion de ceux qui ont les moyens de partir en vacances aux Seychelles n’est pas taxé”.