Projet de Loi Climat : les fake news du Gouvernement
Le projet Loi Climat et Résilience est validé en Conseil des Ministres, le Gouvernement confirme le sabotage des mesures de la Convention Citoyenne. Les Amis de la Terre dénoncent une stratégie de communication mensongère du Gouvernement sur l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de 40% en 2030.
Après avoir affirmé avoir tenu son objectif de réduction des émissions pour l’année 2020 (-1,7%) alors que ce même objectif a été revu à la baisse il y a peu (originellement -2,3%), le Gouvernement se lance dans une nouvelle opération de communication mensongère pour défendre son bilan. Alors qu’il n’a pas saisi le Haut Conseil pour le Climat, sans doute trop sévère sur son diagnostic, il met en avant l’étude d’un cabinet privé, accumulant des hypothèses incertaines et des mesures non encore adoptées pour justifier d’une potentielle atteinte de la réduction de 40% des émissions de la France en 2030.
L’étude rappelle déjà que les -40% sont difficilement atteignables, ce que ne met pas en avant le Gouvernement dans sa communication. Dans son scénario permettant l’atteinte supposée des -40%, elle comptabilise des objectifs qui ne sont pas assortis de mesures, et des mesures dont l’impact chiffré n’est pas analysé ! Pousser des hypothèses incertaines peut être dangereux et trompeur. Lors de la mise en place des “cars Macron”, l’hypothèse retenue était que tous les voyageurs auraient pris leur voiture s’il n’y avait pas eu ces cars. La réalité est toute autre, une part conséquente des utilisateurs des cars Macron prendraient le train ou ne voyageraient pas. L’étude accorde une part importante aux changements de comportement de la population, soit-disant débloqués par des mesures comme le CO2 Score. Mais ce type d’instrument pèse très peu face au critère prix et aux incitations publicitaires à surconsommer. Or l’interdiction de la publicité pour des produits polluants a été supprimée du projet!
Les Amis de la Terre dénoncent une stratégie de communication mensongère extrêmement grave. En manipulant des hypothèses irréalistes, le Gouvernement sème volontairement le doute sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France dans les prochaines années, alors qu’il a balayé l’ambition de toutes les mesures de la Convention.
En effet, il ne reste rien des conditionnalités environnementales aux aides publiques aux grandes entreprises, de l’interdiction des coupes rases en forêt, de la fin des extension d’aéroport ou des vols intérieurs, de l’encadrement de l’élevage intensif…
Décryptage des mesures phares suivies par les Amis de la Terre
Moratoire surfaces commerciales
Alors que le moratoire sur les zones commerciales a été mis en avant par Barbara Pompili sur France Inter comme une des mesures phare démontrant l’ambition du Gouvernement, la réalité est tout autre. Le Gouvernement a volontairement exclu les entrepôts de e-commerce de la mesure, malgré les demandes répétées de la Convention Citoyenne. Par ailleurs, le seuil de 10 000m2 permettant d’implanter des zones commerciales concerne 80% des projets!
“La mesure aura donc un impact très limité sur l’artificialisation et l’augmentation de l’empreinte carbone de nos importations. Il est d’autant plus choquant que le Gouvernement qui dit faire de l’emploi sa priorité, refuse d’agir sur les destructions d’emplois nettes massives entraînées par le développement des géants du e-commerce a eu sur l’emploi”
Taxation des engrais chimiques
La France se dote enfin d’une trajectoire de réduction des émissions de protoxyde d’azote (gaz 265 plus puissant que le CO2) et d’ammoniac (responsable des pollutions aux particules fines) dont sont largement responsables les engrais de synthèse.
“Le courage politique s’arrête là : non seulement le gouvernement ne met rien en place pour se donner les moyens d’atteindre ces objectifs, mais il rédige en plus un projet de loi qui se contente “d’envisager de légiférer”.
Manon Castagné poursuit :
“Quand on sait que les engrais azotés sont responsables de 37 % des émissions du secteur agricole, mais aussi un vrai danger pour la santé publique, l’absence de proposition concrète et sérieuse de la part du gouvernement est totalement irresponsable.”