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Communiqué de presse1 avril 2025

« Qu’est-ce qu’être français ? », débat sur « l’identité nationale » : les Amis de la Terre France dénoncent une instrumentalisation politique du CESE

Ce mardi, François Bayrou, Premier ministre, a officiellement saisi le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ainsi que les CESER régionaux, pour organiser un grand débat national autour de la question : « Qu’est-ce qu’être Français ? ».

Derrière l’apparente volonté de concertation, les Amis de la Terre France, membres du CESE, dénoncent une manœuvre politique dangereuse, qui recycle les cadres idéologiques de l’extrême droite et légitime une vision excluante de la citoyenneté. Ils en appellent à la responsabilité du CESE et, pour leur part, annoncent d’ores et déjà leur refus de participer à de tels travaux.

Un faux débat à visée idéologique

Ce débat est imposé par le gouvernement. Lorsque François Bayrou fait croire que les travaux sur ce sujet « ser[ont] une décision » du CESE, il sait bien qu’en réalité, une saisine du Premier Ministre s’impose au CESE.

Pour les Amis de la Terre France, cette démarche participe d’un processus de déplacement de la conflictualité sociale vers un terrain identitaire, en posant une question intrinsèquement biaisée. Interroger l’« identité nationale », c’est construire une frontière entre celles et ceux qui seraient pleinement Français et celles et ceux qui devraient sans cesse le prouver.

Florent Compain, président des Amis de la Terre de déc 2013 à mai 2019

« On ne peut pas demander au CESE d’organiser un débat sur l’identité nationale sans y voir une stratégie pour légitimer une vision identitaire et excluante de la citoyenneté. Ce qui se joue ici, c’est une tentative d’impliquer le CESE dans un projet qui n’est ni neutre, ni démocratique. Il ne s’agit pas de consulter, mais d’imposer une grille de lecture réactionnaire »,

Florent Compain
représentant des Amis de la Terre France au CESE

Le CESE sommé de trahir sa mission

En acceptant de porter ce débat, le CESE serait contraint d’endosser une question qui fragilise les fondements même de la République – Liberté, Égalité, Fraternité – en excluant symboliquement des millions de citoyen·nes. Une telle entreprise détourne également l’attention des véritables enjeux : les inégalités sociales et de genre, le racisme systémique ou la crise écologique.

Derrière une question faussement neutre se cache une volonté de hiérarchiser les appartenances et d’exclure. Les premières cibles de cette exclusion ? les personnes racisées, les musulman·es, les femmes et les minorités de manière générale.

Marie Cohuet

« Poser la question de l’identité nationale est fondamentalement raciste. Ce cadrage naturalise l’appartenance nationale. Elle ne questionne pas une appartenance politique ou civique, mais identitaire et culturelle. »

Marie Cohuet
co-présidente des Amis de la Terre France

Elle poursuit : « Plutôt que s’attaquer aux problèmes qui affectent réellement la vie des gens, ce débat impose comme priorité de déterminer une essence figée qui conditionnerait le fait d’être français·e. »

Un appel à la responsabilité démocratique

Dans un contexte d’essor des populismes autoritaires, les Amis de la Terre appellent le CESE à ne pas se laisser instrumentaliser. En tant qu’institution garante du pluralisme démocratique, il doit refuser de prêter sa légitimité à une opération de mise en scène politique qui participe de la normalisation et de la légitimation des thèses identitaires, et plus généralement la banalisation et propagation des idées d’extrême droite.

Le boycott de ce débat par le CESE serait un acte fort de résistance démocratique. C’est un rappel que l’on ne débat pas de la dignité ou de l’égalité des droits : on les garantit. Collectivement. Fermement.