Rachat des centrales à charbon d’Uniper par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky : une bombe à retardement
Montreuil, le 26 décembre 2018 - Il y a deux jours, Uniper a annoncé choisir l’énergéticien tchèque EPH pour poursuivre les négociations en vue de la vente de ses actifs en France. La transaction, facilitée par la banque Rothschild, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la fermeture des centrales à charbon en France. Les Amis de la Terre appellent la banque à se retirer de la transaction et le gouvernement à tout mettre en oeuvre pour empêcher cette revente.
Le milliardaire Daniel Kretinsky à la tête d’EPH, poursuit sa stratégie de rachat d’actifs sales en Europe. Connu en France pour ses acquisitions dans le secteur des médias, c’est sur les centrales à charbon qu’il se positionne en Europe. Après les centrales d’Eggborough (Royaume-Uni) et Fiume Santo (Italie) [1], il pourrait donc bien acquérir celles de Gardanne et Saint-Avold, que le Président E. Macron a réaffirmé vouloir fermer d’ici 2022.
Cette transaction peut être le premier pas sur le marché de l’énergie français en vue d’une entrée au capital d’Engie, mais les exemples de transactions en Europe dévoilent une autre approche. Le groupe a accumulé de l’expérience dans le rachat d’actifs charbon proches de la fermeture. Au lieu de préparer et anticiper les fermetures de sites, EPH a plutôt fait ses preuves en matière de licenciements éclairs, transfert des coûts sur le contribuable et lobbying agressif pour décaler les dates de fermeture puis toucher des compensations financières. Le tout pour faire un maximum de profit en peu d’années.
« Dans un contexte social explosif où le gouvernement français peine à trouver des solutions en matière de transition juste, notamment sur l’accompagnement des travailleurs et territoires dépendants du charbon, il faut absolument qu’il mette tout en oeuvre pour empêcher cette transaction. Le rachat des centrales à charbon par EPH serait une bombe à retardement. Tout ce qui les intéresse est de faire un maximum de profit en peu de temps pour rentabiliser la transaction, pas l’avenir des salariés d’Uniper ni l’urgence climatique » réagit Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre.
La transaction est facilitée par la banque Rothschild qui n’en est pas à son coup d’essai. Au contraire, la banque a déjà facilité en 2014 la vente de la centrale à charbon d’Eggborough au profit d’EPH, et multiplie depuis les mandats de ce type. [2]
« Même les grandes banques françaises reconnaissent que la vente et reprise d’actifs charbon n’est pas une solution pour le climat : BNP Paribas, Crédit Agricole et Natixis se sont toutes engagées à ne plus soutenir ce type de transaction. Mais Rothschild, qui n’a aucune politique climat ou charbon, n’a cure des enjeux de justice sociale ou climatique : pour elle, le profit demeure l’unique facteur de décision, et ces transactions, sans risque car payées à la commission, en sont une manne supplémentaire » ajoute Lucie Pinson, référente de la campagne finance privée aux Amis de la Terre.