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Crédit photo : Benoît Derouet
Climat-ÉnergieMultinationales
Communiqué de presse23 janvier 2025

RDC : 74 organisations disent non aux blocs pétroliers qui pourraient alimenter l’EACOP

Notre Terre Sans Pétrole, campagne menée par 135 associations congolaises et internationales, soutenue par les Amis de la Terre France et le collectif StopTotal, se mobilise cette semaine pour demander au gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) de ne pas ouvrir de nouveaux blocs pétroliers, qui alimenteraient l’EACOP.

Des militants étaient présents ce matin devant l’ambassade de la RDC à Paris, mais aussi dans 15 pays dans le monde afin de dénoncer l’expansion de l’exploitation des hydrocarbures en RDC. Or, la réaction de la police présente sur place a été disproportionnée : elle a arraché la banderole que tentaient de déployer sept militants non violents.

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Crédit photo : Benoît Derouet

Dans le cadre du processus de vente aux enchères de nouveaux blocs pétroliers en République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi a promulgué le 30 décembre 2024 une loi controversée qui a permis la ratification d’un accord bilatéral datant de 1990 concernant l’exploitation des hydrocarbures des gisements transfrontaliers entre la RDC et l’Ouganda.

Cet accord constitue une menace directe pour le climat, l’environnement et les communautés locales, notamment celles vivant aux abords des lacs Albert et Édouard ainsi que pour les parcs naturels des Virunga et Queen Elizabeth, situés de part et d’autre de la frontière entre les deux pays. Le pétrole ainsi exploité pourrait transiter par l’EACOP.

La situation est particulièrement alarmante pour le lac Édouard, qui fait partie intégrante du Parc national des Virunga – inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO – une zone protégée reconnue pour sa vulnérabilité et sa biodiversité unique. Exploiter le pétrole dans cette zone mettrait en péril l’écosystème du parc et intensifierait les pollutions, affectant gravement les communautés locales, notamment les pêcheurs, agriculteurs et éleveurs qui dépendent directement de ces écosystèmes fragiles.

Pour Juliette Renaud, coordinatrice des Amis de la Terre France : « L’exploitation pétrolière fait déjà des ravages sociaux et environnementaux en RDC via le projet côtier de Perenco. Alors qu’une campagne internationale avait réussi à faire reculer des projets pétroliers dans le parc des Virunga il y a quelques années, et que les impacts des projets Tilenga et Kingfisher en Ouganda se font déjà plus que sentir, il est urgent de se mobiliser contre l’ouverture de ces nouveaux blocs. En plus d’aggraver la crise climatique, ils affecteraient irrémédiablement la région des Grands Lacs, qui constitue une réserve mondiale unique pour la biodiversité ».

Un soutien inadmissible au projet destructeur EACOP

Cet accord pourrait aussi renforcer le dangereux projet d’oléoduc EACOP (East African Crude Oil Pipeline). En effet, les blocs pétroliers dans l’Est du Congo étant sur des territoires enclavés, leur exploitation de façon rentable implique la possibilité de transporter le pétrole via l’EACOP. Les gouvernements congolais et ougandais ont d’ailleurs déjà fait des déclarations en ce sens 1. Ce méga-projet pétrolier, qui prévoit le transport de pétrole brut entre l’Ouganda et la Tanzanie, a provoqué l’expropriation totale ou partielle de plus de 100 000 personnes et menace directement la salubrité des eaux du lac Victoria – dont dépendent plus de 40 millions de personnes – ainsi que le parc naturel des Murchison Falls. Plus d’une trentaine de grandes banques internationales se sont engagées à ne pas financer ce projet, qui a été condamné officiellement dans une résolution du Parlement européen pour ses violations des droits humains et de l’environnement. Ce projet fait aussi face à de multiples contentieux juridiques, tant au niveau international que national.

Une déclaration coordonnée par la coalition Notre Terre Sans Pétrole et signée par 74 organisations congolaises et internationales a été remise au gouvernement congolais le 22 janvier 2025 et à l’ambassade de la RDC à Paris le lendemain matin. Les signataires soulignent l’urgence d’un arrêt immédiat et définitif de toute exploitation pétrolière et gazière en particulier dans les zones sensibles que sont les lacs Albert et Édouard, qui impactent directement les parcs naturels des Murchison Falls, des Virunga et du Queen Elizabeth.

(*) Notre Terre Sans Pétrole Est une campagne lancée par plus de 135 organisations congolaises et internationales qui appelle à l’abandon définitif de tout projet futur visant à attribuer de nouveaux droits d’exploitation d’hydrocarbures, et à l’annulation des deux Contrats de Partage de Production relatifs aux blocs gaziers qui ont déjà été signés.

Notes
1

Voir par exemple, ce tweet de l’actuel ministre des hydrocarbures avoir créé un groupe de travail bilatéral afin d’obtenir « l’accès au pipeline Eacop, pour le transport du pétrole brut qui sera extrait du Graben Albertine en RDC »
 https://x.com/DidierBudimbu/status/1656022189588598786