Energies fossiles et engrais
Agriculture
Communiqué de presse15 novembre 2021

RÉVÉLATIONS : 1 tonne d’émissions de GES sur 40 vient de l’industrie des engrais azotés de synthèse

Alors que la COP26 vient de débuter, des scientifiques, en coordination avec Greenpeace International, IATP et GRAIN montrent que les engrais azotés de synthèse sont un facteur majeur de la crise climatique. C’est la première estimation de l’impact climatique global des engrais azotés de synthèse, de leur production à leur utilisation.

Ces révélations confirment l’ampleur des impacts des engrais  azotés que les Amis de la Terre France dénoncent depuis plusieurs années. Nous revenons sur les principaux enseignements de ces recherches 1.

1 tonne de gaz à effet de serre (GES) sur 40 émises mondialement vient de l’industrie des engrais azotés de synthèse. Les émissions de cette industrie représentent 2.4% des émissions de GES mondiales, ce qui en fait l’une des industries chimiques les plus polluantes. A titre de comparaison, l’étude souligne que cela représente 1.5 fois les émissions du secteur de l’aviation commerciale. 

40% des émissions de gaz à effet de serre générées par l’industrie des engrais sont émises lors de la production et du transport des engrais. Pourquoi un tel impact ? Parce que le gaz fossile est une matière première nécessaire à la fabrication des engrais azotés de synthèse. En effet, tous les engrais azotés de synthèse sont fabriqués à partir d’ammoniac, lui-même obtenu à partir d’hydrogène fabriqué à partir de gaz fossile. Ainsi, il faut l’équivalent en gaz d’1kg de pétrole pour synthétiser 1kg d’azote. C’est la raison pour laquelle le prix des engrais a doublé en un an face à la flambée du prix du gaz

Les 60% restants viennent de leur application sur les sols, qui émet massivement du protoxyde d’azote (N2O), un gaz 265 fois plus réchauffant que le CO2. Additionnés, ces impacts s’élèvent à presque un quart des émissions mondiales du secteur agricole. Agir sur la consommation d’engrais est donc un levier puissant dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Tandis que la COP26, qui reçoit les acteurs majeurs de l’industrie des engrais comme Yara, se tient en ce moment à Glasgow, et tandis que la hausse des prix du gaz pèse lourdement sur les agriculteurs 2, ces révélations ne laissent plus le choix aux responsables politiques. Ils doivent immédiatement  prendre des mesures fortes pour sortir l’agriculture de notre dépendance aux énergies fossiles et aux intrants chimiques.

Comme le souligne l’étude, jusque-là, aucun décideur politique n’a pris de mesure significative pour agir sur la surconsommation de ce polluant massif, alors que les solutions existent 3.

Notes
1

Stefano Menegat, Alicia Ledo and Reyes Tirado, “Greenhouse gas emissions from global production and use of nitrogen synthetic fertilisers in agriculture,” Research Square Preprints, 22 October 2022:

https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-1007419/v1