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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse13 mars 2018

Rio Grande LNG : Pourquoi la position de Société Générale ne tient pas

Au Texas, Société Générale joue un rôle clé dans un projet de terminal d’exportation de gaz de schiste liquéfié, Rio Grande LNG, et de double gazoduc, Rio Bravo Pipeline. La banque justifie son soutien à ce projet monumental en continuant à nier les impacts qu’il pose sur les populations et les écosystèmes locaux.

Au Texas, Société Générale joue un rôle clé dans un projet de terminal d’exportation de gaz de schiste liquéfié, Rio Grande LNG, et de double gazoduc, Rio Bravo Pipeline. La banque justifie son soutien à ce projet monumental en continuant à nier les impacts qu’il pose sur les populations et les écosystèmes locaux. Mais la position défendue par Société Générale est intenable. Nous l’expliquons ici.

Le 26 février 2018, Société Générale publiait sur son site internet une lettre de réponse aux Amis de la Terre, faisant suite à des échanges entre la banque et l’association sur ses soutiens aux énergies fossiles. Dans cette lettre, Société Générale réagit notamment sur le projet de terminal d’exportation de gaz de schiste liquéfié, Rio Grande LNG, et de double gazoduc, Rio Bravo Pipeline.

Société Générale joue un rôle clé dans la réalisation du projet, qui se prépare au Texas. Elle a en effet été mandatée en tant que conseiller financier par NextDecade, l’entreprise américaine qui porte le projet. À ce titre, elle est notamment responsable de lever les 20 milliards de dollars que coûtera ce projet monumental. S’ils voient le jour, Rio Grande LNG et Rio Bravo Pipeline auront des conséquences dramatiques sur le climat, les écosystèmes et les populations.

Les Amis de la Terre France et leurs partenaires ont déjà publié plusieurs rapports sur les risques de ce projet et des deux autres terminaux prévus dans la vallée du Rio Grande 1]. Encore la semaine dernière, nous publions [le rapport « Société Générale, plein gaz sur les fossiles », qui dénonce les soutiens persistants de Société Générale à Rio Grande LNG, et plus généralement à l’exportation de gaz de schiste sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL), notamment à destination de l’Union européenne [2].

Alors qu’aux Etats-Unis comme en France une forte opposition citoyenne s’exprime contre le projet et que la semaine dernière a été marquée par d’importantes mobilisations de part et d’autre de l’Atlantique, Société Générale justifie ses soutiens en s’obstinant à nier les impacts du double projet Rio Grande LNG et Rio Bravo Pipeline. Nous répondons aujourd’hui à Société Générale dans une lettre ouverte – en pièce jointe – et expliquons pourquoi la défense de la banque est intenable.

Rio Grande LNG, un processus de consultation déficient

Dans la vallée du Rio Grande, les populations ont vu le terminal et le gazoduc de NextDecade leur être imposés. Car à aucun moment n’a été évoquée l’obligation de prendre en compte les avis des communautés locales dans la poursuite – ou l’abandon – du projet Rio Grande LNG et Rio Bravo Pipeline. Les informations dont nous disposons, suite à une mission sur place et à nos échanges étroits avec les communautés locales, sont au contraire extrêmement inquiétantes quant à la volonté réelle de l’entreprise d’écouter et respecter les demandes des populations.

La tribu Esto’k Gna, la plus ancienne communauté autochtone de la région n’a notamment à ce jour pas été consultée ni même informée par NextDecade. Elle avait été contactée par l’entreprise Texas LNG qui portait un projet de terminal situé sur le site accolé à celui prévu pour Rio Grande et avait répondu en faisant valoir son opposition au projet. Une réponse laissée sans retour de l’entreprise. Si consultée à l’avenir par NextDecade, les Esto’k Gna feront également remonter leur opposition stricte au double projet Rio Grande LNG et Rio Bravo Pipeline.

Rio Grande LNG, en plein coeur d’une réserve naturelle

Société Générale, qui a rencontré une délégation locale l’année dernière n‘ignore pas que le site est situé au cœur de la réserve de la Laguna Atascosa, qui s’étend de part et d’autre du canal de Brownsville. La carte des sites prévus pour les terminaux de GNL [3] présente de manière très claire que si le terminal était construit, il constituerait un îlot industriel au coeur même d’un refuge naturel intouché.

La pollution et les nuisances ne s’arrêteront bien entendu pas à la frontière du site mais impacteront les écosystèmes alentours et les 8 espèces menacées et en danger de disparition, et reconnues comme telles au niveau fédéral [4]. Citons en exemple l’ocelot dont la migration depuis la vallée du Rio Grande vers le Mexique, où il se reproduit, sera mise en péril par le terminal, le gazoduc et les tankers.

Des impacts reconnus par BNP Paribas

Les impacts et risques déjà connus du projet suffisent à affirmer qu’il ne pourra pas respecter les obligations de Société Générale en tant que signataire des Principes de l’Équateur [5] ni celles liées au respect de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales adoptée en France en 2017.

En 2017, BNP Paribas a renoncé à appuyer tout nouveau projet de gazoduc et de terminal de GNL qui transporte, liquéfie et exporte majoritairement du gaz de schiste. Elle a mis fin de facto à son mandat de conseil financier sur le projet Texas LNG, situé à seulement quelques centaines de mètres de Rio Grande LNG et deux fois plus petit que ce dernier. Ainsi, les risques climatiques, environnementaux et sociaux que pose le projet Rio Grande LNG et que Société Générale s’emploie à nier, ont déjà été reconnus par BNP Paribas.

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