Sortie du charbon : La Banque Postale Asset Management emboîte le pas à Crédit Agricole
Montreuil, le 14 juin 2019 - Une semaine seulement après Crédit Agricole, La Banque Postale Asset Manager dévoile aujourd’hui de nouvelles mesures de restriction de ses soutiens au charbon. Les Amis de la Terre France accueillent positivement ces engagements, qui marquent une tolérance zéro vis-à-vis du développement de nouvelles centrales à charbon et programment une sortie totale du secteur. Ils invitent l’ensemble des acteurs financiers à suivre l’ambition de Crédit Agricole et de La Banque Postale Asset Manager, et rappellent l’Etat à sa responsabilité de régulateur, indispensable pour encadrer les impacts des acteurs financiers privés sur le climat.
Une semaine à peine après la publication par Crédit Agricole d’une nouvelle politique ambitieuse sur le secteur du charbon [1], celle-ci est déjà suivie. La Banque Postale Asset Management (LBPAM), qui gère 220 milliards d’euros d’actifs, a annoncé son désinvestissement des entreprises qui n’ont pas adopté de plan de fermeture de leurs actifs charbon d’ici 2030 dans les pays de l’UE et l’OCDE, 2040 en Chine, et 2050 ailleurs, ou qui développent de nouvelles centrales à charbon. LBPAM vendra les actions détenues dans des entreprises répondant à ces critères, ainsi que les obligations dont la maturité sera atteinte après 2022.
LBPAM n’exclut pas toutes les entreprises qui se développent dans le secteur du charbon comme l’a fait Crédit Agricole, mais en excluant tous les développeurs de centrales à charbon, elle fait beaucoup mieux qu’AXA qui n’a désinvesti que des entreprises qui prévoient plus de 3 GW de nouvelles capacités charbon. Surtout, LBPAM conditionne comme Crédit Agricole ses soutiens aux entreprises à leur adoption d’un plan de fermeture de leurs actifs charbon. Et comme Crédit Agricole, LBPAM insiste sur le fait que les actifs doivent être fermés et non vendus.
Pour Lucie Pinson, référente de la campagne finance privée des Amis de la Terre France : « Crédit Agricole a donné le ton la semaine dernière de ce que doit être une politique charbon robuste et il y très encourageant de voir les deux principaux critères déjà repris par un autre acteur financier. Dire non aux entreprises qui se développent dans un secteur aussi polluant que le charbon relève du bon sens, mais celui-ci manque encore cruellement à la majorité des acteurs financiers, comme BNP Paribas, quatrième plus gros financeur européen des développeurs de centrales à charbon. Et surtout, les deux acteurs français font preuve d’un réel leadership en requérant un plan de fermeture de leurs actifs charbon”.
Engie devrait être immédiatement impactée par les nouvelles mesures adoptées par LBPAM et pourrait également être exclue dans les années à venir du soutien de Crédit Agricole. En effet, le groupe n’a pas de calendrier de sortie du charbon aligné avec les objectifs de l’Accord de Paris et est connu pour vendre au lieu de fermer ses centrales à charbon. Cette pratique est clairement ciblée par les nouvelles politiques charbon des banques françaises. Pour Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre : “L’exemple chilien est frappant. Le pays fait partie de l’OCDE et devrait à ce titre sortir du charbon au plus tard en 2030, or Engie refuse à ce jour d’y fermer ses centrales au cours de la prochaine décennie. L’avenir de la flotte charbon d’Engie dans ce pays représente donc un test clair pour les nouvelles politiques de Crédit Agricole et de LBPAM”.
Les Amis de la Terre regrettent cependant que n’ait pas été retenu 2040 au lieu de 2050 comme date de sortie du charbon au niveau mondial. “Le secteur du charbon est le premier à devoir être totalement abandonné, et vite. Hors UE et OCDE, cela doit se jouer au plus tard au cours des deux prochaines décennies. En outre, nous attendons que Crédit Agricole et LBPAM fassent preuve des mêmes exigences vis-à-vis des entreprises des autres énergies fossiles : elles doivent dès aujourd’hui cesser l’expansion du pétrole et du gaz, et organiser la sortie de ces secteurs, indispensables pour limiter le réchauffement global à 1,5 °C”, conclut Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre.