Succès : la Banque européenne d’investissement a été écartée du projet Tenke en RDC
La Banque européenne d’investissement vient de confirmer qu’elle n’avait finalement pas financé la mine de Tenke Fungurume en République démocratique du Congo. C'est l’un des plus gros gisements de cuivre et de cobalt au monde. Le projet s’est rendu célèbre pour le manque de transparence et les soupçons de corruption qui l’entourent.
Les Amis de la Terre se réjouissent que l’argent de la Banque de l’Union européenne (UE) n’ait pas été engagé dans cette mine aux impacts désastreux.
En juillet 2007, la BEI approuve un prêt de 100 millions d’euros pour le projet de Tenke Fungurume 1, alors que le gouvernement congolais entame un processus de révision de ses contrats miniers douteux, dont celui de Tenke. Suite à la mobilisation des ONG, la BEI avait assorti ce prêt d’une condition : l’argent ne pouvait être versé qu’avec le feu vert du gouvernement congolais. En 2008, la commission de révision des contrats miniers révélait que le contrat de TFM, l’exploitant de la mine, était illégal. Depuis, la renégociation entre le gouvernement congolais et TFM se poursuit dans l’opacité, sans aboutir. Ainsi, de fait, la BEI a été écartée du projet.
Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre explique : « Nous nous réjouissons d’avoir pu bloquer cet investissement grâce aux conditions assorties au prêt. Au-delà des problèmes de transparence, de légalité et de corruption, ce projet ne correspond en rien aux objectifs de l’UE en RDC, et ne bénéficie pas aux populations locales. Il n’y avait aucune raison d’engager l’argent de la Banque publique de l’Europe dans une mine aussi controversée. »
En août 2008, la coalition Counter Balance et ACIDH avaient publié conjointement un rapport dénonçant les impacts négatifs de la mine de Tenke Fungurume 2. Il mettait en lumière des violations des droits humains et les tensions que le projet provoque chez les communautés locales. Malgré ce constat, la BEI indique être encore intéressée par une coopération avec TFM dans le futur.
Anne-Sophie Simpere commente : « La BEI devrait renoncer définitivement à s’engager dans un projet aussi controversé. Grâce aux pressions de la société civile, je ne pense même pas qu’elle puisse légalement le faire aujourd’hui. En effet, sa nouvelle politique révisée et adoptée début 2010, contient de nouvelles clauses sur la transparence dans les industries extractives. En novembre 2009, lors d’une consultation publique, Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque, affirmait que ces clauses ne permettraient plus de financer un projet aussi opaque que Tenke. »
Au-delà de ce projet spécifique, les ONG recommandent à la BEI de reconsidérer son implication dans les industries extractives. Compte tenu de leurs impacts extrêmement négatifs, ils appellent la Banque et les Etats européens à mettre en place une évaluation indépendante de la contribution du secteur minier au développement, incluant toutes les parties prenantes.
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