Surproduction
Communiqué de presse27 novembre 2024

Textile : un secteur en danger face à l’écrasement des géants de la fast-fashion

En dépit d'une consommation de vêtements record dans le monde, l'industrie française du textile traverse une crise sans précédent. Un nouveau décryptage montre comment, dans un secteur en crise, le manque de régulation favorise les géants de la fast-fashion ainsi que leurs pratiques sociales et environnementales destructrices.

À quelques jours du Black Friday, les Amis de la Terre France tirent la sonnette d’alarme et appellent à une action législative urgente pour sauver l’industrie.

Une consommation en hausse, une industrie en déclin

Depuis les années 1960, la part des dépenses des ménages françaises consacrées à l’habillement a chuté de manière significative, à tel point qu’elle est aujourd’hui plus faible que la part dédiée à l’alcool, tabac et stupéfiants.. Pourtant, cette baisse des dépenses ne se traduit pas par une diminution de la consommation : bien au contraire, la quantité de vêtements consommée a doublé en moins de 40 ans. En parallèle, la durée de vie moyenne des vêtements a été réduite de moitié, un phénomène directement lié à l’expansion de la fast-fashion.

La fast-fashion : un modèle destructeur pour l’économie et l’environnement

Le modèle de fast-fashion, centré sur la production de masse à bas coûts – rendue possible par l’exploitation des travailleurs et une pollution massive a profondément restructuré l’industrie textile française. En France, Zara, H&M, Primark et d’autres marques similaires ont progressivement éclipsé les acteurs historiques du secteur. Cette évolution a eu des conséquences dramatiques sur l’emploi : l’industrie textile a perdu près de 300 000 emplois depuis 1990, et le commerce de détail a vu disparaître 50 000 emplois depuis 1971. En parallèle, la concentration du marché s’accentue, avec les 1% plus grands acteurs du secteur représentant 80% des ventes de textile en France en 2022. En 2023, Shein détrône Zara en termes de chiffres d’affaires en France tout en quasiment (+80%) doublant ses émissions de gaz à effet de serre.

Une crise qui profite aux géants de la fast-fashion

Si les acteurs de la fast-fashion enregistrent des chiffres d’affaires en forte hausse, le reste du secteur est frappé de plein fouet par cette concurrence déloyale. En 2023, l’ensemble des magasins d’habillement et de chaussures en France a vu son volume d’affaires à peine supérieur à celui de 2016, tandis que des enseignes comme Zara et Primark affichaient respectivement des hausses de +70% et 119%. Les fermetures de magasins sont massives, avec une baisse de 17,9% du nombre de magasins d’habillement entre 2014 et 2021.

L’urgence d’une régulation

Face à ce constat alarmant, Les Amis de la Terre France appellent à un changement radical de cap pour rétablir l’équité dans le secteur textile. « L’absence de régulation et la concurrence déloyale favorisée par la fast-fashion menacent non seulement l’avenir des commerces de proximité mais aussi celui de l’industrie textile française dans son ensemble. La fast-fashion n’a pas que des conséquences délétères sur l’environnement et les droits humains. Il est temps que les élus prennent la mesure de l’urgence. Pour cela, la prometteuse “loi anti fast-fashion” votée en mars dernier par les députés doit être mise à l’agenda du Sénat au plus vite ! », déclare Pierre Condamine, chargé de campagne surproduction textile aux Amis de la Terre France. Sans un cadre législatif strict, la France pourrait voir disparaître totalement son secteur textile, au profit d’acteurs étrangers aux pratiques socialement et écologiquement irresponsables.

Publication
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Décryptage

Quand la fast-fashion surfe sur la crise du textile