Total en Mer du Nord : les risques inconsidérés du offshore à nouveau révélés
Paris, le 29 mars 2012 - Quatre jours après l’accident sur sa plateforme offshore d’Elgin en Mer du Nord, Total n’a toujours pas réussi à arrêter les fuites de gaz à la base de l’édifice. Une explosion reste à craindre.
Malgré le désastre écologique lié à l’explosion de la plateforme Deep Water Horizon de BP en 2010, Total et les grandes multinationales énergétiques ne semblent pas avoir retenu la leçon. Les Amis de la Terre réitèrent leur appel à abandonner les forages en eaux profondes, ainsi que tous les projets d’exploitation d’hydrocarbures.
« Toujours plus loin, toujours plus sale ! ». Ainsi pourrait être le nouveau slogan de Total au vu de l’accident survenu dimanche sur la plateforme offshore de Elgin-Franklin, à 240 km des côtes écossaises, causant la fuite de près de 25 tonnes de gaz dès les premières quarante-huit heures. Cette exploitation, que Total présentait comme une véritable « performance technique » (1), est maintenant complètement hors de contrôle.
Pour Paul Steedman, chargé de campagne Energie aux Amis de la Terre Grande-Bretagne : « Cet accident illustre l’absurdité de la course aux ressources en eaux profondes. Cela va prendre des mois avant que les fuites soient colmatées, avec un risque énorme pour la sécurité des travailleurs et des rejets de gaz à effet de serre 20 fois plus nocifs pour le climat que le dioxyde de carbone ».
De l’aveu même de Total, il s’agirait d’ailleurs du « plus gros incident pour la compagnie en Mer du Nord depuis au moins dix ans ». Or la seule solution proposée pour l’instant est la construction d’un puits de secours, qui prendrait six mois ; toute intervention directe sur le site étant exclue au vu du risque mortel qu’elle ferait courir aux techniciens.
Pour Romain Porcheron, chargé de la campagne Responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre France : « Le coût estimé des dégâts environnementaux de cet accident ne cesse d’augmenter et Total ne prévoit pas de retour à la normale avant de nombreux mois. Les compagnies pétrolières doivent cesser de défier la nature en faisant courir des risques inconsidérés à des populations entières et à l’environnement. »
Alors que les actionnaires s’inquiètent de la chute de la valeur boursière de Total et des impacts sur l’économie européenne, les Amis de la Terre exigent l’abandon immédiat de toute exploitation d’hydrocarbures offshore et plus généralement de toute nouvelle ressource fossile non conventionnelle telle que les gaz de schiste, les sables bitumineux, et les hydrates de méthane.
Il en est ainsi du permis exclusif de recherche d’hydrocarbures dit « Permis Rhône-Maritime » détenu par les sociétés Melrose Mediterranean Limited et Noble Energie France, au large des côtes méditerranéennes. L’association participera à la mobilisation le 8 avril prochain à la Seyne sur Mer, à l’initiative des nombreux collectifs locaux contre les gaz et huiles de schiste .
Contact presse
Caroline Prak, Les Amis de la Terre France, 01 48 51 18 96 / 06 86 41 53 43, caroline.prak@amisdelaterre.org
Notes
(1) Présentation du projet Elgin sur le site de Total : « Ce projet constitue une performance technique tant en raison de l’enfouissement des réservoirs (5 500 m, parmi les plus profonds de la mer du Nord) que des conditions de température et de pression (190 °C et 1 100 bars), parmi les plus élevées au monde ». http://www.total.com/fr/groupe/nos-activites/amont/exploration–production/europe-600152.html