Total en Ouganda : de sérieux impacts dans l’aire naturelle protégée, causés par les premiers forages pétroliers
Un an après le début des forages pétroliers en Ouganda, l'association ougandaise AFIEGO alerte sur les impacts désastreux des activités de Total dans le Parc national des Murchison Falls.
Son nouveau rapport, publié en français avec le soutien des Amis de la Terre France, tire des constats alarmants en termes de conséquences négatives sur la faune, notamment les éléphants, les félins et les espèces d’oiseaux protégés. Ce rapport sonne l’alarme alors que Total vient de soumettre au gouvernement ougandais une demande d’autorisation pour installer une deuxième tour de forage à l’intérieur de cette aire naturelle protégée.
Dans le cadre du projet d’extraction pétrolière Tilenga, Total a prévu de forer plus de 400 puits, dont un tiers au sein même de l’aire naturelle protégée des Murchison Falls en Ouganda. Total prévoit ainsi de produire 190 000 barils de pétrole par jour, qui seront exportés via l’oléoduc géant EACOP.
Le Parc national des Murchison Falls, plus grande aire naturelle protégée d’Ouganda, est une réserve exceptionnelle de biodiversité, abritant 144 espèces de mammifères, 556 espèces d’oiseaux, 51 espèces de reptiles, 51 espèces d’amphibiens et 755 espèces de plantes.
De nombreuses infrastructures (tour de forage, plateformes pétrolières, oléoducs, routes) y ont été construites pour assurer l’extraction et le transport de pétrole, elles sont concentrées dans le secteur Nord du parc, qui est celui où l’on trouve le plus de faune car il s’agit de prairies et savane.
Un an après le début des forages pétroliers dans le Parc national des Murchison Falls, les principaux impacts constatés sont extrêmement inquiétants :
- perturbés par les vibrations et le bruit, les éléphants sortent de plus en plus du parc ; on dénombre déjà 5 personnes tuées depuis juin 2023, et de nombreuses terres cultivées dévastées par le passage des éléphants ;
- la pollution lumineuse de la tour de forage, visible jusqu’à 14 km, est également pointée comme un risque pour la conservation des prédateurs nocturnes – tels que les lions, léopards, hyènes et divers oiseaux ;
- le projet de Total menace également des zones humides protégées et la biodiversité aquatique qu’elles abritent, ainsi que les pêcheries locales qui en dépendent. Deux plateformes pétrolières se trouvent à moins d’un kilomètre des zones humides sensibles qui abritent des espèces classées comme vulnérables, tel que le bec-en-sabot ;
- la construction de routes entraîne un trafic motorisé et une présence humaine plus importants dans le parc, menaçant des espèces d’antilopes telles que les waterbucks, et bushbucks, qui ont aussi une valeur culturelle pour les communautés. Cela expose la faune au braconnage, aux accidents routiers ainsi qu’à la pollution sonore et atmosphérique.
« La faune et la flore sauvages ont une immense valeur culturelle pour les Ougandais et doivent être préservées. En extrayant du pétrole dans le parc national des Murchison Falls, Total risque de provoquer une érosion culturelle et la perte des moyens de subsistance de centaines de milliers d’Ougandais. »
Elle poursuit : « Le pays pourrait également subir une baisse considérable de ses revenus touristiques, ce qui serait catastrophique : la faune soutient le secteur du tourisme, qui employait plus de 600 000 personnes avant le COVID-19, et constitue l’une des principales sources de devises étrangères du pays. Pour protéger les populations et la nature, Total ne doit pas forer dans le parc ».
« La promesse de Total d’extraire du pétrole de façon responsable dans une aire naturelle protégée était bien sûr irréalisable et un non sens complet ! Tous les risques sur lesquels nous avions alerté depuis cinq ans sont en train de se réaliser un à un, et ce cauchemar ne fait malheureusement que commencer. »
Elle conclut : « Après seulement un an de forages pétroliers, le parc des Murchison Falls est déjà en train d’être défiguré, il faut que cela cesse d’urgence !»
AFIEGO et les Amis de la Terre France appellent les autorités ougandaises à refuser l’autorisation demandée par Total pour une deuxième tour de forage.