Un an après la COP21, EDF et ENGIE continuent de polluer avec leurs 34 centrales à charbon
Un an après l’adoption de l’Accord de Paris, les Amis de la Terre France, Oxfam France et le Réseau Action Climat dressent de nouveau le bilan du charbon caché de la France dans leur rapport « Charbon : faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
Pour limiter le réchauffement en-dessous de 2 °C – et si possible 1,5 °C – par rapport à la période préindustrielle, comme s’y sont engagés les pays à la 21e Conférence internationale sur le climat (COP21), le charbon est la première énergie fossile à laquelle il faut rapidement renoncer.
Pourtant, les deux géants français de l’énergie, EDF et ENGIE, détenus respectivement à 84,9 % et 33 % par l’État, possèdent toujours 34 centrales à charbon en opération dans le monde : 19 pour ENGIE et 15 pour EDF. Au cours de l’année passée, elles ont même ouvert de nouvelles centrales ou prévoient de le faire.
« Ce rapport met en lumière le double discours de l’État français qui, malgré le volontarisme affiché sur la scène internationale, continue de laisser carte blanche à ses entreprises publiques pour investir à l’étranger dans des projets fortement émetteurs de gaz à effet de serre », déclare Célia Gautier du Réseau Action Climat.
En 2015, en amont de la COP21, sous la pression de nos organisations et grâce à la mobilisation citoyenne, les deux entreprises à capital public s’étaient engagées à mettre fin à leurs projets de construction de nouvelles centrales à charbon à l’étranger. Depuis, toujours sous la pression populaire, plusieurs centrales à charbon ont fermé en Australie, au Royaume-Uni et en Italie.
« Pour ENGIE et EDF la lutte contre le changement climatique reste avant toute une opération de communication», explique Armelle Le Comte d’Oxfam France. « Les deux énergéticiens détenus par l’État sont en réalité loin de mettre fin à leurs activités climaticides mais cherchent plutôt à s’en débarrasser en les revendant. EDF a annoncé vouloir revendre tout son parc thermique en Pologne soit 6 centrales à charbon émettant 12 millions de tonnes de CO2 par an : c’est l’équivalent des émissions d’un pays comme le Kenya.»
Le cas de la nouvelle centrale qu’ENGIE souhaite ouvrir à Oulan-Bator en Mongolie est emblématique de l’incohérence de l’énergéticien.
« Le projet de centrale à charbon d’ENGIE en Mongolie est non seulement en contradiction avec la volonté affichée de l’énergéticien d’être un leader de la transition énergétique au niveau international, mais rentre également en contradiction avec son engagement de ne plus ouvrir de nouvelles centrales à charbon ! », dénonce Malika Peyraut, des Amis de la Terre. « Alors qu’il est encore temps de mettre fin au projet pour que des alternatives renouvelables soient offertes aux habitant-e-s, ENGIE s’apprête à enfermer le pays dans une trajectoire hautement carbonée avec une centrale dont la durée d’existence sera d’au moins 25 ans. »
Les Amis de la Terre France, Oxfam France et le Réseau Action Climat demandent la planification de la fermeture du parc charbonnier d’EDF et ENGIE d’ici 2020, en prenant en compte l’ensemble des enjeux sociaux et environnementaux. Le gouvernement français, qui a un pouvoir de décision au sein des conseils d’administration des deux entreprises, doit peser de tout son poids pour s’opposer à la revente des centrales à l’étranger, accompagner la mise en œuvre d’un plan juste pour les populations et le climat, et favoriser la transition vers les énergies renouvelables aux mains des citoyens.