Un pied à Cancun, un autre à Cancon : Les Amis de la Terre mobilisés pour la justice climatique
Soutenir et s'inspirer des actions locales pour défendre un accord mondial sur le climat, juste et ambitieux : c'est la stratégie de la fédération internationale des Amis de la Terre pour ces deux semaines de mobilisation autour des négociations sur le climat à Cancun. En France, c'est le 4 décembre à Cancon, dans le Lot et Garonne que les Amis de la Terre et de nombreuses associations se rassembleront pour préparer la transition écologique et sociale vers des sociétés plus sobres en énergie.
Après l’échec du sommet de Copenhague, les Amis de la Terre considèrent que les pays développés doivent sortir les négociations de l’impasse en reconnaissant leur responsabilité historique dans les changements climatiques et prendre les mesures structurelles nécessaires :
– Réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre, avec un objectif de moins 40 % d’ici 2020 pour l’Europe.
– Renoncer aux mécanismes de compensation carbone, inefficaces et injustes, qui ont pour seul objet de masquer le manque de réduction des émissions dans les pays développés. En particulier, il y a un risque important que le mécanisme REDD (1) entre dans les marchés du carbone. Ceci conduirait les pays développés à privatiser des forêts dans les pays du Sud pour acheter des droits à polluer. Les mécanismes de compensation REDD priveraient les populations locales vivant des forêts de leurs droits et éviteraient aux pays industrialisés de prendre les mesures pour réaliser les réductions d’émissions domestiques indispensables.
– Réorienter massivement les investissements et politiques publics pour soutenir la transition vers des sociétés sobres en carbone au Nord et rembourser la dette écologique des pays industrialisés envers les pays du Sud en soutenant l’adaptation et l’atténuation dans ces régions par des financements publics solides et à la hauteur des enjeux. Ces financements ne doivent pas être gérés par la Banque mondiale qui n’a pas la légitimité nécessaire en matière de gouvernance et qui finance massivement les énergies fossiles. Les Amis de la Terre International appellent les gouvernements à mettre en place un fonds mondial pour le climat sous l’autorité de la CCNUCC (2), sans aucun rôle donné à la Banque mondiale.
– S’appuyer sur les communautés et les initiatives locales plutôt que sur des intérêts privés : l’agriculture paysanne et la foresterie communautaire doivent être défendues plutôt que de développer les monocultures d’arbres ou de plantes génétiquement modifiées dans le but de stocker davantage de carbone.
Pour Joo Zimmermann, référente sur le climat aux Amis de la Terre France : « Nous avons si peu de temps pour réaliser les changements de sociétés radicaux nécessaires à la lutte contre les changements climatiques. Les marchés du carbone doivent être laissés de côté immédiatement. Cancun sera un échec si les pays industrialisés ne s’engagent pas à des réductions importantes de leurs émissions sans compensation et à la mise en disposition de fonds publics en dehors de la Banque mondiale ».
En soutenant l’appel de Via Campesina à créer « Mille Cancun » partout dans le monde, les Amis de la Terre veulent affirmer la solidarité des peuples et le droit de chacun à vivre dignement. Pour Sylvain Angerand, chargé de campagne : « Réduire notre consommation d’énergie en France est un impératif moral si nous voulons que d’autres, ailleurs sur cette planète, puissent consommer un peu plus. A l’égoïsme des États, nous opposons la solidarité et la créativité des communautés locales pour partager de façon plus équitable les ressources naturelles ».
A Cancon, le 4 décembre, les groupes locaux des Amis de la Terre partageront avec de nombreuses autres associations leurs idées et leurs luttes pour amorcer localement la transition vers des sociétés plus sobres en énergie.
Notes:
(1) Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts
(2) Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques