Victoire ! Fermeture définitive des unités charbon de la centrale d’Engie, Vado Ligure (Italie)
Paris, le 7 juin 2016 – Alors que la centrale de 660 MW avait été fermée en 2014 par décision du juge pour avoir causé la mort de plus de 400 personnes, Engie, opérateur de la centrale via sa filiale italienne Tirreno Power, ne s'était pas prononcé sur la fermeture de la centrale.
Suite à des années de mobilisation locale, la filiale d’Engie vient d’annoncer la fermeture définitive des unités charbon.
Réuni le 6 juin 2016, le Conseil d’administration de Tirreno Power (détenue à 50 % par Engie) « a pris la décision d’abandonner définitivement leurs plans de reprendre les activités charbon sur le site de Vado Ligure », selon des sources internes. Cette décision concerne les deux unités charbon de 330 MW chacune qui avait été fermées en 2014 par le parquet de Savone, ainsi que le projet d’extension d’une nouvelle unité de 460 MW. Seules les unités gaz de 760 MW demeurent en activité.
Mise en service en 1970, cette centrale italienne avait provoqué un précédent judiciaire européen puisque le juge du parquet de Savone avait décidé la fermeture administrative des unités charbon après qu’une étude épidémiologique et santiaire avait révélé la responsabilité de la pollution de la centrale dans la mort de plus de 400 personnes et de nombreuses maladies [1]. L’enquête préliminaire avait établi en juin 2015 la responsabilité de 86 dirigeants de la centrale, parmi lesquels plusieurs cadres d’Engie, dans ce drame sanitaire.
La décision de Tirreno Power est l’aboutissement d’une décennie de mobilisation de la population locale, organisée en Comité citoyen pour la santé, et soutenue par de nombreuses organisations locales et internationales, ainsi que par l’Ordre des Médecins. Ces citoyennes et citoyens experts ont permis de mettre en lumière les agissements de l’entreprise et de dénoncer leurs conditions de vie dégradées. Le 2 mars 2016, une délégation de citoyens s’était rendue au siège d’Engie pour appeler l’énergéticien français et le gouvernement, actionnaire d’Engie à 33 %, à se mettre en cohérence avec les objectifs climat de l’Accord de Paris.
« La fermeture définitive de Vado Ligure est une véritable victoire de la mobilisation citoyenne et des communautés impactées face aux agissements des multinationales. Engie, et par extension le gouvernement français, doit continuer dans cette lancée et s’engager dans un plan de sortie du charbon d’ici à 2020. Pour aller dans le sens de l’histoire climatique, l’énergéticien français doit fermer, et non revendre, ses centrales, en prenant en compte les travailleurs du secteur. Nous attendons toujours une décision concernant la centrale d’Hazelwood, en Australie. » rappelle Malika Peyraut, des Amis de la Terre.
La communauté locale et les ONG, dont les Amis de la Terre qui ont soutenu cette lutte, attendent de savoir quelle est l’alternative proposée par Tirreno Power et Engie, et resteront vigilants sur l’avenir de Vado Ligure pour veiller à ce que le site ne soit pas reconverti dans des activités polluantes ou revendu, à ce que les travailleurs soient justement accompagnés, et à ce que cette décision ne se substitue pas à la tenue d’un procès permettant de juger les responsables et de réparer les dommages. Pour faire face à l’urgence climatique, une véritable transition énergétique basée sur l’efficacité et la sobriété énergétique ainsi que les énergies renouvelables entre les mains des citoyens doit s’opérer.
[1] « Après la COP21, quid du charbon? »
Contact presse : Malika Peyraut, 06 88 48 93 68, malika.peyraut@amisdelaterre.org