Yara Saint-Nazaire : les associations et riverains veulent mettre fin à l’omerta
Le mercredi 6 novembre aura lieu une commission de suivi du site de production d’engrais de Yara à Montoir-de-Bretagne, en présence des services de l’Etat et des cadres dirigeants de la multinationale.
Ce site du premier producteur mondial d’engrais a été épinglé de nombreuses fois par la justice pour ses pollutions et manquements aux règles de sécurité sans que cela n’ait jamais inquiété ses activités. Différents collectifs locaux, avec le soutien des Amis de la Terre France, manifesteront le 2 novembre en fin de matinée devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire pour demander que toute la lumière soit faite sur le devenir du site.
Le 2 novembre prochain, les Amis de la Terre France, l’association environnementale dongeoise des zones à risques et du PPRT (AEDZRP), l’Association des habitants de Gron, Attac, Bretagne vivante, le Comité Stop Bure en Retz, Hord’laLoire, la Ligue des Droits de l’Homme, les Soulèvements de la Terre, Vivre à Méan-Penhoët, Terre et mer pour l’avenir du vivant, et l’Union syndicale Solidaires, Natur-action appellent à un large rassemblement devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire à 11h00. Le mot d’ordre : l’État doit faire toute la lumière autour de l’avenir du site de Yara à Montoir-de-Bretagne.
Les collectifs et associations demandent que toute la transparence soit faite :
- Sur les conditions de travail des ouvriers de Yara Montoir, les accidents techniques et humains passés.Nous souhaitons particulièrement obtenir des réponses sur les deux morts sur le site, le dernier était un intérimaire de 50 ans, mort le 24 octobre 2023 à la suite de symptômes semblables à une intoxication aux vapeurs d’ammoniac.
- Sur le futur du site : les produits amenés à y être stockés, les volumes gérés, les risques (explosifs et en termes de pollutions), la provenance des engrais ainsi que le plan de sécurisation du site.
L’usine est en effet supposée devenir un entrepôt géant de stockage d’ammonitrates, des engrais chimiques hautement explosifs. C’est ce produit qui a détruit le port de Beyrouth ou AZF à Toulouse en explosant.
Le projet d’un nouvel entrepôt de stockage est aussi incohérent avec la stratégie de la France, qui prévoit d’annoncer dans son nouveau plan climat le jour de notre mobilisation (SNBC) une baisse de 30% de l’usage d’engrais chimiques en France. Actuellement, rien n’est fait pour atteindre cet objectif. Dans ce contexte, la délocalisation du site et sa transformation en site de stockage est complètement déconnecté des discours politiques nationaux sur la sobriété et l’accroissement de notre souveraineté alimentaire.
Les engrais sont en effet fabriqués à partir de gaz fossile; gaz importé de nombreux pays aux régimes autoritaires et soumis aux chocs mondiaux. La guerre en Ukraine l’a démontré : quand le prix du gaz s’envole sur les marchés mondiaux, celui des engrais suit la même tendance et in fine, c’est le caddie des Français qui est touché. Cette dépendance de notre système alimentaire aux énergies fossiles rend notre système alimentaire vulnérable aux aléas et il faut donc y mettre un terme. Cela commence à Montoir-De-Bretagne en exigeant des réponses sur le devenir du site de Yara !
Manon Castagné, chargée de campagne agriculture aux Amis de la Terre France ajoute : “Après avoir été sacrifiés pendant des années sur l’autel de la croissance de Yara, les collectifs locaux et des organisations nationales comme les Amis de la Terre demandent que toute la lumière soit faite sur la transformation du site de Montoir-de-Bretagne. Quels engrais vont y être stockés ? En quelles quantités ? En provenance d’où ? L’Etat doit montrer du respect pour les populations sacrifiées par cette industrie et apporter des réponses aux questions fondamentales que nous avons sur l’avenir de ce site qui nous concerne toutes et tous : les travailleurs et riverains de cette usine qui sont en première ligne des pollutions et du risque explosif, et la population au sens large, victime des rejets toxiques des engrais et de leurs impacts climatiques. ”
Rendez-vous devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire le 2 novembre à 11h00 si vous souhaitez couvrir ce sujet et échanger avec les collectifs mobilisés. Des prises de parole auront lieu à partir de 11h.