Construire un mouvement populaire pour une écologie antifasciste
Alors que l’extrême-droite est aux portes du pouvoir suite à la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, nous réaffirmons que notre engagement écologiste est antifasciste. C’est pourquoi nous appelons à la mobilisation, dans la rue et dans les urnes, pour repousser l’extrême-droite hors de nos institutions.
Depuis dimanche soir, la situation politique française a basculé dans une période d’incertitude. Le score historique de l’extrême-droite aux élections européennes envoie un message inquiétant quant à l’avenir de notre pays, tandis que le dissolution de l’Assemblée nationale qui a suivi, et les recompositions en cours du paysage politique français, rendent tous les scénarios possibles. Et parmi eux le plus sombre, avec le possible avènement d’un gouvernement d’extrême-droite.
Notre écologie est antifasciste
Depuis plus de 50 ans, nous portons une écologie antifasciste aux antipodes de l’extrême-droite. Parce que nous sommes attaché·es à l’égalité de toutes et tous devant la loi, à la liberté et la solidarité entre les peuples. Les principes directeurs du Rassemblement national et des autres partis d’extrême-droite – le repli sur soi, la stigmatisation de « l’étranger » et la réduction des libertés publiques – sont à l’opposé de la société que nous défendons.
Parce que l’extrême-droite a aussi fait du rejet de l’écologie telle que nous la défendons son cheval de bataille depuis des années. En mettant en scène une opposition factice entre écologie et intérêt populaire, et notamment intérêts des agriculteur·ices et des territoires ruraux, l’extrême-droite met tout en œuvre pour décrédibiliser nos combats. À la place, elle propose des mesures contradictoires basées sur un déni des réalités scientifiques : augmentation de la production et de la consommation d’énergie, foi en des technologies immatures ou défaillantes (nucléaire et hydrogène), rejet de toute nécessité d’une transition agricole sans tenir compte des limites de nos écosystèmes, programmes de transition basés sur l’illusion d’une disponibilité infinie de matériaux et d’énergie… Enfin, elle propose une écologie au service des seuls « nationaux » basée sur une compétition xénophobe et raciste entre les être humains, alors que nous prônons le partage équitable des ressources naturelles entre toutes et tous.
Pourquoi l’extrême droite n’est pas Amie de la Terre ?
L’extrême droite est un danger pour les libertés publiques
Nous sommes une fédération qui prend une part active à la vie démocratique française à travers nos alliances au sein de la société civile, mais qui s’inscrit également dans un réseau international présent dans plus de 70 pays. Nous savons, par les autres groupes nationaux de la fédération internationale des Amis de la Terre, ce qu’il en coûte de voir arriver au pouvoir des partis d’extrême-droite. Au Brésil (sous le mandat de Bolsonaro), en Hongrie ; en Russie, ou aux États-Unis après l’élection de Donald Trump, ou plus récemment en Argentine avec l’arrivée au pouvoir de Milei, nos collègues ont pu témoigner du rétrécissement de l’espace des libertés publiques, des persécutions de militant·es écologistes et de la violence qui s’abat sur la vie démocratique.
Depuis quelques années déjà, les dérives autoritaires du gouvernement d’Emmanuel Macron s’attaquent à nos libertés, à travers le vote de lois comme la loi dite « séparatisme » qui instaure un contrôle sur les activités des associations et menace directement celles qui, comme nous, ont parfois recours à la désobéissance civile au nom de l’urgence écologique et sociale ; en mettant en place une répression policière violente et une croissante criminalisation dont nos militant·es et nos allié·es sont victimes alors qu’ils et elles expriment pacifiquement leurs préoccupations pour l’avenir et pour défendre nos biens communs ; en réduisant les subventions et en multipliant les obstacles administratifs à l’expression des libertés associatives comme au travers des « contrats d’engagement républicains ».
Les droits des personnes issues de l’immigration, des femmes (avec notamment le droit à l’IVG) et des communautés LGBTQUIA+ seraient les premiers entachés par un scénario d’accession de l’extrême-droite au pouvoir. Mais l’extrême-droite au pouvoir, ce serait aussi, à n’en pas douter, une répression encore plus violente des mouvements sociaux et écologistes, ainsi qu’une grave menace pour notre indépendance financière qui repose sur les dons – le Rassemblement national a proposé à plusieurs reprises ces dernières années des amendements législatifs consistant à supprimer les règles fiscales propices aux associations -. Enfin, ce serait synonyme d’une multiplication par les préfectures d’obstacles menant la vie impossible aux luttes locales (et notamment pour les groupes locaux Amis de la Terre), mobilisées partout en France pour lutter contre la destruction de nos espaces de vie et préserver les écosystèmes.
Nous ne baisserons pas les bras
Ensemble, nous avons le devoir de faire corps pour lutter de toutes nos forces contre le scénario du pire. Comme nous le faisons depuis des années au sein de l’Alliance écologique et sociale, aux cotés de nos partenaires associatifs et syndicaux, nous nous mobiliserons sans relâche pour empêcher l’extrême-droite d’arriver au pouvoir et pour imposer aux forces politiques qui brigueront les suffrages début juillet des mesures de justice écologique et sociale à même de mettre notre pays sur la voie d’une transition écologique juste.
Nous vivons un moment de potentielle bascule dramatique et le sursaut est indispensable et urgent. Nous restons donc mobilisé·es, et nous appelons toutes celles et tous ceux qui ont à cœur de construire un avenir durable sur une planète vivante, à rejoindre les mobilisations prévues dès ce week-end et à aller voter massivement pour les forces progressistes, écologistes et antiracistes afin de défendre nos droits et nos acquis sociaux et environnementaux face au danger imminent et réel de l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.