Méga-bassines : la noyade de l’agroécologie
Suite à la mobilisation du 29 octobre contre la méga-bassine de Saint-Soline, les Amis de la Terre, signataires de l’appel à mettre fin à la construction de bassines, réitèrent leur soutien à cette lutte.
Climat, création d’emploi agricole et transition agroécologique sont autant de nos priorités qui sont mises en péril par ces outils au service de l’agrobusiness. Dans le monde tel qu’il est, nous réaffirmons la nécessité de la désobéissance civile non-violente pour la construction de sociétés soutenables.
Manifeste Pour des sociétés soutenables
Méga-bassines : symbole de la mal-adaptation climatique
Certain·es prétendent que les bassines sont un outil d’adaptation face à la crise climatique.
Les scientifiques s’accordent cependant pour dire qu’elles sont un exemple de mal-adaptation, c’est-à-dire qu’elles empirent les problèmes qu’elles sont censées résoudre. Les bassines pompent en effet l’eau des nappes phréatiques pour approvisionner quelques exploitations agricoles, et occultent ainsi plusieurs questions urgentes : Quid de la sobriété vis-à-vis de la ressource en eau ? Quid du changement de pratiques agricoles pour réduire les besoins ? Quels sont les autres usages prioritaires ?
Face à cette crispation sur l'eau qui conduit des gens à se mettre en danger et d'autres à les mettre en danger, voici quelques éléments sur les "bassines"
🧵 1/n— florence habets (@florencehabets) October 31, 2022
La méga-bassine de Saint-Soline contient la consommation moyenne annuelle en eau de 13 000 Français·es !
Oui nous avons un problème d’approvisionnement en eau, comme les sécheresses de cet été l’ont montré. Mais non, les bassines ne font pas partie de la solution.
Une lutte au service des agriculteur·ices
Ces bassines sont très coûteuses, ce ne sont donc que les plus grandes exploitations qui peuvent se les offrir – non sans aides publiques. Or, ces grandes exploitations, en plus d’accaparer l’eau pour maintenir leur modèle agricole hyper-consommateur, accaparent aussi les terres. Ce phénomène d’accaparement implique des impacts environnementaux désastreux, car l’exploitation de grandes surfaces s’appuie sur une hyper-simplification des pratiques et donc des monocultures dépendantes de pesticides et d’engrais. Mais les bassines sont aussi destructrices d’emplois : pour pouvoir exploiter de grandes surfaces avec un minimum de coûts, ce sont les machines et non des humains qui travaillent la terre. En bref, les bassines entretiennent un modèle agricole totalement dépassé au vu des enjeux sociaux, économiques et environnementaux contemporains.
La nécessité de la désobéissance civile
Le mouvement de lutte contre les bassines a tenté par plusieurs moyens légaux de mettre un terme à la construction de nouvelles bassines, sans succès. Pourtant, les concertations multi-acteurs des Assises de l’eau (2019) ont conclu à la nécessité de réduire les prélèvements d’eau en France, et la Région Nouvelle-Aquitaine excluait tout financement de bassines dans sa stratégie pour l’eau. En revanche, la plupart de ces bassines sont construites en toute illégalité.
La désobéissance civile consiste à sortir des cadres légaux lorsque des causes légitimes ne peuvent plus progresser dans ce cadre. Droit de vote des femmes, fin de l’apartheid, abandon de méga-projets aéroportuaires, etc. La liste des victoires obtenues par la désobéissance civile est longue. Elle a d’ailleurs commencé à porter ses fruits contre les bassines avec le retrait de l’assureur Groupama qui assurait la bassine de Saint-Soline. Nous continuons donc de pratiquer et de revendiquer la désobéissance civile non-violente.
L’utilisation du terme « éco-terrorisme » par le Ministre de l’Intérieur représente, au mieux, une tentative de concentrer l’attention médiatique sur les modes d’action pour ne pas avoir à parler du fond. Au pire, une menace pour notre démocratie en ouvrant encore davantage la voie à la criminalisation des mouvements écologistes.