Multinationales
15 mars 2013

Corée du Sud : le fondateur des Amis de la Terre condamné à un an de prison !

Choi Yul : « Si être membre du mouvement écologiste me rend coupable, alors j’accepte avec joie ma condamnation. Je laisse à l’environnement qui est le tribunal du futur, le soin de me juger. »

En juin 2011, une délégation des Amis de la Terre Asie/Pacifique visitait les projets de barrages sur les quatre principales rivières de Corée. Cet ensemble de projets risque de détruire les écosystèmes fluviaux et transformer des rivières tortueuses en cours d’eau rectilignes. En dépit des affirmations du gouvernement coréen, il semble peu probable que ces barrages puissent prévenir les risques d’inondation et améliorer la qualité de l’eau. Malgré les demandes de suspension et une opposition massive dans toute la Corée, le projet se poursuit.

C’est ce modèle désastreux que le gouvernement coréen essaye de reproduire en Thaïlande où il soutient les efforts des firmes coréennes pour obtenir le contrat de chantier. Nos collègues coréens s’opposent à ce projet depuis plusieurs années.

En janvier le président coréen Lee Myung Bak a prévenu, lors d’une réunion de cabinet, que les associations qui s’opposent aux efforts des compagnies coréennes sont « antipatriotiques » et « anti-Etat ».

Le gouvernement est passé à l’acte. Le leader écologiste, Mr Choi Yul, a été arrêté et condamné à un an de prison.

Mr Choi Yul a fondé la Fédération Coréenne des Mouvements Ecologistes (KFEM) qui fait partie, depuis 2002, de la Fédération Internationale des Amis de la Terre. Il est aussi dirigeant de la Fondation Verte de Corée.

En 1995, il était honoré par le Golman Prize – le Prix mondial pour l’environnement – pour avoir mené une campagne nationale contre la construction d’un centre pour déchets nucléaires, projeté sur l’île d’Anmyon.

En condamnant Mr Choi Yul, c’est tout le mouvement écologiste que le gouvernement coréen essaye d’intimider par ce jugement qualifié par nos collègues « de politiquement orienté, juridiquement injuste et moralement corrompu ».

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Voici la lettre que Mr Choi Yul a envoyée aux membres de la Fondation Verte de Corée, datée du 6 mars 2013.

Je reviens bientôt

A tous ceux qui ont toujours soutenu la Fondation verte de Corée.

Je vous annonce aujourd’hui, une mauvaise nouvelle : la Court Suprême m’a condamné à un an d’emprisonnement. C’est l’aboutissement des investigations menées par le gouvernement et qui visait les écologistes et les organisations écologistes qui se sont opposés au projet de réaménagement des quatre rivières, ces cinq dernières années. Si être membre du mouvement écologiste me rend coupable, alors j’accepte avec joie ma condamnation. Je laisse à l’environnement qui est le tribunal du futur, le soin de me juger.

J’ai travaillé sans relâche ces trente dernières années et grâce à ce don du ciel, j’ai la chance de pouvoir me reposer et étudier pendant un an. Il y a 37 ans, lorsque j’ai été emprisonné pour avoir rejoint le mouvement pro-démocratie, j’ai pris pour la première fois conscience qu’il fallait aussi créer un mouvement pour l’environnement. Le moment est venu pour moi de renforcer mes connaissances afin d’ouvrir la voie à une seconde vague, à un second mouvement écologiste encore meilleur.

Le mois dernier, je rencontrais Mme Aung San Suu Kyi, la figure de proue du mouvement birman non-violent pour trouver auprès d’elle le soutien pour le projet « Un millier d’ampoules solaires ». Bien qu’elle ait été elle-même longtemps prisonnière, je me rappelle qu’elle m’a dit « Considérez que vous êtes libre. Ils peuvent enchaîner votre corps, mais pas votre esprit. Soyez le maître de votre esprit, alors personne ne peut vous atteindre. » C’est sûr que mon corps ne sera pas libre, cette année qui vient, pourtant personne ne pourra empêcher cet esprit de continuer à travailler pour l’environnement. Grâce à la méditation et l’introspection, je vais essayer de trouver des moyens de créer une meilleure vie pour nous tous, cela veut dire aussi u état d’esprit qui ne se préoccupe pas seulement de l’environnement mais aussi prend en compte la politique, l’économie, la société et chose encore plus importante le monde des affaires. Je vais aussi m’efforcer à concevoir la Communauté sud-asiatique pour la vie et la Paix de façon que la Fondation puisse voler encore plus loin. Dernier point, je vais travailler sur ma tolérance et apprendre comment induire de l’empathie de la part de ceux qui pensent différemment de nous.

Un an, ce n’est pas long. Je vous revois bientôt. Merci