Dakota Access Pipeline : pourquoi les banques doivent toujours agir
Le Dakota Access Pipeline a très peu de chances d'être arrêté. Pourtant, il faut se mobiliser en direction des banques qui ont rendu ce projet possible et portent une partie de la responsabilité des violations des droits fondamentaux et des violences commises à l'encontre des Sioux de Standing Rock
Le Dakota Access Pipeline se construit et il est désormais trop tard pour protéger les droits à l’eau des Sioux de Standing Rock. Les pelleteuses sont à l’oeuvre pour faire passer le pipeline sous le lac Oahe et le serpent noir trace son chemin à travers les terres sacrées de la tribu.
Rappelons-nous, en décembre dernier, suite aux condamnations internationales de l’extrême violence de la répression de Standing Rock par les forces armées américaines et celles à la solde des entreprises, l’administration Obama décide de suspendre le projet et demande l’étude d’un tracé alternatif. Mais un mois et demi plus tard, à peine installé à Washington, le nouveau Président des Etats-Unis relance le projet.
Les banques françaises, comme les 13 autres impliquées dans le projet, versent la dernière partie du financement de projet en février 2017. Loin sont les inquiétudes quant au respect des droits humains les plus fondamentaux qu’elles faisaient valoir dans leurs déclarations publiques quelques semaines plus tôt. Au total, toutes verseront environ 120 millions de dollars pour un financement de projet total de 2,5 milliards de dollars.
Les entreprises en charge du projet, et en particulier Energy Transfer, se doivent aussi de lever d’autres fonds pour leur projet de 3,8 milliards de dollars, à travers des financements d’entreprises. BNP Paribas, Natixis et Crédit Agricole apporteront toutes leur contribution, les deux premières signant même un nouveau contrat de financement en mars 2017 alors que rien ne les y obligeaient et alors que les violations de droits humains ne sont ignorées de personne.
Le 23 et 24 mai, les banques françaises tiendront leur Assemblée générale et ce sera pour elles l’occasion de répondre de leurs actes devant des défenseurs de Standing Rock venus les interroger. Concernant le Dakota Access Pipeline, elles pourront essayer de se défendre en reconnaissant les erreurs commises mais en disant que c’est affaire classée et en rappelant leurs engagements et politiques en matière de responsabilité sociale et environnementale. Mais elles ne convaincront pas en fuyant leurs responsabilités.
Loin d’être pieds et poings liés, elles peuvent vendre leur part dans le financement de projet mais cette mesure, que nous demandions encore en janvier 2017, n’a plus d’intérêt étant donné que l’intégralité du prêt a été versé. Non, pour montrer que des lignes rouges ont été franchies avec le DAPL, elles doivent exclure les entreprises impliquées dans le projet de tout futur soutien.
Elles doivent aussi s’engager à respecter le droit des populations amérindiennes et plus généralement des peuples autochtones, dans tous les projets qu’elles financent, et exclure de leurs soutiens toutes les entreprises qui n’en feraient pas autant. Car le DAPL a fait éclaté une réalité que la communauté internationale fait semblant d’ignorer, celle de l’oppression et des violations des droits humains de ceux et celles qui vivent selon des règles autres que celles définies par le modèle dominant.
Outre-atlantique, les peuples autochones sont en première ligne des impacts des projets d’énergies fossiles. Trop souvent pas même consultées en amont des projet alors que c’est une obligation de la convention 169 des Nations-Unies, leurs ressources sont polluées, leur accès à l’eau potable est menacé et leurs sites sacrés et ancêtres sont profanés.
Tout ceci n’a que trop duré et le DAPL a levé un vent de colère qui est est là pour durer. Déjà, la mobilisation non violente mais déterminée s’organise contre les quatre nouveaux serpents noirs, des oléoducs de sables bitumineux : Keystone XL relancé par l’administration Trump en même temps que le DAPL, Energy East, Line 3 et Trans Moutain.
Pour les banques françaises et en particulier pour Crédit Agricole qui finance l’intégralité des entreprises derrière ces 4 projets, le 23 et 24 mai devront être l’occasion d’affirmer qu’ils ne soutiendront pas, ni directement ni indirectement, ces projets. Et si elles ratent cette occasion, nous serons là.