De l’empreinte écologique à l’espace écologique
L’empreinte écologique est un indicateur qui permet d’évaluer la surface de sol nécessaire pour produire les ressources consommées par une population et pour absorber ses déchets. Ainsi, un européen a une empreinte écologique d’environ 4,8 hectares. En multipliant par le nombre d’humains, on constate que si tout le monde vivait comme un européen, il faudrait trois planètes !
Or, nous n’avons qu’une seule planète et c’est bien là
la limite de l’empreinte écologique : à partir de là, que faut-il faire ? S’assurer que les plus pauvres n’augmentent pas leur empreinte écologique afin que le maintien voire le renforcement des inégalités nous permette de vivre tous sur une seule planète ? Une réponse plus juste
consiste à introduire la notion d’équité : chaque humain devrait avoir le même droit d’utiliser les ressources. C’est le concept d’espace écologique. En pratique, il s’agit de définir pour chaque type de ressources un seuil minimum de consommation et un plafond maximum prenant en compte la capacité de régénération des ressources renouvelables et le stock de ressources non renouvelables.
Respecter l’espace écologique de chacun conduit à questionner la façon dont s’organise le commerce international aujourd’hui car il conduit directement ou indirectement à un accaparement des terres des plus pauvres par les plus riches. Pour autant, si le concept d’espace écologique est indissociable d’une relocalisation forte des activités, cela n’est pas pour autant incompatible avec un commerce international, plus équitable, notamment pour certaines ressources inégalement réparties à la surface du globe.
Le seuil maximum correspond à un plafond de consommation
au delà duquel on empiète sur l’espace écologique de quelqu’un d’autre. Par exemple, en prenant en compte la capacité d’absorption naturelle de la biosphère, il faudrait que chaque humain n’émette pas plus de
2 tonnes de CO2 par an pour contenir les changements climatiques. Or, un français émet plus de 6 tonnes de CO2 par an et un habitant des États-Unis émet plus de 20 tonnes de CO2 par an.
Le seuil minimum correspond à la satisfaction des besoins de base (se nourrir, se loger, se chauffer…). Il s’agit, par exemple, de garantir à chacun l’accès à 50 litres d’eau par jour pour boire ou se laver (d’après l’Organisation Mondiale de la Santé), ou encore à 35 kilos de papier par an indispensables pour l’éducation et la vie démocratique (d’après le collectif d’ONG European Paper Network).
En résumé, pour que chacun puisse répondre à ses besoins fondamentaux, il est indispensable de réduire fortement la consommation dans les pays industrialisés dans les prochaines décennies et de la rééquilibrer entre les plus riches et les plus pauvres.
* renouvelable :on distingue les ressources renouvelables comme le bois ou le poisson des ressources non renouvelables comme les métaux. Il est possible de gérer des ressources renouvelables de façon durable si l’on ne prélève pas plus que l’accroissement naturel. Le pétrole est considéré comme une ressource non renouvelable ou fossile car il faut des millions
d’années pour le former à partir de débris de végétaux.
Illustration : Sébastien Chebret