Déclaration de Durban sur REDD
A quelques mois de l'ouverture de la COP 21, les Amis de la Terre France soutiennent la déclaration contre REDD + et rappellent que les pays industrialisés doivent assumer des efforts de réduction ambitieux plutôt que de miser sur des mécanismes de compensation carbone injustes et inefficaces. Les forêts ne sont pas à vendre!
Nous, communautés locales, mouvements paysans, peuples autochtones et organisations de la société civile africaine et mondiale, appelons les Nations Unies, le Congrès forestier mondial, la FAO, la Banque Mondiale et les Etats à rejeter les formes de développement imposées par le haut, en particulier les fausses solutions au changement climatique et à la préservation des forêts et de la biodiversité, qui servent uniquement l’économie de marché dominante.
Nous sommes unis pour combattre et rejeter la marchandisation, la privatisation et le pillage de la nature, notamment REDD+1 et d’autres mécanismes de marché – dont la compensation biodiversité et écologique – qui placent le profit au-dessus du bien-être de l’humanité et de la planète.
Ces mécanismes incluent la “financiarisation de la nature”, c’est à dire la marchandisation, la séparation et la quantification des cycles et du fonctionnement naturel du carbone, de l’eau, des forêts, de la faune et de la biodiversité en les transformant en “unités” à vendre sur les marchés financiers et spéculatifs. La Planète Terre est source de vie et a besoin d’être protégée plutôt que d’être considérée comme une ressource à exploiter et à échanger comme “capital naturel”.
REDD+ est le pilier de l’économie verte. REDD+, qui inclut déjà les forêts, les plantations et l’agriculture dans le marché du carbone, est faussement présenté comme une solution pour sauver les forêts et le climat mondial. C’est aussi le principal résultat attendu de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris, en décembre 2015.
Des rapports montrent que la déforestation et les émissions qui y sont liées se poursuivent et que REDD+, au lieu de les réduire, porte atteinte aux communautés qui dépendent des forêts pour vivre et à celles qui produisent la majorité de la nourriture dans le monde : les petits agriculteurs. De plus :
REDD+ encourage la monoculture d’arbres et les arbres génétiquement modifiés
REDD+ exacerbe l’accaparement des terres et la violation des droits humains
REDD+ restreint l’accès aux forêts, ce qui menace les moyens de subsistance des communautés et leurs pratiques culturelles
REDD+ est associé à d’autres mécanismes de compensation, dont les paiements pour services environnementaux (PSE)
REDD+ impose une économie de marché néo-libérale sur les forêts, qui conduit à l’affaiblissement et la monétarisation de la conservation communautaire et des processus sociaux et culturels et à la création d’inégalités
les projets REDD+ ont tendance à obliger les communautés locales à entrer dans l’économie de marché et à devenir de la main-d’oeuvre exploitée
REDD+ empêche de nombreuses politiques nécessaires de soutien des approches bioculturelles internes pour préserver et restaurer la biodiversité
C’est pourquoi nous nous joignons au Réseau contre REDD en Afrique (No REDD in Africa Network) et à l’Alliance mondiale contre REDD (Global Alliance against REDD) pour demander aux gouvernements, aux Nations Unies et aux institutions financières de mettre fin à l’expérimentation désastreuse de REDD+ et de commencer enfin à s’attaquer aux véritables causes de la déforestation et du changement climatique!