EDF : « le charbon est notre avenir, développons-le »
EDF, première entreprise française d’électricité, se targue d’une production d’énergie à 87% sans émissions de CO2.
Voir le rapport d’activité d’EDF de 2011 (p.31), pour accéder au détail de ses choix énergétiques.
Les deux premiers postes de production d’électricité proviennent du nucléaire (79,6 %) et des énergies fossiles (8,2 %). L’éolien et le solaire, quant à eux, ne contribuent qu’à 1,5 % de la production totale. Des choix discutables quand on sait qu’il faut limiter à un tiers l’exploitation des ressources fossiles connues d’ici 2050 pour cantonner l’augmentation de la température du globe à 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle et que le nucléaire constitue un risque inacceptable comme le montre, une fois de plus, la catastrophe en cours à Fukushima.
Le charbon, ça suffit ! (mais en Pologne et en Serbie, d’accord)
En France, sur les 15 centrales à production thermique d’EDF, six fonctionnent encore au charbon. Cependant, la majorité est soumise aux restrictions imposées par la directive européenne 2001/80/CE 1 qui impose des limites d’émission pour le dioxyde de soufre (SO2), le monoxyde et le dioxyde d’azote (NOX) et les poussières. En conséquence, EDF fermera dix de ses tranches d’ici 2015. Pour autant, l’entreprise n’abandonne pas complètement le charbon. D’une part, elle envisage la construction d’une centrale supercritique pour remplacer une partie du parc français . De l’autre, elle dispose directement ou via l’entremise de ses filiales d’un certain nombre de centrales en Europe de l’Est, et cherche à poursuivre de nouveaux investissements. Logique, pour un groupe qui a fait de « la lutte contre le changement climatique sa priorité 2 » ?
Sous les fumées, EDF : état des lieux à Rybnik (Pologne)
et à Kolubara (Serbie)
Mais qui décide ?
Le Conseil d’administration d’EDF est composé de 18 administrateurs. L’Etat, qui détient 84,48 % des parts (ce qui le place en position d’actionnaire majoritaire) en nomme six. Ils sont choisis au sein des ministères (ministère de l’Economie et des Finances, ministère du Redressement productif, ministère des Affaires étrangères) et des établissements publics à caractère industriel et commercial (CNES, ADEME). En conséquence, les choix politiques et stratégiques de l’entreprise relèvent clairement de la responsabilité publique. Par cohérence, les engagements français en matière d’environnement et de climat devraient s’appliquer aussi aux entreprises où l’Etat est plus que partiellement décisionnaire.
Directive 2001/80/CE du 23 octobre 2001 relative à la limitation des émissions de certains polluants dans l’atmosphère en provenance des grandes installations de combustion, disponible sur : http://europa.eu/legislation_summaries/environment/air_pollution/l28028_fr.htm
EDF, Rapport d’activité 2011, p.30, à consulter sur : http://www.edf.com/html/RA2011/pdf/EDF2011_full_vf.pdf
Selon les données du gouvernement polonais, à consulter sur: http://www.mg.gov.pl/files/upload/8134/Polityka%20energetyczna%20ost_en.pdf
La production polonaise de charbon a décru ces dernières années. Comparativement aux autres pays, les coûts de production sont élevés. Les données sont rendues disponibles par l’AIE, « Coal Medium-Term Market Report 2011 », à consulter sur: http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/Medium_Term_Coal_Market_Report2011.pdf