Gaz de couche : les forages en Lorraine ont commencé
Si vous croyiez que la loi de 2011 interdisant la fracturation hydraulique avait éloigné la menace des forages et des pollutions de l'eau, de l'air et des sols du territoire français, nous vous invitons à aller faire un tour en Moselle cet été.
Revenons à l’historique en Moselle
Le sous-sol mosellan contient du gaz de couche. Dès 2006-2008, la société European Gas Limited fore des puits d’exploration des gaz de couche sur les sites de Diebling et de Folschviller, les documents mentionnent alors officiellement le recours futur à la technique de la fracturation hydraulique. En 2011, la loi interdisant la fracturation hydraulique est adoptée, et toute mention de cette technique disparaît des documents de l’entreprise.
Et la technique mise au point par cette entreprise n’est pas opérationnelle puisque le forage de Tritteling, avec 3500 m de drains multilatéraux cumulés n’a pas permis la certification de nouvelles ressources. Ce qui n’empêche pas celle-ci de faire de nouvelles demandes et d’obtenir l’autorisation de forer de nouveaux puits, cette fois sur les sites de Tritteling, Pontpierre, Longeville, Lachambre, Zimming, etc.
A l’international
En Australie, le gaz de couche est exploité depuis les années 2000. De nombreux témoignages ne peuvent qu’alimenter les craintes1: les riverains des puits souffrent de maux de tête, de saignements de nez inexpliqués, d’irritations de la peau et du bruit constant des engins.
A ces problèmes sanitaires s’ajoutent les problèmes environnementaux : menaces sur la quantité d’eau disponible, risques de contamination de la nappe phréatique, fuites de méthane qui contribuent grandement aux changements climatiques. Enfin, quelle vie économique et sociale peut co-exister dans le paysage de désolation que représente un territoire morcelé de centaines de puits ?2
Creuser et forer : pourquoi faire ?
Ces impacts humains et environnementaux sont très peu encadrés en France. D’une part, le code minier qui encadre la délivrance des permis est obsolète. Les gouvernements de droite comme de gauche ont annoncé sa réforme depuis 2012. En vain. D’autre part, le peu de garde-fous prévus par ce code minier obsolète ne sont pas appliqués. En effet, une entreprise doit montrer qu’elle dispose des « capacités techniques et financières » pour obtenir un permis.
Or European Gas Limited est un montage financier douteux, changeant fréquemment de statuts, elle est endettée à hauteur de 26 millions d’euros en 2014 et n’a aucune expérience dans l’exploitation des gaz de couche sans fracturation hydraulique.
Pourtant la préfecture lui délivre des permis et des élus locaux la soutiennent. Il faut dire que la compagnie a ajouté « Française de l’énergie » à son nom originel pour faire « couleur locale ». Une opération marketing qui ne change en rien son « (in)capacité technique et financière ».
S’opposer à ces projets en Lorraine est essentiel pour protéger l’environnement local
Mais au-delà du local, c’est un enjeu global car l’ensemble des scénarios scientifiques montrent que pour avoir une chance raisonnable de rester sous les 2°C de réchauffement climatique d’ici la fin du siècle, il faut laisser 80 % des énergies fossiles dans le sol. Et encore, ce n’est que pour se donner une chance d’éviter un emballement climatique, ce n’est pas une garantie. Dans ces scénario, les gaz et pétrole « non conventionnels » n’ont pas leur place.
Nos demandes
Les Amis de la Terre France, pour toutes ces raisons, demandent que le droit français interdise toute exploration et exploitation des gaz et pétrole de schiste et de couche, peu importe la technique utilisée, et refusent qu’on en importe d’Australie ou d’ailleurs.
Ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain. Sortons de l’âge des fossiles !