Géopolitique des Agrocarburants : Manifeste pour un dé-développement
"Le chemin que nous proposons, depuis le Sud" par Sur Global.
“La reproduction de l’état actuel de la civilisation occidentale prédatrice, dont la doctrine est le néolibéralisme globalisé, a pour base matérielle le pétrole.La transition vers une société post-pétrolière et vers un sens nouveau du mot « développement », la construction d’une Voie pour dépasser le capitalisme, se feront sur des bases écologiques ou ne se feront pas. Une bouffée d’air frais en provenance d’Amérique du Sud et Centrale !
Grand merci à Juanito des Amis de la Terre-Landes pour sa contribution précieuse pour la traduction.
La géopolitique des agrocarburants
Une première réunion des organisations du Sud eut lieu en Equateur (Latitude 0), du 27 Juin au 1 Juillet 2007 pour discuter sur les agrocarburants et le défi du ” développement ” dans une société post-pétrolière. Nous, le Sud Mondial (Sur Global), nous invitons à un débat en ces termes :
Nommés de façon appropriée AGROCARBURANTS par les mouvements sociaux, les ” biocarburants ” – et toute la production d’énergie à partir de la biomasse telle qu’elle a été promue par les gouvernements, les multinationales, les agences d’aide au développement, les Nations Unies, les institutions financières internationales et les autres acteurs intéressés par son développement à grande échelle et sa commercialisation au niveau international – ne changent pas, mais au contraire, perpétuent le modèle de production et de consommation de la civilisation moderne, urbaine et industrielle.
La crise écologique et énergétique qui frappe toute la planète, en particulier l’urgence de freiner le réchauffement planétaire et d’ouvrir la voie à une transition vers une société et une économie post-pétrolières, nous obligent à une analyse plus profonde et à des changements politiques vraiment transformateurs. Tout en reconnaissant qu’il est nécessaire de chercher des énergies renouvelables alternatives, il est indispensable d’analyser en termes structurels, la stratégie mondiale qui fait fébrilement la promotion de l’agro-énergie.
Les hydrocarbures sont la principale force motrice de l’économie mondialisée, où l’extraction et le contrôle des carburants fossiles ont une relation intrinsèque avec les réseaux du pouvoir qui contrôlent le monde en contrôlant l’énergie. De plus, nous pouvons confirmer que dans cette civilisation pétrolière les principaux malheurs, catastrophes climatiques, guerres, famines, déplacements forcés et esclavage sont précisément liés au contrôle militaire des territoires et de l’énergie fossile.
La matrice énergétique/industrielle basée sur les carburants fossiles, qui soutient l’actuelle civilisation urbaine industrielle et l’état de développement, est en crise. Ces sources d’énergies sont en train de s’épuiser, donc le capitalisme cherche désespérément de nouvelles formes de production d’énergie, y compris les agrocarburants. Pour nous, pays agroexportateurs du Sud, soumis à cet état par la logique de la dette externe et de l’histoire coloniale, les agrocarburants incarnent un nouvel ancrage du modèle de l’agrobusiness et de l’agriculture industrielle. Celle-ci rassemble les monocultures, les biotechnologies, les agrotoxiques, le capital financier et l’exportation.
Les agrocarburants représentent la mise en place d’une nouvelle géopolitique mondiale.
Les précédents et les axes de résistance : la Souveraineté Alimentaire.
Le modèle de l’agriculture industrielle, qui a commencé avec la Révolution Verte, est pétro-dépendant pour l’énergie et les facteurs de production. La fin de l’ère des énergies fossiles entrainera la mort de l’agriculture industrielle. De plus, les plantations, une invention coloniale, sont la racine historique des monocultures industrielles actuelles. Cette invention coloniale reproduit et multiplie sa rationalité et sa logique productive.
Le contrôle du système agroalimentaire mondial constitue un des principaux éléments de la mondialisation. Les effets des politiques néolibérales sur les zones rurales, l’expansion de l’agro-biotechnologie, la prolifération des accords de libre-échange, y compris la lutte contre un Accord sur l’Agriculture à l’OMC, tous ces facteurs furent la force catalysatrice d’un mouvement paysan international (la Vía Campesina). De même, la privatisation des ressources et des écosystèmes naturels dans les territoires indigènes a renforcé la résistance des Peuples Autochtones.
Le projet politique de ces mouvements est la ” Défense de la Souveraineté Alimentaire”. Elle s’exprime par le droit des peuples à décider et à contrôler leurs politiques de production, de distribution et de consommation des aliments, et la commercialisation ou non des excédents, seulement après avoir garanti les besoins de la population par les ressources propres à leur territoire. Cela devrait être en accord avec leurs pratiques culturelles et environnementales. C’est un projet radical qui exige la transformation des économies agro-exportatrices du Sud et la transformation des modèles de consommation du Nord.
Puisque la protection des ressources naturelles comme la terre et l’eau est inséparable de la pratique de l’agriculture, les décisions sur leur utilisation et leur gestion ne peuvent pas être prises par des producteurs individuels en fonction de la propriété privée de la terre. Ainsi, la Souveraineté Alimentaire, en tant que principe politique, propose que l’autodétermination des peuples soit garantie par une décision collective sur la production des aliments et sur les activités agricoles, pastorales, de pêche et de cueillette. Cela fait de la Souveraineté Alimentaire un principe fondamental.
L’industrialisation de l’agriculture, par sa nature même, entraine l’expulsion des paysans et elle incarne une agriculture sans agriculteurs. Elle affecte dés le départ toute la société. Elle implique l’expropriation des communautés et le pillage des territoires, la concentration et la privatisation de la terre et des sources d’eau, l’érosion de la biodiversité, la destruction des écosystèmes naturels, la violence et la militarisation pour le contrôle des ressources naturelles.
En tenant compte de la richesse du débat politique collectif développé par les mouvements sociaux, nous posons le problème des agrocarburants – que nous avons déjà défini comme un renforcement de l’agrobusiness – en termes de Souveraineté Alimentaire.
Ce processus de marginalisation des communautés qui commence dans les zones rurales, est la cause d’une urbanisation accélérée, qui elle-même provoque la crise de l’énergie, des infrastructures, des logements, de l’alimentation, de la santé et autres services de base, de l’emploi et de l’accès à la nourriture dans les villes. La pauvreté urbaine engendre la violence, les conflits et le malaise social qui caractérise les grandes villes du Sud.
C’est un processus mondial, hégémonique et dialectique, qui a conduit à une crise écologique et énergétique incontestable. Cette crise ne peut pas être “résolue “par des réponses technologiques comme les semences transgéniques, présentées comme solution à la ” faim”, alors que leur objectif final est le contrôle de la production agricole, l’imposition des droits de propriété intellectuelle et la commercialisation de la Vie et de la Nature. Les agrocarburants, promus pour résoudre une possible crise énergétique, sont une fausse solution au problème du changement climatique. Ils ne tiennent pas compte des problèmes structurels posés par les agglomérations urbaines qui sont approvisionnées par des marchandises transportées depuis différents points de la Planète. Cela oblige les gens à se déplacer sur des distances de plus en plus grandes et cela engendre une demande d’énergie sans fin.
La solution ne peut pas non plus venir des instruments mercantiles comme le commerce du carbone, la vente de services environnementaux, les certifications “vertes”, les tables rondes “sur la durabilité”, l’introduction des plantations de carbone dans les projets de Mécanisme de Développement Propre du Protocole de Kyoto (MDP) et d’autres trouvailles dont l’environnementalisme de marché fait la promotion. Ces instruments engendrent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. Nous nous opposons radicalement à ces propositions et à ces positions.
L’idéologie du “développement”, élaborée après la seconde guerre mondiale comme une manière d’étendre le colonialisme, cache la continuité et le renforcement de la logique de pillage. Autour de cette idéologie, on créa des pratiques, des institutions et des structures qui, au nom du développement, ont prolongé et diversifié les façons de piller le Sud. A la fin du XX ème siècle, le développement s’habilla en vert et le terme ” développement soutenable” fut créé pour ” soutenir” la domination du modèle colonial.
Les points exposés ci-dessus sont le résultat du débat qui eut lieu durant notre réunion. Ils expriment l’ensemble et la complexité des réflexions que nous avons menées sur le sujet. Nous considérons que ces points ne sont pas négociables. Si vous partagez notre vision, nous vous invitons à continuer la lecture.
La géopolitique des agrocarburants
La soumission des systèmes agricoles locaux au modèle industriel et à une demande énergétique exogène, est une question politique qui suppose des relations de pouvoir sur les écosystèmes et les peuples. Ce pouvoir se manifeste à deux niveaux bien définis :
Synthèse: La reproduction du capitalisme dans une société en transition vers l’ère post-pétrolière dépend en ce moment de l’appropriation et du contrôle, y compris militaire, de gigantesques étendues de territoire. La résistance doit prendre comme axe, de garantir l’intégrité de la souveraineté sur les territoires, garantissant ainsi la nourriture et l’énergie locale. Résister c’est construire les souverainetés énergétique et alimentaire tout en redéfinissant la souveraineté politique.
Les grands itinéraires des agrocarburants
Actuellement nous avons identifié les grands itinéraires centraux suivants pour les flux d’agrocarburants en provenance du Sud.
La triste histoire de l’huile de palme.
Les plantations de palmiers dans les écosystèmes naturels et les territoires indigènes.
Actuellement, 88% du commerce mondial de l’huile de palme provient de Malaisie et d’Indonésie, chiffre qui suit l’expansion de la surface couverte par cette culture. Ces 20 dernières années la production a doublé en Malaisie et a triplé en Indonésie, entrainant la disparition de leurs forêts tropicales. L’augmentation des plantations de palmiers en Malaisie et en Indonésie fait suite à la demande croissante d’huile de palme pour le marché européen.
Malgré les discours officiels, certifiant que l’industrie du palmier à huile n’a pas provoqué de déforestation, le gouvernement du Sarawak, en Malaisie orientale, a admis qu’il a concédé 2,4 millions d’hectares de forêts pour les palmiers à huile, la pâte à papier et le papier. Ce chiffre peut atteindre 3 millions d’hectares fin 2007, représentant le quart de la surface du Sarawak. Les plantations industrielles de palmiers sont souvent la propriété d’entreprises multinationales du bois. Celles-ci, après avoir déboisé leurs concessions pour l’extraction du bois, en feront des monocultures de palmiers, transformant la forêt en huile.
Même si ces forêts sont réclamées par les communautés indigènes comme faisant partie de leurs territoires traditionnels, et bien que de nombreuses communautés dépendent des ressources de la forêt pour leur subsistance, ni la législation, ni le gouvernement n’ont reconnu totalement leur droit coutumier; et malgré leurs protestations incessantes, les plantations de palmiers continuent de s’étendre.
Dans d’autres pays tropicaux, aussi, l’huile de palme représente la principale source de production de biodiesel, aux dépens des écosystèmes naturels et des territoires indigènes. Le cas le plus préoccupant est celui de la Colombie, où les plantations de palmiers sont aux mains des paramilitaires qui déplacent des populations entières.
Le développement des cultures de palmiers en Malaisie, en Indonésie et dans d’autres pays tropicaux, suit l’augmentation de la demande d’huile de palme sur le marché mondial, surtout depuis que l’Union Européenne s’est fixé des objectifs obligatoires pour remplacer les combustibles fossiles par les agrocarburants .
Afrique et agrocarburants : en route vers un pillage encore plus grand
Il y a un grand nombre d’acteurs impliqués dans la promotion des agrocarburants en Afrique. Le Brésil se présente comme le stratège le plus fin et le plus rapace.
Le Brésil s’est tourné vers le continent africain. Il le voit comme une pièce importante dans son ambition de créer un marché mondial pour l’éthanol. Ce pays a réussi, avec succès, à obtenir l’appui de plusieurs pays africains, comme le Sénégal et le Bénin par l’intermédiaire d’accords bilatéraux et trilatéraux de coopération. Le Brésil a pris pour cible l’Union Africaine, laissant de côté plusieurs agences des Nations Unies, pour s’assurer de la mise en application d’instruments légaux et économiques harmonisés, en vue de maintenir un marché viable d’agrocarburants. Par l’intermédiaire du Forum International des “Bio”carburants, le Brésil et ses associés (la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, les Etats-Unis et l’Union Européenne), encourageront de manière agressive un marché international pour les agrocarburants, sans s’occuper du reste du monde, de façon que l’éthanol devienne une matière première sur le marché international. Pour atteindre ces objectifs, des plantations de canne à sucre, silencieuses et stériles prolifèreront sur les sols africains, autrefois consacrés à la culture des aliments.
Dans ce contexte, plusieurs transnationales de l’énergie comme BP, D1 Engrasa et Petrobras ont entrepris des projets d’agrocarburants en Afrique, pour produire de manière indistincte soit des carburants fossiles ou des agrocarburants, dans des pays aussi petits que le Swaziland ou des puissances pétrolières comme le Nigéria. Ces entreprises prédatrices soutiendront n’importe quelle aventure, à n’importe quel coût social ou environnemental, si cela contribue à leur stratégie mondiale de prolongement du pic pétrolier. Dans des pays comme le Ghana, les grandes plantations de jatropha sont fortement liées au marché du carbone dans le cadre des accords de Kyoto.
Le cadre politique en Afrique est maintenant près pour la production à grande échelle d’agrocarburants. Le Mozambique a été choisi comme le leader de l’Afrique australe. Par l’intermédiaire de l’entreprise pétrolière d’Etat, on espère obtenir un investissement de 55 millions de dollars pour des projets concernant la canne à sucre et le Jatropha, dans le but de fournir de l’éthanol et du biodiesel au marché régional et mondial.
Manifeste pour le dé-développement
Le chemin que nous proposons depuis le Sud
Les agrocarburants
Les agrocarburants et toute la production d’énergie à partir de la biomasse, telle qu’elle a été promue par les gouvernements, les grandes entreprises, les agences d’aide au développement, les Nations Unies, les institutions financières internationales et les autres acteurs intéressés par sa production à grande échelle et son commerce international – n’ont pas pour but de changer, mais bien de perpétuer le modèle de production et de consommation de la civilisation moderne, urbaine et industrielle qui a engendré les injustices, les guerres et la destruction de l’environnement.
Le Déclin de la civilisation pétrolière et la reproduction du capitalisme.
La reproduction de l’état actuel de la civilisation occidentale prédatrice, dont la doctrine est le néolibéralisme globalisé, a pour base matérielle le pétrole. Toutes les forces actives qui sont derrière la production, la circulation et la commercialisation mondiale des marchandises dépendent des hydrocarbures : l’industrie des hydrocarbures elle-même, l’industrie agroalimentaire, les compagnies pharmaceutiques, les compagnies de fibres textiles, les industries impliquées dans la production de détergents, de cosmétiques, d’explosifs, de cellulose, de plastiques en général, de matériaux de construction, d’emballages, d’appareils ménagers, etc. De la même façon, le transport mondial des personnes et des matériaux, la mobilité et la vitesse à laquelle les travailleurs se déplacent et les produits s’échangent autour du globe, dépendent aussi des carburants fossiles, que ce soit par la dépendance qui s’est créée autour de l’automobile, par la façon dont les mégapoles ont été dessinées, construites et étendues ou par la façon d’occuper l’espace urbain et les autres territoires.
C’est la demande en énergie et en matières premières pour fournir et maintenir le mode de vie des sociétés du Nord – ce qui se traduit quotidiennement en alimentation, vêtements, logement et mobilité – qui donne corps à l’idéal universel du mode de vie, du bien-être et du « progrès » promu agressivement par la globalisation, comme modèle universel pour l’humanité.
Dans le paradigme actuel de la « croissance », visant l’intégration du marché et du commerce mondial, les agrocarburants sont présentés comme les remplaçants progressifs du pétrole afin de maintenir les modèles non viables écologiquement, de production et de consommation du Nord. Face à cela, nous pensons que ce que l’on doit transformer, c’est le style de vie dont le Nord et les élites du Sud font la promotion et qui s’exprime le mieux par le terme bien nommé d’ « american way of life ». Les principaux consommateurs d’énergie sont les Etats-Unis, l’Europe de l’Ouest, auxquels s’ajoutent aujourd’hui la Chine et les élites minoritaires du Sud.
La Chine, la grande usine du monde, reproduit le modèle de production et de consommation créé par le Nord, en même temps qu’elle approvisionne le marché mondial, surtout celui du Nord, de tout ce que celui-ci consomme. Nous, les gens du Sud, nous considérons que le modèle de croissance de la Chine n’est pas un modèle pour nous.
Le côté matériel de tout ce qui fait partie de la vie quotidienne des pays « développés » (ces mêmes pays qui sont les promoteurs dans le monde du modèle universel de bien-être matériel, de qualité de la vie et de progrès humain) dépend entièrement d’une demande énergétique et écologique irrationnelle, construite historiquement sur le pillage continu de la nature et des peuples du Sud. Pour le Sud du monde, ce modèle « pétrolier » a permis de perpétuer les inégalités, la dépendance technologique, l’endettement, l’appauvrissement des peuples, l’expropriation de leurs territoires et la désacralisation de leurs lieux sacrés. Depuis notre Sud, nous avons fait l’expérience que le mode de vie dont profite une minorité de la Planète est maintenu par l’exploitation de la Nature et du travail humain, de façon à alimenter les flux de marchandises et de services qui ont historiquement causés les changements climatiques, le réchauffement planétaire et la domination du Nord sur le Sud.
Synthèse : Si on pousse les agrocarburants pour remplacer progressivement le pétrole, c’est dans le but prioritaire de maintenir la circulation mondiale des marchandises et la demande écologiquement non-viable d’énergie et de matières premières et ce, afin de promouvoir comme idéal universel, le mode de vie des sociétés du Nord, tout en restant dans leur logique historique de soumission et d’exploitation coloniale des écosystèmes et des peuples du Sud.
Pour contrer le bilan énergétique trompeusement positif des agrocarburants, il nous suffit de faire le bilan historique des dégâts écologiques et sociaux provoqués par la Révolution Verte – elle aussi dépendante du pétrole – et des conséquences de l’agriculture industrielle. Selon la FAO, elle a entraîné la perte de 75% de la biodiversité au cours du siècle dernier, à quoi il faut ajouter le démantèlement des agricultures et marchés locaux. Ainsi, le système agroalimentaire mondial a pu s’imposer par l’intermédiaire des sociétés qui contrôlent la chaine de production et qui ont la plus grande concentration de pouvoir dans le monde : les compagnies de l’agroalimentaire.
Nous, nous pensons que l’unique façon de surmonter la crise climatique et énergétique qui menace définitivement la continuité de toute la Vie sur la planète, est de dépasser le capitalisme.
La transition vers une société post-pétrolière et vers un sens nouveau du mot « développement », la construction d’une Voie de dépassement du capitalisme, se feront sur des bases écologiques ou ne se feront pas. La question énergétique ainsi que celle de la production alimentaire sont les axes de résistance concrets et inséparables pour la construction d’un autre projet de société, de nouvelles relations entre les peuples de l’humanité et entre les peuples et la nature ; c’est grâce à ces axes que l’on pourra, dans les faits, enrayer la logique coloniale et la soumission, inhérentes au capitalisme.
La transition vers cette nouvelle société mondiale – et la stratégie d’autonomie des peuples sur leurs territoires – ainsi que la logique politique qui la sous-tend, devront reposer sur deux principes fondamentaux : garantir la Souveraineté énergétique en accord et en complémentarité avec la défense radicale de la Souveraineté alimentaire.
Le débat sur les agrocarburants doit donc porter sur le paradigme nouveau de dé-développement, c’est à dire d’une transformation structurelle radicale de toute l’économie et de nos modes de vie ainsi que du démantèlement des macro-systèmes énergétiques qui soutiennent et garantissent le pouvoir global.
Voici les axes du dé-développement :
Il s’agit ouvrir une série de débats, au sein des secteurs de la « gauche » dans les différentes régions du globe, en reconsidérant dans ces termes radicaux, le sens d’un projet d’affrontement et de dépassement du capitalisme en accord avec les contradictions de l’accumulation, en ce moment historique.
Etant donné le rôle stratégique des régions centre et sud-américaine dans la promotion et l’installation du modèle mondial d’Agroénergie, et en vue de la Conférence Internationale des « Bio »carburants, patronnée par l’ONU et qui aura lieu au Brésil en juillet 2008, nous réaffirmons que notre tâche est de questionner les gouvernements promoteurs du “Socialisme du XXIème siècle”, sur le modèle énergétique qu’ils comptent mettre en place pour soutenir ce projet, tout en refusant des cooptations nationales au modèle proposé par le capital.
Pour que cette vision soit le fondement d’un programme politique de l’ère post-pétrolière, nous, les signataires ci-dessous, nous engageons à reformuler nos positions – sans aucune concession – comme l’impose la radicalité des crises écologique et énergétique actuelles.