Huile de palme : quel avenir pour la raffinerie de La Mède ?
Alors que Total a engagé des travaux pour en faire la « première bioraffinerie de taille mondiale » en France, les Amis de la Terre dénoncent, dans un dossier remis aujourd’hui dans le cadre de l’enquête publique, un projet dangereux pour le climat et sans avenir pour les salariés du site.
Les Amis de la Terre France, avec une coalition d’associations et de collectifs locaux (Alternatiba, Collectif Climat Pays d’Aix et ATTAC Pays d’Aix), ont organisé aujourd’hui une action symbolique pour la remise de leur contribution dans le cadre de l’enquête publique.
Pour avoir une chance de stabiliser le climat et d’éviter des dérèglements climatiques majeurs, il est indispensable d’abandonner au plus vite les énergies fossiles. Cet impératif en soulève un autre : comment garantir une reconversion juste et durable pour les salariés de ces secteurs ? Le débat autour de la reconversion de la raffinerie de La Mède (ou raffinerie de Provence), l’une des 9 raffineries encore en activité en France, est crucial.
Un projet climaticide
Or, ce que propose Total est inacceptable. A elle seule, la « bioraffinerie » de La Mède est ainsi programmée pour plus que doubler la consommation française d’huile de palme. Comme l’explique Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre France : « Remplacer le pétrole par l’huile de palme serait une catastrophe pour le climat car l’extension des monocultures de palmiers à huile est une cause majeure de déforestation…et donc d’émissions de gaz à effet de serre. ».
C’est pourquoi les Amis de la Terre ont, dès l’annonce de ce projet en juin 2015, interpellé la Ministre de l’Environnement et de l’Energie, Ségolène Royal : « Il est très regrettable que Ségolène Royal ne soit pas intervenue sur ce dossier pour interdire l’utilisation d’huile de palme comme biocarburant et forcer ainsi Total à revoir sa copie » poursuit Sylvain Angerand.
Une impasse pour l’emploi
Dans un contexte où la vente de véhicules diesel est en chute libre et les « biocarburants » de première génération sont remis en cause, les débouchés du « biogazole » à base d’huile de palme sont en train de se refermer. Le Parlement Européen a ainsi voté le 4 avril, à une écrasante majorité, un rapport appelant à mettre un terme à l’utilisation d’huile de palme comme « biocarburant » le plus vite possible, et de préférence avant 2020.
Comme l’explique Mireille Villion, des Amis de la Terre Bouches du Rhône : «La reconversion du site de La Mède pourrait être un laboratoire du dialogue entre les salariés du site, les sous-traitant qui en dépendent, les collectivités locales et les associations pour imaginer ensemble un avenir sans pétrole. Nous demandons aux pouvoirs publics de refuser les autorisations d’exploitation du site tant que Total refuse de revoir son projet».