Ils défendaient la forêt, ils ont été assassinés. A Lima, leurs femmes témoignent
En septembre, Edwin Chota, Jorge Rios, Leoncio Quintisima et Francisco Pinedo, quatre leaders indigènes Ashaninka, au Pérou, ont été assassinés parce qu’ils se battaient contre la déforestation illégale de l’Amazonie. Rencontre avec leurs veuves, venues à Lima pour témoigner et réclamer justice.
_ L’arrivée à la COP20 des familles des quatre leaders indigènes Ashaninka assassinés en septembre dans la région Ucayali, au Pérou, à la frontière avec le Brésil, rappelle que, partout dans le monde, les défenseurs des droits et de l’environnement subissent menaces et persécutions.
En choisissant de lancer leur appel aux dirigeants réunis à Lima pour décider de l’avenir du climat, ces femmes montrent qu’un accord juste et équitable ne pourra se faire sans prendre en compte les communautés affectées par le pouvoir des multinationales.
Assassinés pour avoir lutté contre la déforestation illégale de l’Amazonie
Au milieu des préfabriqués vombrissant au rythme de l’air conditionné dans l’enceinte du Pentagonito (le petit Pentagone !), quartier général militaire où se tient la COP 20, Julia Pérez Gonzales, Ergilia Rengifo Lopez et Diana Rios Rengifo, en costume traditionnel, bercent leurs nourrissons et racontent les conditions de vie de la communauté Alto Tamaya-Saweto, une communauté Ashaninka vivant dans la forêt Amazone à la frontière avec le Brésil.
Elles sont veuves ou fille des quatre leaders de la communauté assasinés en septembre, Edwin Chota, Jorge Rios, Leoncio Quintisima et Francisco Pinedo. Ceux-ci avaient à plusieurs reprises alerté les autorités sur l’insécurité régnant dans la zone, due à l’isolement et à la présence d’entreprises pratiquant l’exploitation illégale du bois. Ils ont disparu début septembre, et seuls deux des corps ont été retrouvés à ce jour.
Francisco Piyâco, leader de la communauté Ashaninka d’Apiwtxa, de l’autre côté de la frontière, et qui les accompagne, commente : « L’impact des activités menées dans cette région détruit le modèle d’organisation sociale traditionnel. Les familles n’ont que deux options : où elles s’allient, se portent main-d’oeuvre et deviennent esclaves de ce système, ou elles fuient. Si une voix s’élève pour s’opposer à la déforestation, voilà ce qui se passe. »
Laissés à l’abandon
Par peur de nouvelles représailles, leurs veuves ne sont pas encore retournées dans la communauté, laissant derrière elles leurs enfants et la trentaine de familles qui forment la communauté de Saweto. « Les exploitants illégaux d’arbres ne s’intéressent qu’aux arbres, ils ne respectent pas les droits des indigènes. Nos vies sont menacées. Je ne veux pas que cela se reproduise. Il y a eu des morts, il y en aura encore. L’État ne nous protège pas », nous dit Diana, la fille de Jorge Rios.
L’insuffisance des mesures de protection, des droits fonciers flous et la négligence de l’État péruvien à prendre les mesures nécessaires pour faire reconnaître ces droits et combattre l’exploitation illégale du bois ont conduit à l’augmentation de la déforestation et à la fragilisation de ces communautés, dont les ressources proviennent précisément de leur gestion soutenable de la nature.
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