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Climat-ÉnergieForêt
5 septembre 2019

Incendies en Amazonie, un signal d’alarme pour le monde entier

Les feux de forêt qui ravagent la forêt tropicale amazonienne - essentiellement au Brésil, mais aussi en Bolivie, au Paraguay et au Pérou - ne sont pas le fruit du hasard. Un article pour mieux comprendre l'actualité

Le recul de la frontière agricole pour augmenter les profits des entreprises et alimenter une production et une consommation insoutenables entre clairement en contradiction avec l’urgence d’une solution à la crise climatique et de la biodiversité. Le cas du Brésil – où les incendies sont causés par des entreprises de l’agro-industrie, de l’industrie minière et de l’industrie du bois, avec la complicité du Président Jair Bolsonaro – retentit comme un signal d’alarme. Amis de la Terre International exprime sa consternation face à ce désastre environnemental et sa solidarité avec les peuples autochtones et les communautés locales directement affectées.

Des chiffres alarmants

L’Institut National de Recherche Aérospatiale brésilien (INPE) a enregistré une augmentation de 83% des feux de forêts cette année par rapport à la même période l’année dernière. Plus de la moitié se sont déclarés dans la forêt tropicale amazonienne. Entre janvier et août 2019, l’INPE a détecté plus de 74 000 incendies rien qu’au Brésil, un record depuis le début des recensements en 2013. Au-delà des chiffres, l’impact dévastateur de ces feux de forêt est subi de plein fouet par les peuples dont les terres brûlent au Brésil et en Amazonie. Au niveau mondial, les conséquences sont terribles pour notre climat, nos systèmes alimentaires et pour la biodiversité.

La responsabilité du gouvernement de Bolsonaro

Les Amis de la Terre International rejettent l’argument selon lequel les incendies sont la simple conséquence d’une augmentation de température ou d’une sécheresse plus aigüe, puisque ces phénomènes restent conformes aux moyennes annuelles. En réalité, cette tragédie est directement liée aux politiques néolibérales défendues par le gouvernement d’extrême-droite de Bolsonaro, déjà inscrit comme le pire gouvernement de l’histoire des politiques environnementales brésiliennes. Son gouvernement a détricoté la législation sur le changement climatique, a encouragé l’invasion des terres autochtones et les meurtres d’activistes, et a fait monter en flèche la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre.

Lorsqu’il est entré en fonction en janvier 2019, Bolsonaro a discrédité le réchauffement climatique, le qualifiant de « programme de gauchiste », et il a réduit le budget alloué au secteur de 95%. Plus de 60% des incendies en 2019 ont été identifiés sur des parcelles privées où opère l’agro-industrie modialisée. La défense de l’agro-industrie et de l’industrie minière en Amazonie emboîte le pas à la dislocation des politiques environnementales, notamment avec l’affaiblissement des organismes de surveillance et l’assouplissement des autorisations environnementales. Cela donne un pouvoir immense aux éleveurs et aux grands propriétaires terriens, permettant l’exploitation forestière illégale, la culture du soja, l’élevage de bétail et l’accès de l’agro-industrie et des prospecteurs miniers illégaux (garimpeiros) aux terres des communautés noires et indigènes (quilombola). Résultat : la déforestation a augmenté de 278% en juillet 2019 par rapport à juillet 2018, inversant la tendance à la réduction obtenue par les gouvernements précédents grâce à la régulation.

Depuis, Bolsonaro a licencié le directeur de l’INPE, Ricardo Galvao, au motif qu’il aurait grossi les chiffres de la déforestation, et l’a remplacé par un dignitaire de l’armée. Lorsqu’il accuse les groupes de la société civile et les ONG de fausser les données, c’est plus qu’un écran de fumée : il menace gravement les capacités et le bien-fondé des mouvements pour la justice sociale et environnementale et ceux qui, sur le terrain, défendent les territoires. Cela peut potentiellement mener à une recrudescence des persécutions et de la criminalisation des peuples autochtones, des groupes politiques progressistes et des mouvements sociaux, notamment des défenseurs des droits humains, des paysans et des femmes.

L’Amazonie : pourquoi il faut la préserver à tout prix

L’Amazonie est la plus vaste forêt tropicale du monde. Elle est la terre ancestrale de près de 900 000 personnes autochtones. Elle représente une source vitale d’eau qui abrite plus de 3 millions d’espèces de plantes et d’animaux. Les peuples autochtones et les communautés locales, avec leurs modes de vie et leurs connaissances traditionnels, jouent un rôle clé dans la protection des écosystèmes et de la biodiversité, comme le confirme un récent rapport historique des Nations Unies. Ils sont plus efficaces dans leur gestion de la conservation de la nature pour empêcher la déforestation et les disparitions d’habitats naturels que les zones protégées officiellement. La destruction de leurs territoires a donc des répercussions sur tous les éléments interdépendants du climat, des systèmes alimentaires et de la biodiversité. Au Brésil, les peuples autochtones doivent lutter en permanence pour résister aux monocultures et aux entreprises minières ; ils sont confrontés au pouvoir écrasant des multinationales et, désormais, aux persécutions du gouvernement. Les considérant comme un obstacle au développement de la région de l’Amazonie, le président Bolsonaro, auto-proclamé « Capitaine tronçonneuse », a délégué la démarcation de leurs terres au Ministère de l’agriculture.

Déterminé·e·s pour renforcer le combat

Les politiques de Bolsonaro participent d’un système mondial néolibéral qui place le profit avant les peuples et qui n’obéit et ne bénéficie qu’aux pays du Nord et aux sociétés transtionales.

Amis de la Terre International exhorte les gouvernements et les instances intergouvernementales à interpeller le gouvernement fasciste de Bolsonaro sur cette tragédie, au lieu de rester complice de ses politiques destructrices. Nous dénonçons particulièrement l’hypocrisie de l’Union Européenne qui a négocié un accord de commerce (le MERCOSUR) avec le bloc commercial latino-américain dont fait partie le Brésil.

Nous allons poursuivre notre travail de contestation et d’opposition aux politiques qui menacent les peuples et leurs territoires (comme la forêt tropicale d’Amazonie). Nous resterons solidaire avec les peuples du Brésil et continuerons à lutter pour un système fondé sur la souveraineté des peuples et la justice environnementale, sociale, économique et de genre.