Prix Pinocchio : Lactalis, le roi du mytho-marketing
Voilà deux semaines que se sont ouverts les Prix Pinocchio, visant à dénoncer le greenwashing des entreprises de l’agro-business, avec Yara, Bigard et le groupe Lactalis. Aujourd’hui, nous vous proposons de plonger au coeur des scandales de ce dernier, bien cachés derrière une communication verdoyante.
Le groupe Lactalis est un modèle d’entreprise familiale. L’empire est fondé à Laval (Mayenne) en 1933 par André Besnier, lorsque celui-ci se lance dans la fabrication de camemberts ; l’entreprise s’appelle alors Société Personnelle André Besnier. Le fils, Michel Besnier, héritera de l’entreprise avant que le petit-fils et actuel PDG, Emmanuel Besnier, ne règne à son tour à partir de 2000, à la mort de son père. Michel Besnier a étendu l’empire pendant toute la seconde moitié du 20ème siècle, à force de rachats de concurrents et d’une stratégie d’internationalisation en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique. Le géant laitier devient numéro un mondial en 2011, et réalise 18.5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018, tandis qu’Emmanuel, sa soeur Marie et son frère Jean-Michel, détiennent la totalité des actions.
Un monde d’écart
C’est sans grande surprise que le patron de Lactalis et sa famille se classe en 9ème position des plus grandes fortunes de France, avec 12 milliards d’euros. Sa fortune a même triplé sur les 10 dernières années. Un enrichissement qui n’a visiblement pas ruisselé jusqu’aux éleveurs et éleveuses, dont le salaire moyen stagne à 13 000 euros par an, soit 1083 euros par mois. La multinationale Lactalis domine le secteur à un tel point qu’elle peut jouer de son rapport de force, et imposer aux paysan·ne·s des contrats asservissants, opaques, limitant leur liberté d’expression, les faisant même parfois travailler à perte !
Un groupe caché derrière ses marques grand public
Si le nom “Lactalis” n’est pas très connu du grand public, il cache en réalité un grand nombre de marques de produits laitiers du quotidien connues du grand public : le lait Lactel, les camemberts et le beurre Président, les crèmes Bridel, les mozzarella Galbani, les roqueforts Société, et bien d’autres. Leurs pubs sont très connues des consommateurs, avec des slogans historiques : “c’est quoi cette bouteille de lait”, de Lactel, les brebis de Lou Pérac … Mais la réalité est plus difficile à digérer que le fameux “matin léger”.
Des scandales à répétition
Outre la destruction du monde paysan à travers ses rachats agressifs et sa politique oppressante envers les producteur·rice·s, Lactalis est aussi réputée pour ses scandales sanitaires et environnementaux. Déjà en 2000, le groupe se faisait épingler pour avoir trafiqué son lait en pratiquant le “mouillage”, technique visant à couper son lait avec de l’eau. L’affaire la plus médiatique fut sans doute la contamination en 2017 de lait infantile à la salmonelle, une bactérie provoquant fièvres et diarrhées. Le groupe a également été condamné pour la pollution de deux rivières via des rejets d’effluents : l’Isère et la Seiche (Ille-et-Vilaine).Sans compter les procédés d’évasion fiscale pour soustra