Les banques financent toujours plus les énergies fossiles
Un nouveau rapport international révèle que les banques ont accordé $2 700 milliards, soit près du PIB de la France, aux énergies fossiles depuis l'adoption de l'Accord de Paris sur le climat. Ces financements n'ont cessé d'augmenter chaque année depuis 2016, et les grandes banques françaises, BNP Paribas en tête, ne sont pas en reste.
La dernière version du rapport le plus complet sur le financement aux énergies fossiles par les banques internationales Banking on Climate Change 2020 a été publiée aujourd’hui 1.
« Banking on climate change »
Issu de la collaboration entre Reclaim Finance, Rainforest Action Network, BankTrack, Indigenous Environmental Network, Oil Change International et Sierra Club, et soutenu par plus de 250 organisations de 45 pays du monde entier, dont les Amis de la Terre France, le rapport totalise les prêts et les émissions d’actions et d’obligations de 2 100 entreprises dans les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz à l’échelle mondiale sur la période 2016-2019.
- 35 banques internationales ont accordé 2 700 milliards de dollars de financements aux énergies fossiles après l’adoption de l’Accord de Paris en décembre 2015.
- Les banques nord-américaines dominent toujours avec 9 banques des Etats-Unis et du Canada parmi les 15 plus gros financeurs aux énergies fossiles. JPMorgan Chase est le 1er financeur des énergies fossiles au monde.
- Trois banques européennes figurent dans le top 15 des plus gros financeurs sur la période 2016-2019 : Barclays en tête, puis HSBC et BNP Paribas. Avec plus de 30,6 milliards de dollars de financements l’année dernière, BNP Paribas a été le plus grand financeur européen des énergies fossiles en 2019, et le 9ème au niveau international.
- Sur la période 2016-2019, les banques françaises se classent 13ème (BNP Paribas, 84,2 milliards), 22ème (Société Générale, 54 milliards), 24ème (Crédit Agricole, 45,9 milliards) et 28ème (Natixis, 30,5 milliards). BNP Paribas domine donc largement les financements venus de France, avec des soutiens 56% supérieurs à celui de Société Générale.
BNP Paribas est un exemple frappant de l’échec lamentable des banques à répondre à l’urgence climatique. Au lieu d’adopter une approche rigoureuse permettant de prévenir l’expansion des énergies fossiles et d’en faciliter la sortie progressive, les banques suivent une approche à la carte, réduisant leurs financements à une partie des énergies fossiles pour mieux les augmenter ailleurs.
La hausse en 2019 des financements de toutes les grandes banques françaises au développement de projets fossiles est un marqueur de leur incapacité à prendre d’elles-mêmes les mesures exigées par l’urgence climatique. La nécessaire sortie des charbon, pétrole et gaz ne pourra se faire à temps qu’à condition que le gouvernement contraigne dès ce jour les banques à se mettre au pas du climat.
Article publié avec l’association Reclaim Finance.
Télécharger le rapport complet.
La première banque à avoir le plus augmenté ses financements aux énergies fossiles entre 2018 et 2019 est Standard Chartered avec une hausse de 75%, la faisant passer à 9 milliards de financements en 2019, contre 30 milliards pour BNP Paribas.
En 2017, BNP Paribas a adopté une politique sur les pétrole et gaz non conventionnels qui implique l’arrêt des financements par la banque aux entreprises diversifiées du secteur pétrole et gaz (actives dans l’exploration/production, transport, marketing, distribution, raffinage, etc.) dont le chiffre d’affaire lié à l’exploration et la production de gaz et pétrole de schiste et pétrole issu des sables bitumineux est supérieur à 30% de leur chiffre d’affaire global.