Le ministère de l’Agriculture relance « La Guerre de l’Ortie »
Les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes, véritables alternatives aux Pesticides du domaine public hors la loi : la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes veut les retirer des magasins.
Si un scandale sanitaire de grande ampleur concernant les pesticides ne pointait pas son nez, la rengaine que l’on nous sert au ministère de l’agriculture «il n’y a pas d’alternatives aux pesticides» porterait à rire.
Récemment des contrôles dans des magasins Botanic de Saint Etienne et de Villeneuve-lès-Avignon demandent le retrait des rayons des «Purins de Consoude». La consoude est une plante qui se mange en beignets. Le savon noir est aussi visé par le contrôle.
Cela fait onze ans que la guerre de l’ortie a éclaté suite à l’interdiction de ce qu’on appelait à l’époque les Alternatives Naturelles aux Pesticides du Domaine Public dont le célèbre « purin d’ortie». Ces alternatives largement utilisées dans les villes, les jardins et les champs sont encore pour la plupart interdites malgré les promesses des gouvernements successifs de les autoriser.
De fait, les paysan.ne.s utilisateurs et les collectivités locales sont lourdement impactés pour protéger leurs cultures et les espaces publics.
Il ne tient qu’au ministre de l’agriculture de faire en sorte que ces alternatives soient enfin autorisées. La loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt (LAAF du 13 octobre 2014) complétée par l’arrêté du 27 avril 2016 lui permet une ouverture très rapide.
Nous demandons l’autorisation immédiate de toutes les plantes et partie de plantes utilisées dans l’alimentation humaine et animale ainsi que les substances d’origines minérales et animales comme le précise la loi. Paysan.ne.s, collectivités, individus, etc doivent pouvoir fabriquer et utiliser des PNPP (purins, des tisanes, des décoctions, etc…) dans la légalité !
Site de l’ASsociation pour la PROmotion des préparations peu préoccupantes
2006, la Guerre de l’ortie… 2017, le retour
Les PNPP dont la reconnaissance pleine et entière traîne depuis 11 ans font parties des alternatives aux pesticides du domaine publique. La loi (LAAF du 13 octobre 2014, complétée par l’arrêté du 27 avril 2016) prévoit de classer des substances d’origine végétales, animales et minérales en biostimulants selon une liste tenue à jour par la ministre de l’agriculture. Cette liste est aujourd’hui tellement petite qu’elle exclue de fait la majeure partie de ces substances qui sont utilisées sur le terrain pour limiter et parfois supprimer les pesticides de synthèses.
Décryptage du contrôle DGCCRF sur les PNPP
En faisant ces contrôles et en demandant le retrait du savon noir ou de la consoude des étales par exemple, la DGCCRF fait son travail demandé et guidé par la DGAL, ministère de l’agriculture.
Dans la note sur laquelle s’appuie la DGCCRF (en PJ), comme par hasard, il manque une partie du texte de loi, en gras dans ce qui suit. En effet l’article L 253-1 du CRPM dit « Une préparation naturelle peu préoccupante est composée exclusivement soit de substances de base… soit de substances naturelles à usage biostimulant« . Et comme par hasard, le règlement Substances de Bases Européen est beaucoup plus contraignant.
En juin 2017, l’association « Génération Future » a révélé que le ministère s’apprêtait déjà à s’en prendre aux PNPP en même temps qu’il voulait revenir sur les épandages aérien et un assouplissement sur les nicotinoïdes.
Après un recul, la DGAL revient à la charge. Le but recherché est clairement d’empêcher le développement et la communication sur ces alternatives naturelles aux pesticides du domaine publique. Depuis « La guerre de l’Ortie » en 2006, ces produits étaient tolérés et cela permettait communiquer sur les efficacités des ces alternatives.
En bloquant ces informations, il est clair que l’on n’ira pas vers une réduction des pesticides. Cette campagne vise aussi à protéger le business des firmes qui déposent des brevets. On nous enlève la transmission et l’autonomie. Qui peut nier que le savon noir a permis d’éviter un grand nombre de litres de pesticides ?
L’administration n’a plus qu’à contraindre les organismes certificateurs à refuser d’agréer les cultures en bio traités avec ces alternatives sous prétexte qu’elles ne sont pas homologuées ou qu’elles n’ont pas d’AMM par exemple sous peine de leur retirer leur licence. Après la remise en cause des aides publiques, c’est un moyen efficace de bloquer le développement du bio, voir de programmer sa mort.
Si la loi n’est pas adaptée pour permettre de communiquer pour une réelle substitution avec ces alternatives aux pesticides du domaine publique, il suffit de la modifier.