Les 3 renoncements du gouvernement sur les intrants chimiques
La loi « Climat » actuellement au Parlement est la dernière occasion pour la majorité de faire mentir son bilan jusque-là faible, voire inexistant, pour l’agriculture et le climat.
Avec La République en Marche, c’est un pas en avant, deux en arrière : les faibles avancées du plan de relance sont écrasées par les reculs majeurs sur les néonicotinoïdes, le glyphosate, et bientôt peut-être les engrais azotés de synthèse 1. Les parlementaires vont-ils sauver les meubles de la Macronie ? Match à suivre à partir de cette semaine.
Après le glyphosate et les néonicotinoïdes, les engrais mis sous le tapis ?
Même scénario pour les néonicotinoïdes, pesticides « tueurs d’abeilles » : lors de sa campagne, Emmanuel Macron affirme qu’il ne reviendra pas sur l’interdiction à horizon 2020 portée en 2016 par Barbara Pompili. Le cynisme veut pourtant que Mme Pompili, devenue Ministre de l’environnement, soit choisie pour porter la ré-autorisation des néonicotinoïdes dans l’idée de maintenir à flots la filière betterave dans un projet de loi qui omet pourtant de circonscrire la dérogation à celle seule filière. Ici, même leitmotiv que pour le glyphosate : le manque d’alternatives « tuerait notre agriculture ».
Aujourd’hui les engrais azotés seront-ils le troisième renoncement du gouvernement sur les intrants chimiques ? Pas d’excuse qui tienne cette fois-ci car les alternatives aux engrais existent et sont connues 2, et il y a urgence : malgré les plans et mesures volontaires visant à réduire les pollutions liées à la surdose d’azote, la France est loin d’être sur la trajectoire de réduction qu’elle s’est elle-même fixée. Ce bilan devrait pousser le gouvernement à changer de méthode, en mettant en œuvre une redevance comme demandée par la Convention Citoyenne pour le Climat et de nombreux organismes 3. Au lieu de ça, il alloue une portion cosmétique du plan de relance au développement de l’agroécologie et vide de toute substance l’article de la loi climat qui doit mettre en œuvre la redevance sur les engrais azotés de synthèse. Bref, encore une fois il semble que le gouvernement s’apprête à reculer pour mieux renoncer.
Protéger le statu quo – 1 | Protéger les agriculteurs – 0
Emmanuel Macron et Julien Denormandie, ministre de l’agriculture, aiment se poser en défenseurs des agriculteur·ices. Mais avec les agriculteur·ices, c’est un peu comme pour le climat, ce gouvernement met beaucoup d’énergie dans la communication et bien peu dans la mise en œuvre de mesures concrètes. Défendre la « ferme France » mais lancer de nouveaux accords de commerce qui précarisent les éleveur·ses français ? Promulguer une loi pour rétablir l’équilibre des relations commerciales et ne pas la faire appliquer ? Défis relevés haut la main par Macron et son gouvernement ! Heureusement, les agriculteurs ne sont pas dupes.
Le même décalage se profile aujourd’hui sur le dossier des engrais : toutes les parties prenantes s’accordent à dire qu’il faut aider les agriculteur·ices à sortir de leur dépendance envers ces produits mais peu d’actes suivent ces belles paroles . Or l’exemple autrichien nous montre qu’une redevance sur les engrais est efficace si les agriculteur·ices sont aidé·es simultanément pour réintroduire de l’azote organique dans leurs cultures – les 618 millions d’euros de recettes qui pourraient être dégagés grâce à cette mesure pourraient être intégralement reversés aux agriculteur·rices pour les accompagner dans des changements de pratiques.
Emmanuel Macron et Julien Denormandie rejettent cette redevance. Mais que proposent-ils à la place ? 🤷♂️