Les 6 failles de la politique charbon de BNP Paribas
BNP Paribas, 4ème banque internationale à financer le secteur du charbon, s'est engagée à réduire ses financements au secteur du charbon à la COP21. Mais les mesures annoncées sont bien insuffisantes face à l'urgence climatique.
BNP Paribas a révisé les deux politiques sectorielles encadrant ses soutiens au charbon suite à ses engagements climat de la COP21. – celle sur l’industrie minière et celle sur la production d’électricité à partir de charbon –
La note « Climat : les 6 failles de la politique charbon de BNP Paribas » présente leurs limites et leur incohérence avec l’engagement de la banque à aligner ses activités avec un scénario 2°C.
LES 6 FAILLES DE LA POLITIQUE CHARBON DE BNP PARIBAS
1. En n’excluant que les pays à hauts revenus et les centrales non ultra-supercritiques de ses financements de projet, BNP Paribas se garde la possibilité de financer de nouvelles centrales dans 93% du marché du charbon. Pourtant, les centrales à charbon existantes sont déjà trop nombreuses pour atteindre un objectif de 2°C et même la construction de centrales de haute technologie en remplacement de celles plus polluantes n’est pas une option envisageable dans un scénario 2°C.
2. Exclusivement sur l’industrie minière et la production d’électricité à partir de charbon, les politiques de BNP Paribas ignorent de nombreux acteurs de la chaîne de valorisation du charbon. Qu’elles le commercent et le transportent, fabriquent de l’équipement pour le secteur, ou encore construisent les infrastructures de transport et de distribution, certaines entreprises peuvent ralentir ou entraver la sortie du charbon et BNP Paribas doit donc les prendre en compte.
3. BNP Paribas demande désormais à certains de ses clients d’adopter une stratégie de diversification. Mais ce critère souffre en l’état de trop d’exceptions et manque cruellement d’un objectif explicite de sortie du charbon dans un délai défini et compatible avec un scénario climatique +1.5°C. Il ne peut également pas se supplanter à des critères d’exclusion visant à couper les financements aux entreprises incapables de sortir rapidement du charbon.
4. Toutes les entreprises pour qui « l’électricité produite à base de charbon représente [moins de] 30 % de la capacité totale de production d’électricité installée » pourront non seulement toujours bénéficier des financements de BNP Paribas, mais seront même exemptes de l’obligation d’adoption d’une stratégie de diversification. Il peut pourtant s’agir d’acteurs très émetteurs, comme EDF et ENGIE dont les émissions en C02 de leurs centrales étaient en 2015 estimées à 151 millions de tonnes par an.
5. BNP Paribas n’adresse pas les enjeux liés à la sortie du secteur du charbon : faut-il vendre ou fermer les actifs ? En cas de fermeture, quid de la reconversion des travailleurs, de l’indemnisation des populations impactées et de la restauration des lieux ? Avec un tel manquement, c’est sans surprise que nous découvrons BNP Paribas en train d’aider ENGIE à vendre sa centrale de Polaniec en Pologne, au risque que celle-ci émette plus longtemps que prévu.
6. Concernant l’industrie minière, seules les entreprises spécialisées dans l’extraction de charbon thermique sont couvertes par la politique révisée de BNP Paribas, sans pour autant être automatiquement exclues des soutiens de la banque. La banque n’a donc adopté aucune mesure visant à contrôler ses financements aux multinationales comme Glencore ou Anglo American. Pourtant, ces entreprises comptent parmi les plus gros producteurs de charbon bien que celui-ci ne représente qu’une faible part de leurs activités.