Les activistes climat font capoter la 2ème journée de la Conférence Annuelle Européenne du Gaz
91 activistes des Amis de la Terre et d’Action Non-Violente COP21 ont empêché la tenue du second jour de l’European Annual Gas Conference (EAGC) qui réunit plus de 300 représentants des institutions françaises et européennes, de l’industrie gazière, et de ses banquiers dont Société Générale.
Les militants appellent la finance publique et privée à mettre fin à leurs soutiens massifs au gaz pour s’aligner avec l’objectif de rester sous 1,5 °C de réchauffement global.
A l’occasion de la tenue de l’European Annual Gas Conference (EAGC), 91 activistes des Amis de la Terre et d’Action Non-Violente COP21 se sont infiltrés au luxueux Hôtel International Continental à Paris et ont empêché le bon déroulement du second jour de l’événement, qui rassemblait plus de 300 personnes pour discuter de l’avenir du secteur du gaz en Europe et dans le monde, et où intervenait Société Générale. En raison de l’intervention des activistes, les organisateurs ont dû annuler le programme de l’après-midi et vider les lieux.
Les activistes dénoncent le mythe qu’entretient l’industrie gazière et ses principaux financeurs, visant à faire passer le gaz pour une énergie bas-carbone de transition. Du bassin permien au sud des États-Unis, aux côtes mozambicaines, en passant par le continent Arctique, de nouveaux projets monumentaux permettant l’extraction de toujours plus de gaz sont en cours de développement à travers le monde. Ces ressources fossiles ont notamment pour destination le marché européen. Toute expansion du secteur est pourtant incompatible avec l’impératif de maintenir le réchauffement climatique en-deçà de 1,5 °C d’ici 2050 [1]. « Des acteurs français du secteur public et privé apportent leur soutien massif au gaz et à son expansion, malgré les appels répétés de la société civile à tout faire pour enrayer le dérèglement climatique aux conséquences déjà terribles partout dans le monde. Ces acteurs publics et privés ont le doigt sur le détonateur de plusieurs bombes climatiques, mais nous, citoyens, sommes bien déterminés à tout faire pour les arrêter, quitte à entrer en désobéissance civile non-violente » déclare Sixtine Dano, porte-parole d’ANV-COP21.
Pour les activistes climat, le gaz ne mérite pas plus que le charbon ou le pétrole d’être soutenu par de l’argent public ou des banques privées. En plein débat parlementaire sur le soutien de l’État français aux hydrocarbures à travers les garanties à l’export dans le cadre du projet de loi finance 2020, le gouvernement et les députés ont été directement interpellés par les activistes sur la nécessité de mettre fin à ces subventions. « Comme Emmanuel Macron l’a lui-même déclaré à la tribune de l’ONU en septembre [2], c’est totalement incohérent et irresponsable de continuer à soutenir l’industrie française pour explorer de nouveaux gisements de pétrole et gaz à l’étranger, alors qu’on en a interdit l’exploitation en France. Pourtant, le gouvernement souhaite continuer à assurer le chaos climatique à travers ses financements export », ajoute Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre.
Société Générale, seule banque privée invitée sur la scène de l’EAGC, est l’un des principaux bailleurs de l’industrie gazière dans le monde et est leader du financement de l’exportation du gaz de schiste américain. La banque est sous les projecteurs depuis plusieurs mois car elle détient entre ses mains le futur du projet de terminal d’exportation de gaz de schiste Rio Grande LNG au Texas. « Ce méga projet est clé pour l’expansion du plus gros bassin de schiste des États-Unis et du monde [3], et est à ce titre encensé et soutenu par l’administration Trump [4]. Société Générale s’est laissée jusqu’à la fin de l’année pour décider de son retrait ou non de Rio Grande LNG. Le choix qui s’offre à elle est simple : continuer à faire le jeu d’un président qui vient de sortir officiellement son pays de l’Accord de Paris ; ou enfin mettre des actes en face de ses beaux discours sur le climat en refusant d’armer cette bombe à retardement » réagit Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre.
#AlerteAuGaz #StopRioGrandeLNG
[1] Selon une analyse du budget carbone d’Oil Change International, le carbone contenu dans les réserves d’énergies fossiles actuellement en opération suffirait à nous faire franchir la barre de 1,5 °C et nous pousserait près de 2 °C de réchauffement global. L’exploitation des réserves de pétrole et gaz déjà ouvertes – hors charbon – nous mènerait à elle seule au-delà d’une hausse de 1,5 °C de la température.
http://priceofoil.org/content/uploads/2019/01/Drilling-Towards-Disaster-Web-v2.pdf
[2] Discours d’Emmanuel Macron du 24 septembre 2019. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/09/24/discours-du-president-emmanuel-macron-a-la-tribune-de-lassemblee-generale-onu
[3] Selon un rapport d’Oil Change International, le développement du seul bassin permien consommerait d’ici 2050 à lui seul 10% du budget carbone mondial disponible pour dans les limites d’une hausse de la température globale de 1,5 °C.
[4] https://www.spglobal.com/platts/en/market-insights/latest-news/natural-gas/042519-rio-grande-lng-terminal-project-could-help-maintain-permian-production-us-doe-official