arton2920
Climat-ÉnergieFinance
8 février 2018

Charbon : les assurances complices de son développement en Pologne

Les Amis de la Terre et leurs partenaires dans la campagne Unfriend Coal révèlent dans une note publiée aujourd’hui le nom des assureurs qui soutiennent le développement du charbon en Pologne.

En contradiction avec l’impératif de sortie du charbon et avec leur rôle d’assurer et de protéger, ils investissent mais aussi assurent l’industrie la plus sale et la plus meurtrière d’Europe.

Alors que l’Union Européenne doit avoir fermé ses centrales à charbon d’ici 2030 afin de respecter les objectifs de l’Accord de Paris1 , les entreprises polonaises prévoient la construction de nouvelles centrales à charbon pour une capacité totale de plus de 10 GW et l’ouverture de nouvelles mines comprenant plus de 3,2 milliards de tonnes de lignite, la forme la plus sale de charbon.2

Ces développements seraient impossibles sans assurance et sans investissements. Or la note “Dirty Business: Insurance companies supporting the growth of Polish coal”3  révèle que 6 grands assureurs européens détenaient toujours plus de 1,3 milliard d’euros dans les entreprises polonaises actives dans l’industrie du charbon4  et surtout qu’au moins 21 contrats liés à des projets charbon existants ou en développement ont été octroyés par des assureurs européens depuis 2013.

Rapport

(english) Les assurance qui financent le charbon en Pologne

Parmi les plus impliqués dans ces contrats sont les allemands Allianz et Munich Re5  ainsi que l’italien Generali. Après avoir assuré la construction de l’extension de la centrale de Kozienice devenue la deuxième plus grande centrale à charbon d’Europe, les trois assurent actuellement la construction de deux unités de 900 MW à la centrale d’Opole.

Assurer ces projets est à l’encontre de ce que requiert l’urgence climatique et est en contradiction majeure avec l’obligation de protéger des assurances. Kozienice causait déjà environ 650 morts prématurées par an avant son expansion, alors que le parc de centrales à charbon polonais est le plus meurtrier d’Europe, causant 5830 morts prématurées par an, principalement en Pologne, Allemagne et Italie. 6

AXA apparaît comme étant le 4ème assureur européen à investir le plus dans les entreprises polonaises actives dans le secteur du charbon avec 126 millions d’euros d’investissements en action fin 2017, dont 56 millions dans PGE, le plus gros développeur européen qui prévoit plus de 5 GW de nouvelle capacité charbon et développe de nouvelles mines de lignite à ciel ouvert.

AXA aurait dû désinvestir de ces entreprises dès son premier engagement adopté en 2015 sur le secteur du charbon car ces entreprises sont toutes exposées à bien plus que 50% au charbon, mais il s’agit ici d’investissements pour compte de tiers qui pourraient toujours échapper aux nouvelles restrictions adoptées en 2017.

Lucie PINSON

On nage en plein scénario kafkaïen. D’un côté se trouvent des assurances vie et de santé allemands et italiens. Leurs clients sont les premiers impactés par les pollutions des projets qu’ils assurent en Pologne. De l’autre, ces mêmes assurance peuvent continuer de soutenir la construction de nouvelles centrales à charbon au cœur même de l’UE.

Lucie Pinson
Référente Banques & Assurances aux Amis de la Terre France

Alors que la COP24 se tiendra en Pologne en décembre 2018, nous appelons les assureurs à faire preuve de cohérence et à mettre un terme à tous leurs soutiens au charbon”.

Notes
1

D’après un rapport de Climate Analytics, les pays développés doivent être sortis du charbon d’ici 2030, la Chine d’ici 2040 et les autres d’ici 2050.

3

Le rapport est téléchargeable ci-dessous.

4

Via leurs fonds de pension polonais. Certains assureurs détiennent aussi des investissements supplémentaires dans ces entreprises via d’autres branches de gestion d’actifs.

5

Via sa filiale Ergo Hestia

6

Voir le rapport Dark Cloud, HEAL, WWF, CAN EUROPE