Les nanos, imprévisibles mais convoitées
Alors que les nanotechnologies envahissent les marchés, retour sur quelques définitions pour comprendre les enjeux financiers colossaux qui se dessinent.
Par nanosciences et nanotechnologies (NST) on
entend l’ensemble des études et techniques permettant
de fabriquer et manipuler des structures, dispositifs et
systèmes matériels à l’échelle nanométrique. Elles tirent
leur nom du nanomètre (nm), unité de mesure valant un
milliardième de mètre, et correspondant à la fabrication
d’éléments de dimensions généralement comprises
entre 1 et 100 nm, soit l’ordre de grandeur entre les
atomes et les molécules.
L’intérêt de fabriquer des substances de ce type est
de profiter du changement de taille des particules pour
modifier les caractéristiques du matériau utilisé.
Différent… et imprévisible
A cette taille, les lois de la physique connues à
l’échelle humaine ne sont plus les seules à jouer sur la
matière : des effets quantiques s’y ajoutent. L’interaction
entre ces deux types de lois est encore mal connue à
ce jour, et les propriétés chimiques, physiques, optiques,
thermiques des nanomatériaux qui en découlent
le sont tout autant. Prenons l’exemple de l’or : à notre
échelle, il est jaune et peu sujet aux réactions chimiques,
mais à l’échelle nanométrique, il est bleu ou
rouge, et devient un très bon catalyseur.
De plus, les nanoparticules sont infiniment petites par rapport aux barrières et défenses naturelles de l’organisme : à partir des poumons, elles peuvent franchir les barrières atteignant le sang, le système nerveux ou même un foetus. Cette taille rend aussi
la détection d’une pollution impossible, les nanoparticules
se mêlant sans distinction possible aux poussières déjà
présentes dans l’atmosphère.
Business as usual
Malgré tous ces éléments qui devraient inciter à la
prudence, les applications des nanotechnologies sont
pour certaines déjà en vente : raquettes de tennis ultra
légères et plus solides, crèmes solaires plus transparentes,
additifs ou emballages alimentaires bactéricides. Les
exemples sont légion et les domaines touchés variés,
allant de l’automobile à l’énergie en passant par la
médecine et l’agriculture.
D’autant plus que les enjeux financiers sont colossaux :
on prévoit des investissements en recherche et développement
de l’ordre de 1000 milliards d’euros en 2015,
dont très peu concernent des études toxicologiques, et
tout cela sans réglementation spécifique.
Il est grand temps que les citoyens s’emparent du
sujet pour ne pas laisser les industriels seuls maîtres de
notre avenir.
Photo : Senai SP