Les sables bitumineux menacent l’Europe
Le Conseil de défense des ressources naturelles (Natural Resources Defense Council ou NRDC) a publié une analyse qui s’appuie sur les évolutions récentes des marchés pétroliers nord-américains. Elle démontre que, si l’Europe ne prend aucune mesure, 5,3 % à 6,7 % de son pétrole brut et de ses carburants destinés aux transports pourraient provenir de sables bitumineux canadiens en 2020. C’est 30 fois plus que les estimations du rapport de la Commission européenne dont les données servent de base à sa dernière étude d’impact pour l’application de la Directive sur la Qualité des carburants (Fuel Quality Directive - FQD).
En Amérique du Nord, de nouveaux oléoducs sont en construction ou en projet, alors que des raffineries sont agrandies en Europe, ce qui pourrait faire de l’Union européenne, un important marché pour les sables bitumineux canadiens. C’est une très bonne nouvelle pour les producteurs de sables bitumineux canadiens, car la demande états-unienne baisse du fait de l’augmentation de la production d’huile de schiste, et du ralentissement de la demande. Mais c’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe et ses efforts en vue de réduire son impact sur les changements climatiques.
Selon une étude de la Commission européenne, les sables bitumineux émettent 23 % de gaz à effet de serre de plus que le pétrole conventionnel. L’analyse du NRDC conclut que les importations européennes de sables bitumineux vont passer de 4 000 barils/jour (b/j) en 2012, à 700 000 b/j en 2020. Cela équivaudrait à rajouter 6 millions de voitures sur les routes européennes en 2020. Cela signifierait aussi que les émissions de gaz à effet de serre des carburants européens augmenteraient d’environ 1,5 % en 2020. Pourtant, avec la nouvelle Directive sur la qualité des carburants, les fournisseurs de carburants doivent diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 6 % d’ici 2020.
Avec des sables bitumineux incorporés dans les carburants, il sera encore plus coûteux d’obtenir les réductions supplémentaires d’émissions. Les producteurs de carburants vont certainement faire le choix de fournir encore plus d’agrocarburants, obtenus à partir de productions alimentaires, car ceux-ci sont toujours considérés comme peu carbonés, grâces aux règles de calculs gravement défaillantes de l’Union européenne. Il est estimé que cela pourrait faire grimper les coûts de mise en conformité de près de 4 milliards d’euros par an et accentuer la pression sur l’environnement et la production alimentaire. Ces coûts supplémentaires peuvent être évités avec une mise en application rigoureuse de la Directive qui refrénerait l’accès des sables bitumineux à l’Europe.
Ce court dossier montre que la Commission européenne n’a pas de temps à perdre : des quantités importantes de sables bitumineux à haute teneur en carbone, sont sur le point d’entrer en Europe.
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