Les US et la Chine ratifient l’Accord de Paris : le climat est sauvé ?
C’était il y a neuf mois… Souvenez-vous, un coup de marteau marquait l’Histoire. L’image était forte : c’était sûr, nous venions de trouver un accord historique sur le climat !
Pourtant, partout dans le monde déjà, nous étions des millions de citoyen-ne-s dans la rue pour dénoncer la manœuvre des gouvernements à ne vouloir sauver que les apparences. L’Histoire, elle, nous a vite donné raison !
Il n’a pas fallu attendre beaucoup de temps après la COP21 pour que les géants de l’industrie pétrolière organisent en France leur Sommet international sur le pétrole offshore… Pour que les banques poursuivent dans l’ombre leurs soutiens au secteur du charbon. L’État français, pourtant pays hôte de la COP21, lui n’a pas exigé ni d’ENGIE ni d’EDF la fermeture de leurs centrales à charbon polluantes et la reconversion digne de leurs travailleurs.
Autant de non-sens dénoncés par les militant-e-s déterminé-e-s et non-violent-e-s du mouvement pour la justice climatique, prêt-e-s à désobéir pour faire respecter l’accord.
Qu’on se le dise, l’Accord de Paris seul ne sauvera pas le climat. Non, sa ratification par les Etats-Unis, la Chine et le Brésil, n’y changera rien.
Pour sortir de la crise climatique, il nous aurait fallu un accord contraignant, se donnant les conditions de limiter l’augmentation de la température du globe en deçà du seuil critique de 1,5°, universel et ambitieux, et qui ne recourt pas à des mécanismes de marché comme les marchés carbone ou la compensation. Il nous aurait fallu un accord qui fasse de la justice climatique son cheval de bataille en faisant reconnaître et assumer la responsabilité historique des pays du Nord dans cette crise planétaire. Il nous aurait fallu refuser catégoriquement une quelconque emprise du secteur privé, à commencer par évincer de la liste des sponsors de l’événement, les entreprises climaticides.
Même s’ils tiennent leurs engagements – et encore faut-il qu’ils le fassent – les États nous projettent directement vers un monde invivable à +3°. Une autre question nous taraude l’esprit… Comment peut-on espérer combattre efficacement la crise climatique si cette politique n’est qu’un supplément d’âme à traiter dans une annexe et ne s’impose pas au contraire à l’ensemble des secteurs ? Comment la résoudre si nous ne la prenons pas en compte dans la construction des accords commerciaux – TAFTA et CETA en tête – qui se dessinent aujourd’hui ? Comment les États peuvent-ils envisager construire et soutenir des politiques publiques favorisant les énergies renouvelables et la sobriété énergétique si tout dispositif de soutien est interdit au nom de « la libéralisation de l’énergie » ? Comment peuvent-ils être considérés comme des « acteurs clef » s’ils sont dépossédés de leur capacité de régulation, attaqués et condamnés par des multinationales bien plus puissantes qu’eux ?
Nous sommes donc très loin de ce que la science recommande pour lutter contre le changement climatique. Pourtant sa réalité touche déjà le quotidien de millions de personnes dans le monde, accablées par des événements climatiques extrêmes, contraintes de se déplacer, de quitter des territoires à présent sinistrés.
A l’échelle de l’emballement climatique, nous avons 5 à 10 ans pour agir. Après, ce sera trop tard. C’est pourquoi nous, une génération de militant-e-s, avons pris conscience de l’urgence climatique. Nous nous mobilisons pour forcer les États à agir, pour contraindre les entreprises à cesser leurs activités polluantes. Nous n’hésitons pas à entrer en désobéissance civile car l’enjeu est de taille : c’est probablement le plus grand défi de notre siècle. Et nous sommes prêt-e-s à le relever !